La fécondité de l’amour

Paris Notre-Dame du 3 février 2011

La parole du P. Jacques de Longeaux.

La bénédiction de la fécondité

P. Jacques de Longeaux, moraliste, responsable du Pôle de recherche Education au Collège des Bernardins, directeur de la Maison St-Augustin.
© Paris Notre-Dame

En créant l’être humain, Dieu a voulu que sa vie sur terre soit féconde. Avons-nous assez remarqué que la première parole que Dieu adresse à l’homme et à la femme ensemble est une parole de bénédiction (Gn 1, 28) ? La bénédiction de la fécondité demeure au-delà de la brisure du péché. L’histoire humaine commence par l’exultation d’Ève à la naissance de son premier fils (Gn 4, 1). Elle s’écrit comme la succession des générations (Gn 5, 1 s).
Elle porte son plus beau fruit dans la personne du Messie qui sauve l’humanité du péché et de la mort (cf. Ps 45, 3).

Pour le psalmiste, l’époux et l’épouse entourés d’une couronne d’enfants sont l’image de la bénédiction divine (Ps 128). A l’inverse, chez les prophètes, le malheur de la femme sans enfant est une figure de la désolation de Jérusalem privée de ses habitants partis en exil (Is 54, 1 ; 62, 4). Mais la fécondité de la vie humaine ne
se mesure pas seulement au nombre d’enfants. La bénédiction d’Abraham indique une fécondité qui dépasse la mesure d’une descendance seulement charnelle : elle est innombrable comme les étoiles du ciel (Gn 15,2-6 ; 22,17). Sur le mont Morriya, Abraham accepte d’être dépossédé de son enfant pour le recevoir en vérité comme fils (Gn 22, 1-14). La foi est la vraie source de la fécondité d’une existence humaine. Les fils d’Abraham sont tous ceux qui croient en Dieu : « par ta postérité se béniront toutes les nations de la terre »
(Gn 22, 18).

« Si le grain de blé… »

Les images de fécondité, tirées de l’observation de la nature, sont nombreuses dans les paraboles évangéliques. La générosité de la nature – un grain de blé semé en terre en produit trente, soixante ou cent (cf. Mc 4, 8) – est un don de Dieu. Elle est le signe de la fécondité de la Parole chez celui qui l’accueille, qui l’écoute et qui la met en pratique (Mc 4, 13-20). La Parole portée par le souffle de l’Esprit est une puissance de vie destinée à porter un fruit abondant. Le Christ est lui-même le grain qui meurt et qui porte beaucoup de fruit (Jn 12, 24) parce qu’il a aimé jusqu’au bout (Jn 13, 1). Il nous révèle la fécondité du don. La part de nous-mêmes qui reste repliée sur soi, exclusivement soucieuse de soi, est stérile, elle n’échappe pas à la mort. La part de nous-mêmes qui s’ouvre et se donne à l’autre est source de vie.

Il est toujours possible d’aimer

Dieu nous a créés pour que notre vie porte du fruit – un fruit abondant. Chacun a le devoir de faire croître les talents qui lui ont été confiés (Mt 25,14-30). Pour les époux, la première fécondité de leur mariage est leurs enfants. Nous savons que rien ne les remplace. Mais la vie conjugale comporte d’autres fécondités, à commencer par le couple lui-même. C’est pourquoi un mariage sans enfant n’est pas « stérile ». L’amour véritable est toujours fécond.

La vraie fécondité d’une vie est le secret de Dieu. Elle ne se mesure ni au nombre d’enfants, ni à la richesse, ni au pouvoir, mais à son poids d’amour. La vie consacrée en est le témoignage. Pensons aussi aux personnes handicapées, ou bien aux personnes du très grand âge. Nulle vie n’est inutile ou stérile. Les plus pauvres aux yeux du monde sont souvent ceux qui savent le mieux aimer comme le Christ nous a aimés. Nous croyons que leur vie est d’une
grande fécondité. • P. Jacques de Longeaux

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