La nouvelle vocation des « grands-pères caté »

Paris Notre-Dame du 15 novembre 2018

Le cliché de la « dame caté » a du plomb dans l’aile. Depuis quelques années, de nouveaux profils s’investissent dans la transmission de la foi aux plus jeunes. Reportage au lycée Blomet, dans le 15e arrondissement de Paris.

Jacques face aux élèves de seconde du lycée Blomet (15e).
© Violaine des Courières

Jacques, 68 ans, n’oubliera jamais ce jour où, en 2010, lors d’une préparation à la confirmation, il demanda à des jeunes de troisième de citer les sept sacrements : « Parmi les réponses, j’ai entendu “le divorce”. » Une douche froide pour ce grand-père et ancien vétérinaire. D’autant plus que les semaines suivant cet épisode confirmèrent son intuition : « Je leur demandais de réciter le Notre Père, beaucoup n’en connaissaient pas un mot. J’ai réalisé la profondeur de l’indigence de la jeune génération sur les fondamentaux de l’Église », raconte l’homme qui, petit, apprenait son catéchisme par cœur. Depuis 2010, Jacques a rejoint les « hommes catéchistes », un mouvement fondé en 1975, rassemblant une trentaine de grands-pères et toujours à l’affût de nouvelles recrues.

Quand la sonnerie du début des cours retentit, chaque jeudi, Jacques monte sur l’estrade face à seize élèves de seconde du lycée Blomet, dans le 15e arrondissement de Paris. Il impose le respect par sa douceur. En ce 8 novembre, comme à chaque fois, il fait l’appel en faisant attention à n’écorcher aucun nom. Puis, subtilement, il entraîne ses jeunes à participer. Si ces derniers se trompent, il les encourage, les reprend puis les remercie. Ce matin, son sujet est la sainteté. Il parle de saint Paul, s’arrête un instant et cite Asia Bibi, cette mère de famille pakistanaise tout juste libérée de prison. « Oui, j’ai vu ça à la télévision ! », lance un adolescent qui, jusque là, ne participait pas. Les seize élèves de seconde, eux, nous confient être avides de « connaître le témoignage » de leur grand-père catéchiste. Tous ont applaudi, admiratifs, lorsqu’en début d’année, Jacques s’est présenté : « Bonjour, j’ai 68 ans, je suis marié, j’ai des enfants et des petits-enfants. » Depuis, le retraité distille toujours dans ses cours quelques anecdotes personnelles. Son confrère, Yves, est aussi régulièrement amené à se livrer. « Monsieur, pouvez-vous nous parler de votre conversion ? », lui demandent souvent les adolescents. Que les retraités des « hommes catéchistes » aient une expérience professionnelle et familiale a du poids. « Même s’ils n’en ont pas conscience tout de suite, les adolescents sont marqués par cette figure masculine qui fait le caté. Cela leur montre que le Christ touche autant les hommes que les femmes », ajoute le P. Bruno de Mas Latrie, le prêtre référent du lycée.

À la fin du cours de Jacques, les seize adolescents n’ont que le mot « liberté » à la bouche – cela tombe bien, le thème de l’année choisi par Jacques, c’est « la foi et la raison ». « Ce n’est pas comme l’éducation civique où on apprend les lois. Ici, on peut dire ce qu’on pense », disent-ils tous de concert. Même ceux qui ont peu de bases sur les fondamentaux de l’Église semblent attirés par la dimension personnelle d’une relation avec le Christ. Faire un cours magistral tout en laissant chacun s’exprimer, tel est le défi, relevé, de ces hommes catéchistes.

Violaine des Courières

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