L’Esprit de Pentecôte, « force créatrice »

Paris Notre-Dame du 10 mai 2018

Cinquante jours après Pâques, la Pentecôte célèbre la venue de l’Esprit saint, promis aux apôtres par le Christ, avant son Ascension. Comment actualiser sa manifestation dans nos vies ? Les réponses du P. Stanislas Lemerle, curé du St-Esprit (12e), paroisse qui célèbrera, le dimanche 20 mai, les 90 ans de la fondation de l’église.

Paris Notre-Dame – La Pentecôte n’est pas la première manifestation du Saint-Esprit dans l’Évangile. Comme se révèle-t-il particulièrement à ce moment-là ?

Le P. Stanislas Lemerle, curé du St-Esprit (12e).
© Céline Marcon

P. Stanislas Lemerle – L’Esprit Saint se révèle en effet tout au long de l’Écriture : dans le récit de la Genèse, comme un « souffle » (Gn 1, 1-2), ou comme une « ombre » dans celui de l’Annonciation. À la Pentecôte, il se révèle plutôt par un « violent coup de vent » et « des langues qu’on aurait dites de feu » (Ac 2, 1-11). Il manifeste ainsi sa force. C’est en effet l’Esprit qui permet aux Apôtres de sortir du Cénacle, où ils sont enfermés par peur de la persécution. C’est l’Esprit « défenseur », « de vérité », évoqué dans l’évangile du dimanche de Pentecôte (Jn 15, 26-27). En outre, l’Esprit Saint intervient comme élément fondateur de la communauté ecclésiale. On peut se représenter ici la peinture de Maurice Denis, dans le chœur de l’église du St-Esprit : l’Esprit descend sur les Apôtres, sur leurs successeurs, pères de l’Église, latine et grecque, sur les contemporains de la construction de notre église paroissiale (qui célèbrera le 20 mai ses 90 ans, NDLR), et finalement, sur l’assemblée réunie par l’eucharistie. L’Esprit de Dieu a agi et agit encore aujourd’hui sur l’Église, comme dans nos propres vies. Nous, chrétiens, croyons qu’il est une force créatrice, comme nous le soulignons en récitant le Credo : « L’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie » et comme le prêtre le proclame lors de la prière eucharistique : Dieu qui « sanctifie toutes choses, avec la puissance de l’Esprit Saint ».

P. N.-D. – La fête de Pentecôte intervient cinquante jours après Pâques. Quelle place a-t-elle dans ce temps liturgique donné ?

S. L. – Avant sa Passion et sa Résurrection, le Christ annonce aux douze apôtres la venue de l’Esprit Saint « qui rendra témoignage en (sa) faveur » (Jn 15, 26-27). Lors de son Ascension, fête que nous célébrons cette année le 10 mai, le Seigneur s’élève donc au ciel sur cette promesse. Les cinquante jours après Pâques sont, pour les Apôtres, un temps de préparation pour recevoir l’Esprit saint, un peu comme le catéchuménat qui prépare à la confirmation. Un temps pour intégrer l’événement de la Résurrection, que les apôtres ont bien du mal à comprendre. Et comme tous les temps liturgiques, ce temps nous centre sur un aspect de notre foi : la vie dans l’Esprit.

P. N.-D. – Justement, comment actualiser la Pentecôte dans nos vies ?

S. L. – Dans notre manière d’agir, en premier lieu. L’Esprit Saint agit par ses dons, que nous pouvons invoquer à maintes occasions, pour un juste discernement dans nos choix. Les fruits sont alors visibles, nous dit l’Écriture : « amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » (Ga 5, 16-25). Nos actions sont nourries par les sacrements si nous en vivons : eucharistie, baptême, confirmation... En célébrant la Pentecôte, nous « réactivons » en quelque sorte l’Esprit que nous avons reçu, un peu comme on souffle sur des braises qui s’éteignent si nous ne les ranimons pas.

Propos recueillis par Laurence Faure

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