« La Croix glorieuse, c’est le mystère de l’amour »

Paris Notre-Dame du 21 septembre 2017

Quarante jours après la fête de la Transfiguration, nous avons célébré, le 14 septembre, la Croix glorieuse. Une fête encore méconnue alors qu’elle incarne la victoire de Dieu sur la mort. Explications avec le P. Stéphane Palaz, curé de N.-D. de la Croix (20e).

Le P. Stéphane Palaz est membre de la Fraternité missionnaire des prêtres pour la ville et curé de N.-D. de la Croix (20e).
© Isabelle Demangeat

Paris Notre-Dame – La Croix glorieuse, qu’est-ce que c’est ?

P. Stéphane Palaz – C’est le mystère de l’amour. C’est Dieu lui-même qui, par amour, a donné sa vie pour nous. C’est le Seigneur qui vient, aujourd’hui, nous rejoindre dans nos plus grandes souffrances, dans les abîmes de la douleur humaine, dans les nuits les plus profondes de l’humanité. C’est l’Emmanuel : Dieu avec nous ; Dieu avec moi dans mon cri, ma douleur, dans ce qui déchire mon âme, ce qui transperce mon corps, ce qui rend la vie invivable. La Croix glorieuse n’explique pas la souffrance. Elle la rend supportable. Parce que le plus insupportable est de souffrir sans se savoir aimé.

P. N.-D. – N’est-ce pas un peu doloriste ?

S. P. – Non, parce que le mystère pascal ne s’arrête pas à la Croix. Il débouche sur la Résurrection. On ne peut pas lire la Croix sans la Résurrection derrière. Cette croix, elle est glorieuse, aussi, parce que le Seigneur vient y détruire la mort. C’est ce que chantaient les Pères de l’Église : « Il a tué la mort ». Il n’y a rien qui pouvait résister au désir du Seigneur d’aller rejoindre sa créature jusque dans cette mort, qui lui est pourtant le parfait opposé, pour la sauver. Et cela nous pouvons, nous devons, aujourd’hui le regarder, le contempler.

P. N.-D. – Mais il est parfois compliqué d’arriver à le regarder alors qu’on peut être englué par la souffrance…

S. P. – Bien sûr. Mais même dans ce moment où on ne voit pas, on est vu et on est rejoint par lui. Certes, toutes les souffrances et les croix ne sont pas identiques. C’est mystérieux. Mais nous souffrirons tous. Et comme nous souffrons, le Seigneur veut être à nos côtés dans l’épreuve pour ouvrir un chemin. La souffrance n’est plus alors le lieu de la solitude. Elle devient le lieu de la communion, de sa communion avec moi, qui peut devenir celle de ma communion avec lui et tous ceux qui souffrent.

P. N.-D. – Mais pourquoi a-t-il choisi d’accompagner la souffrance et non de la supprimer ?

S. P. – Il la supprimera en l’ayant accompagnée. Mais elle sera supprimée. C’est toute la Révélation : ce calvaire aura une fin. La question est alors : « Pourquoi ne l’a-t-il pas supprimée directement ? » Je ne sais pas. Peut-être qu’au bout du compte, le Seigneur manifestera davantage sa gloire quand il manifestera davantage la nôtre ? Car ce sera la joie du Père de manifester, un jour, ce qu’on aura été capable de faire, à quel point on aura été capable d’aimer. D’aimer dans la souffrance. La mienne quand je l’endure ; celle de l’autre, quand je l’aime blessé et souffrant.

Et, au pied de la croix, il y a Marie. Marie, Notre- Dame des Sept Douleurs, que nous fêtons le lendemain, 15 septembre. En elle, on voit désormais que l’humanité, simplement humaine, est capable, aussi, de cet amour absolu. La greffe a pris.

Propos recueillis par Isabelle Demangeat

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