L’édito de Mgr de Sinety du 24 octobre 2019

« La loi s’applique à tous. Toute nouvelle loi portera sur la présence et la tolérance dans l’espace public du signe religieux. Que nous le voulions ou non, les restrictions prises pour les uns le seront pour les autres. ». À écouter cette semaine : “Encore le voile”, la chronique de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général, au micro de RCF.

Petit rappel : en 1989, des collégiennes de Creil refusent de retirer le foulard Islamique : ce sera le début d’une succession de lois autour de la licéité des signes religieux dans l’espace public. En 1990, Pierre Joxe, alors ministre de l’Intérieur, lance le Conseil de réflexion sur l’Islam de France, chargé de présenter des propositions pour l’organisation du culte musulman.

En 1999, JP Chevènement lancera une grande consultation qui aboutira en 2003 à la création du Conseil Français du Culte Musulman avec Nicolas Sarkozy.

2003, à la demande de Jacques Chirac, c’est aussi la mise en place de la commission présidée par Bernard Stasi sur la laïcité.

Au sujet du voile islamique, il y a quelque chose que nous devons avoir en tête : il est impossible qu’une loi ne concerne qu’un groupe précis de citoyens. Il serait illégal dans notre pays qu’un projet par exemple concerne les seuls habitants musulmans, ou juifs ou chrétiens. La loi s’applique à tous.

Toute nouvelle loi portera sur la présence et la tolérance dans l’espace public du signe religieux.

Que nous le voulions ou non, les restrictions prises pour les uns le seront pour les autres. On le voit ô combien : la mise en place de ces lois, va de pair avec une régression vertigineuse de la place du religieux dans la vie publique, les entreprises, partout... Le sujet est devenu tabou. Pire, il est désormais suspect. Plus aucune place dans les médias « profanes », plus aucun représentant invité dans les débats publics : les religieux ne sont plus montrés sinon pour être moqués.

Et la religion n’est plus mentionnée que de manière caricaturale. Ce qui est à redouter, c’est qu’en encourageant l’État à durcir le ton sur la question du foulard, nous nous laissions « corneriser » jusqu’à perdre toute visibilité.

Il est temps que les religions reprennent place dans le débat public avec intelligence et goût du débat.

Il est plus que temps aussi qu’aux jeunes filles qui coiffent un voile notre société propose d’autre idéal féminin que le corps dénudé. De même qu’il est urgent qu’aux jeunes gens qui rêvent de djihâd nous proposions un idéal de société autre que l’argent, le sexe et la gloire médiatique.

Ne soyons pas dupes des discours qui, prétextant le combat symbolique, imposent à notre société une réalité de plus en plus areligieuse.

Pour ma part, j’en suis convaincu : la seule arme qui nous assure et nous garantisse s’appelle l’Évangile. Parce qu’il est le texte qui a le plus façonné notre Histoire et influencé ce que d’aucuns appellent le récit national, il est la source où s’abreuver pour proposer aujourd’hui à notre société un avenir d’Espérance.

Chroniques de Mgr Benoist de Sinety sur RCF

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