La synodalité de l’Église, au Centre Sèvres

26eme colloque des Recherches de science religieuse – 8/10 novembre 2018

Document préliminaire

« Tel qu’il est formulé ici, le titre prend position dans un débat déjà ancien (suscité par les travaux historiques, entrepris aux alentours du concile Vatican II), débat qui, en 1961, a opposé un Hans Küng et un Joseph Ratzinger. Le premier établit un rapport intrinsèque entre « l’Église comme concile œcuménique convoqué par Dieu » et « le concile œcuménique convoqué par les « hommes comme représentation du concile œcuménique convoqué par Dieu ». Le second conteste cette équivalence : « Le Concile ne s’appelle pas ekklesia, il s’appelle synedrion ; il ne représente pas l’Église, il n’est pas l’Église comme l’est au contraire toute célébration eucharistique, il n’est dans l’Église qu’un service particulier ».

1. Tel qu’il est formulé ici, le titre prend position dans un débat déjà ancien (suscité par les travaux historiques, entrepris aux alentours du concile Vatican II), débat qui, en 1961, a opposé un Hans Küng et un Joseph Ratzinger. Le premier établit un rapport intrinsèque entre « l’Église comme concile œcuménique convoqué par Dieu » et « le concile œcuménique convoqué par les hommes comme représentation du concile œcuménique convoqué par Dieu ». Le second conteste cette équivalence : « Le Concile ne s’appelle pas ekklesia, il s’appelle synedrion ; il ne représente pas l’Église, il n’est pas l’Église comme l’est au contraire toute célébration eucharistique, il n’est dans l’Église qu’un service particulier ».

Le concept de « synodalité » est évidemment plus large que celui de « conciliarité », car il implique tous les niveaux de l’Église. Mais une même alternative se pose ici : faut-il parler de « la synodalité de l’Église » ou seulement de la « synodalité dans l’Église » ? Pour des raisons qui s’éclaireront dans la suite, on propose que le titre du numéro et du colloque adopte d’emblée –peut-être de manière un peu provocante- la thèse « plus fort » : la synodalité de l’Église.

2. Cette thématique se situe au croisement de plusieurs vecteurs actuels : - La problématique œcuménique : les traditions orthodoxes, romaines et luthéro-reformées diffèrent profondément dans leur approche de la synodalité mais peuvent aussi s’interroger et peut-être se féconder mutuellement. – Des travaux historiques de grande envergure (animés en partie par l’Istituto per science religiose de Bologna) ont conduit à une nouvelle édition des Conciliorum oecumenicorum generalliumque Decreta (COGD) qui réunit les textes synodaux de ces différentes traditions en six volumes. – S’ajoutent à cela d’innombrables travaux historiques sur toutes les périodes de l’histoire synodale du christianisme. – L’intérêt pour ces travaux vient en partie du questionnement actuel de la philosophie politique qui s’interroge (d’ailleurs depuis le XIVème siècle) sur le problème de la « représentation » de nos corps sociaux, plus particulièrement dans nos sociétés occidentales, en voie de sécularisation et de démocratisation progressive mais menacées aussi par ce que les cercles de l’extrême droite appellent « fatigue démocratique ». Ainsi le « pragmatisme communicationnel » (Habermas, Appel, etc.) discute-t-il aujourd’hui les problèmes du « consensus » social et politique, de la manière d’y accéder, de poser éventuellement le problème de la vérité, etc. Toutes sortes d’études et d’interrogations qui continuent à aborder les traditions synodales du christianisme, non pas sous l’angle dogmatique ou disciplinaire mais en s’intéressant à leur fonctionnement politique et communicationnel. –S’ajoute à cela la conjoncture actuelle du catholicisme : le pape François a mis la synodalité de l’Église (avec le sensus fidei fidelium) sur le devant de la scène, la considérant comme une réponse à un contgexte mondial et local caractérisé par lui comme étant « prolyédrique » et soumis à une autre gestion du temps.

3. L’enjeu ecclésiologique qui résulte de ces différents paramètres peut se formuler comme suit :
La synodalité est-elle l’expression d’une écclésiologie universaliste et une manière d’honorer le programme de la collégialité de l’épiscopat universel ? Ou bien est-elle la réalisation –constitutive et structurelle – d’une Église qui, partant des Église s locales, se comprend elle-même comme corpus ecclesiarum ?

Cette question qui, depuis Vatican II, fait l’objet du débat œcuménique et de la dispute intra-catholique est devenue si complexe et difficile aujourd’hui parce que les traditions(orthodoxes, romaines et luthéro-réformées) ne se distinguent pas seulement sur un plan doctrinal (on n’a cessé en effet de « théologiser » le fonctionnement des institutions ecclésiales) mais représentent des « cultures » différentes : il y a une culture synodale authentique en protestantisme ; dans le catholicisme, elle est plutôt paralysée par une certaines sacralisation des médiations, etc.
En tous cas, on ne peut envisager aujourd’hui le passage à une « synodalité de l’Église » que si on la met en œuvre à tous les niveaux de l’Église : local, diocésain, provincial, universel… ; ce qui représente, pour le catholicisme, une mutation culturelle déjà en route mais en même temps exposée à des fatigues, des érosions et des reculs.

L‘enjeu du numéro préparatoire devra être de combiner ces deux versants ecclésiologique et culturel d’un même questionnement et d’ouvrir des pistes concrètes d’avenir, à la fois œcuméniques, théologiques et pastorales. Pour cela, il faudra veiller à ce qu’il y ait des auteurs issus de nos différentes traditions.

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