L’Église veut accentuer ses actions en quartier populaire

Paris Notre-Dame du 4 juin 2015

Pour la 3e fois, le Collège des Bernardins accueillait samedi 30 mai le colloque « Évangélisation en monde populaire » piloté par les huit évêques d’Île-de-France et qui traitait du thème : « 8-30 ans, une traversée accompagnée par l’Église ».

Les acteurs du monde populaire, dont le rappeur Nino Bolangi, ont pu échanger à propos de leurs pratiques, de leurs difficultés et de leurs joies.
© Pierre-Denis Autric

Le grand amphithéâtre du vénérable Collège résonne du son du tambourin. « Je veux passer ma vie à te louer ! », chantent cinq garçons et filles au visage rayonnant. Les participants reprennent le refrain en chœur pendant que la salle se remplit d’environ 160 personnes de tous âges, laïcs ou consacrés. Après ce temps de prière soutenu par le groupe N’joy, la parole est donnée à François Le Clère, directeur du Valdocco (Val d’Oise), éducateur et doctorant en sciences de l’éducation. « Le premier droit des enfants, c’est celui de la cohérence des adultes », expose-t-il, avant de développer qu’à ses yeux, l’Église est une des rares institutions à prendre en charge la totalité de la personne à tous les âges de la vie, dans un monde où famille, école et cité sont des univers aux discours éclatés. De plus, « l’adulte a tendance à oublier l’infantile dans le pré-ado qui a besoin de sécurité. Responsabilisé trop tôt, laissé seul face aux grandes questions, il peut trouver dans l’Église des repères et des réponses à ses questions sur la mort, la vengeance, la trahison », estime-t-il.

Cinq tables rondes

À la fin de son intervention, les participants sont invités à rejoindre l’une des salles où doivent se dérouler cinq tables rondes autour de sujets comme « Catéchèse et transmission », « Interculturalisme », « Accompagner vers l’engagement social » ou encore « l’Église qui construit des personnes ». Dans l’amphithéâtre, une quarantaine de personnes se sont inscrites au groupe de travail intitulé « Jeunes chrétiens confrontés à l’islam ». Le P. Thierry de Lesquen, prêtre à Belleville, raconte comment il a pris conscience du besoin des jeunes d’avoir des outils vidéos, faciles d’accès, pour répondre aux populaires vidéos d’apologétique musulmane qui baignent la culture de banlieue. Gary, 23 ans, prend la parole à son tour. D’origine togolaise, il témoigne de la façon dont la confrontation avec l’islam l’a personnellement poussé à étudier sa foi. « L’islam était partout. Les musulmans cherchaient sans cesse le débat, mais je n’avais pas de réponse à leur donner. » Il a surtout trouvé dans l’Église des lieux comme les JMJ ou les pèlerinages, qui lui ont « ouvert les yeux » en lui faisant vivre une expérience spirituelle et en le sortant de son espace culturel et géographique. Les questions et les témoignages fusent dans la salle, dans une atmosphère apaisée. Dans les quatre autres groupes, la question de l’islam revient régulièrement. « Les événements de janvier ont servi de révélateur sur cette question, comme pour l’ensemble de la société française, alors que le catholicisme cherche aujourd’hui quel discours et quelle pratique mettre en œuvre envers l’islam », éclaire Pierre-Denis Autric, coordinateur de l’événement. L’heure tourne vite. Tous se retrouvent pour partager un verre avant d’écouter Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris, clore la journée. Le rappeur, Nino Bolangi, enfin, estimant que l’Église doit parler aux jeunes leur langage, improvise un morceau de rap chrétien, sous les applaudissements des participants. • Pauline Quillon

Intervention

Grandir : tirer sa force de sa faiblesse

Mgr Renauld de Dinechin a parlé de l’expérience des jeunes confrontés à leur propre faiblesse et aux dons de l’Esprit qui agissent dans le silence. « Or c’est réellement ainsi que Dieu agit et entraîne son disciple dans la croissance. L’influence de Dieu vient nous fortifier et nous comprenons mieux ce qui fait dire à saint Paul : “Quand je suis faible, c’est alors que je suis fort.” » Il a ainsi souligné que souvent « l’âme est troublée car elle ne sent rien de la saveur » des dons de Dieu, et que pourtant elle possède « le don de sagesse » reçu lors de la confirmation. « Le défi est réel pour l’adolescent, a-t-il ajouté. Il a besoin d’expérimenter qu’il est fort. Il a besoin de succès, de réussite. Et pourtant, ses échecs seront aussi le lieu de sa construction ».

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