La mission et l’Église, facultatives ?

Paris Notre-Dame du 11 avril 2019

C’est le thème de la dernière conférence de Carême, donnée le dimanche 14 avril à 16h30, à Notre-Dame de Paris. À travers cet enseignement, le conférencier, le P. Guillaume de Menthière, évoquera la mission. Nous avons demandé à Jérémie, 33 ans, catéchumène, de réagir à cette « nécessité » évangélique.

Des jeunes discutent sur le parvis de l’église St-Sulpice (6e), lors de la 4e édition du Congrès Mission.
© Corinne SIMON/CIRIC

Paris Notre-Dame – Dès que les pèlerins d’Emmaüs comprennent que le Christ ressuscité leur est apparu, ils font demi-tour pour aller l’annoncer. Avez-vous le même élan de mission depuis votre conversion ?

Jérémie – Cela ne m’est pas apparu évident dès mon entrée en catéchuménat il y a deux ans et demi, mais aujourd’hui, oui, c’est naturel. Durant plus de trente ans, j’ai vécu en athée convaincu. Ma conversion est due à un fort appel intérieur qui m’a fait pousser, il y a deux ans et demi, la porte de l’église St-Ambroise (11e). Cela me semble essentiel de respecter chacun dans sa (non-) croyance. Au départ, vivant ma conversion de manière très personnelle, je trouvais difficile de la partager. Mais au fil du catéchuménat, ma vision de la mission a évolué, et pas seulement envers les non-croyants. Comment vit-on notre foi ensemble, en Église ? C’est une question qui m’a beaucoup animé. La question de la transmission de la foi, aussi, le jour où j’aurai des enfants : devrai-je les laisser libres de choisir ? Désormais, c’est devenu une conviction : le sacrement ne restreint jamais notre liberté.

P. N.-D. – Comment transmettre sa foi dans une société laïque et méfiante de tout prosélytisme ?

J. – C’est vrai que le terme d’évangélisation peut être mal interprété. Il ne s’agit pas – en tout cas pour moi ! – d’haranguer les foules, mais de sortir de l’image de « boîte fermée » que peut donner l’Église parfois. Au travail, j’ai un grand plaisir à partager simplement ce que je vis, sans jamais rien imposer bien sûr. Je dis à « untel » que je prie pour lui ; je parle de mes prochains baptême et mariage... Si on ne discute pas de religion mais que l’on parle et que l’on agit comme des chrétiens, cela change tout. Notre foi nous rend vivants, c’est pour cela qu’elle se partage ­naturellement, à travers l’amour, la bienveillance, le pardon auxquels nous sommes appelés. Ces valeurs sont si importantes pour le monde aujourd’hui ; et selon moi, difficiles à vivre sans la grâce de la vie de l’Église.

P. N.- D – Quel message essentiel souhaiteriez-vous faire passer avant tout à quelqu’un qui ne croit pas ?

J. – Je lui dirais si possible, de casser ses préjugés ou l’image écornée qu’il peut avoir de l’Église ; d’ouvrir son cœur pour y laisser passer une petite lumière, en poussant la porte d’une église, en se plongeant dans une page de l’Écriture, dans une prière. Et ainsi, de se laisser porter. L’expérience de fraternité communautaire, vécue au sein d’une paroisse, est aussi quelque chose à vivre de l’intérieur. C’est unique.

Propos recueillis par Laurence Faure

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