La paix, un vœu pieux pour 2018 ?

Paris Notre-Dame du 4 janvier 2018

L’Église prie pour la paix dans le monde chaque 1er janvier. Alors que les coptes d’Égypte sont à nouveau frappés par un attentat au Caire, et que l’Unicef s’alarme des violences faites aux enfants au cœur des conflits de ce monde, peut-on encore espérer la paix ? Éléments de réponse avec Valérie Régnier, présidente de la Communauté de Sant’Egidio en France.

Valérie Régnier, au palais de l’Élysée le 14 mars 2017, à l’occasion de la signature d’un protocole d’accord d’ouverture de couloirs humanitaires pour l’accueil de réfugiés syriens et irakiens.
© Bureau de communication de l’Élysée

Paris Notre-Dame – La Journée mondiale de prière pour la paix est célébrée par l’Église chaque 1er janvier depuis 1968. N’est-ce pas un vœu pieux face aux conflits actuels ?

Valérie Régnier – Au contraire, nos besoins de paix sont d’autant plus croissants. Le constat de la Communauté de Sant’Egidio est clair : la guerre et la pauvreté sont intimement liées. Prier et œuvrer pour la paix, c’est favoriser l’éradication de la pauvreté et la construction, parfois laborieuse, de liens solidaires, à commencer par notre environnement immédiat. C’est la réponse que nous, chrétiens, devons donner face aux situations de conflit dans le monde. Prier n’est pas symbolique, c’est un acte en soi ! La prière questionne nos attitudes. Nous avons besoin de recueillement pour mieux agir dans nos quartiers sensibles, pour réussir à les rendre plus humains, plus aimables.

P. N.-D. – Le pape François a placé cette Journée mondiale sous le signe des migrants. Quel sens donnez-vous à son appel ?

V. R. – Paix et migrations sont totalement liées. Les flux denses auxquels nous faisons face en Europe ne vont pas s’arrêter demain. Le pape nous invite ainsi à trouver des réponses réalistes face à ce phénomène. Quand un être humain ne peut pas avoir accès aux droits élémentaires de travail, de logement, d’instruction, où qu’il soit, comment peut-on vivre en paix ? La solution ne consiste pas à ranger les migrants entre « bons » et « mauvais ». Il y a urgence à réfléchir et à donner une réponse humaine. Dans son message, le pape François rappelle qu’il y a aujourd’hui « 250 millions de migrants dans le monde, dont 22 millions et demi de réfugiés ». Qu’est-ce que l’on fait de cette réalité ? À chacun de le discerner à la lumière de l’Évangile, de sa prière, de ses relations humaines. Objectif : engendrer un climat de travail. La voix du pape est capitale. Il parle en connaissance de cause : Buenos Aires (Argentine), capitale dans laquelle il a longtemps agi, concentre toutes ces problématiques et bien d’autres encore. Essayer de vivre les choses de manière concrète permet d’éradiquer nos peurs et nos fantasmes. Personne ne cherche à dire « venez ! » à tous les réfugiés, sans discernement. Mais nous sommes tous capables de participer à un projet de société réaliste et humain.

Par exemple, la Communauté de Sant’Egidio a initié l’ouverture de couloirs humanitaires en signant un protocole d’accord en mars 2017 avec le ministère de l’Intérieur, celui des Affaires étrangères, l’Entraide protestante, la Conférence des évêques de France et le Secours catholique. À terme, 500 Syriens et Irakiens, réfugiés dans des camps au Liban, seront accueillis en France sur 18 mois, jusqu’à la fin de l’année 2018, en partenariat avec Air France. L’accueil et l’intégration de ces personnes sont préparés longtemps en amont. Les paroisses, les communautés, mais aussi les élus, des instituteurs et commerçants de la ville ou du village qui accueille, sont intégrés au processus. Récemment, un village du Haut-Doubs a accueilli une réfugiée syrienne et son fils de 5 ans. « S’il reste dans ce camp de réfugiés toute sa jeunesse, avait-elle plaidé, mon enfant deviendra quelqu’un de violent. »

Propos recueillis par Laurence Faure

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