« L’être humain est le point aveugle de la vie politique »

Paris Notre-Dame du 18 mai 2017

Directeur du Service pastoral d’études politiques (SPEP), aumônier des parlementaires et curé de Ste-Clotilde (7e), le P. Laurent Stalla-Bourdillon revient sur la campagne présidentielle. Un regard éclairant un mois avant les élections législatives.

Le P. Laurent Stalla-Bourdillon, directeur du Service pastoral d’études politiques (SPEP).
© Juan David Verdon

Paris Notre-Dame – Comment accueillez-vous l’élection d’Emmanuel Macron ?

P. Laurent Stalla-Bourdillon – Comme le résultat d’une vie politique terriblement chahutée ! Au soir du premier tour, la France s’est découverte fragmentée dans son désir de représentation politique. La première mission du nouveau président est donc le service de l’unité du pays, du bien commun, trop absent de la campagne.

P.N-D. – Qu’est-ce que cela dit de notre société ?

P.L.S.-B. – La pensée politique est en panne de réflexion sur l’unité du pays et sur son avenir. Elle doit affronter la grande tentation de l’individualisme qui fragilise notre société. Le vote est trop conçu comme une occasion où chacun essaie de tirer son épingle du jeu. Il s’en suit un déficit de la conscience républicaine, de l’appartenance nationale et du primat de la destinée commune.

P.N-D. – Y compris chez les catholiques ?

P.L.S.-B. – On imagine à tort l’uniformité du « vote catholique ». Les catholiques répartissent leur vote dans la diversité des propositions. Plus ils sont pratiquants et moins ils s’orientent vers les extrêmes. On a voulu faire croire qu’une prise de position de l’épiscopat aurait pu juguler les extrêmes et influer sur le vote des catholiques. C’est là, la logique des appareils politiques et non celle l’Église.

P.N-D. – Que répondez-vous à ceux qui ont fustigé le silence coupable de l’Église ?

P.L.S.-B. – Par quelle incohérence convoque-ton soudainement l’Église, alors qu’elle est systématiquement rejetée en d’autres circonstances ? Quand ses légitimes prises de positions dérangent sur tel ou tel sujet social ou moral, on brandit la laïcité. Mais quand elle refuse de prendre position dans le combat politique, on la dénonce ! C’est jouer avec le feu que de vouloir faire entrer les religions dans l’arène de la vie politique. L’Église ne donne pas de consigne de vote parce qu’elle distingue les ordres du politique et du spirituel. Elle n’a pas mission de donner une onction à un candidat s’il manque de légitimité. Si elle cédait à cette confusion, elle perdrait sa crédibilité dans sa mission spirituelle.

P.N-D. – À quelle mission les catholiques sont-ils appelés durant ce nouveau quinquennat ?

P.L.S.-B. – L’être humain, dans sa dimension spirituelle, est le point aveugle de la vie politique. Le redressement économique, social et culturel du pays passe par un préalable : sa renaissance spirituelle. Il revient aux catholiques de susciter cette réflexion.

Propos recueillis par Alexia Vidot

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