La place des catholiques dans les hôpitaux publics

Paris Notre-Dame du 2 février 2012

Parole d’Église de Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire.

Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire.
© Rémi Pothier

P. N.-D. - Lors de la dernière réunion de l’instance de dialogue entre l’Église et le gouvernement, le sujet des aumôneries hospitalières a été abordé. De quoi a t-il été question ?

Mgr Renauld de Dinechin – Une fois par an, le cardinal André Vingt-Trois rencontre des membres du gouvernement, dont le Premier ministre. En parlant des aumôneries d’hôpitaux, ils ont abordé un des seuls lieux dans la société française où l’Église soit présente de manière institutionnelle [1]. Mgr Vingt-Trois a pris acte de la mise en place d’un responsable des relations avec les cultes dans les Agences régionales de santé. Il a appuyé deux de nos conditions d’exercice de la mission : l’information des patients dès leur admission à l’hôpital, et la capacité d’avoir des lieux de prière clairement identifiés.

P. N.-D. - Comment l’Église se positionne-t-elle par rapport aux aumôneries hospitalières des différentes religions ?

Mgr Renauld de Dinechin – L’aumônerie catholique ne demande pas de privilège ou de traitement de faveur, mais se bat pour la reconnaissance de son identité. Et cela selon ses propres critères, tout en étant dans le cadre du droit français. Ce qui est nouveau, c’est la recomposition multiconfessionnelle. Musulmans, juifs, protestants souhaitent accompagner leurs malades. Cela bouscule l’institution hospitalière qui ne connaissait, jusqu’à récemment, que l’interlocuteur catholique. Nous sommes précisément à l’étape où chacun apprend à prendre sa place dans le dialogue des différentes religions. Notre très forte motivation vient de notre conviction que les catholiques y ont une place irremplaçable. À de multiples reprises, Benoît XVI donne des repères sur ce dialogue avec nos partenaires dans la société.

P. N.-D. - Quels sont les vœux de l’Église au sujet de ces aumôneries ?

Mgr Renauld de Dinechin - D’abord un vœu que les hôpitaux garantissent à l’aumônerie catholique de pouvoir visiter les malades et leur porter les sacrements du salut. Avec cela, un vœu que l’aumônerie soit un interlocuteur de confiance auprès des médecins et infirmières qui portent de lourdes décisions éthiques. Mais mon vœu concerne plus fondamentalement la communauté catholique. L’Église existe pour évangéliser. C’est sa grâce, son identité. Autrefois, l’Église était présente auprès des malades à travers les Filles de la Charité. Aujourd’hui, c’est une nouvelle posture pour les catholiques : minoritaires à l’hôpital, ils n’en sont pas moins attendus pour la sagesse qu’ils apportent. Que veut dire évangéliser lorsqu’on est auprès d’un malade ? Souvent, c’est se tenir dans une présence silencieuse et priante. Le chrétien sait quand est venu le moment de prononcer le nom de Jésus pour accompagner celui qui souffre. Un dernier vœu enfin : lorsqu’un catholique tombe malade, soit à l’hôpital, soit chez lui, qu’il ose demander l’eucharistie ! Trop de catholiques se sont nourris de l’eucharistie lorsqu’ils étaient en bonne santé, et n’osent pas faire appel quand ils tombent malades de peur de déranger.Or, dès l’origine, l’eucharistie est portée aux malades. C’est la grâce de l’Église et sa force intérieure ! • Propos recueillis par Ariane Rollier

[1Dans une situation analogue, nous retrouvons les aumôneries militaires et les aumôneries de prison.

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