« Le pape Benoît XVI s’inscrit dans ce que Jean-Paul II a engagé »

Paris Notre-Dame du 21 mai 2009

Les interventions de Benoît XVI en Terre Sainte ont fait l’objet d’interprétations multiples. Que faut-il vraiment retenir de sa rencontre avec le judaïsme ?

Peut-on faire un premier bilan du voyage de Benoît XVI en Terre Sainte concernant les relations avec les juifs ?

P. Jean-Claude Bardin, responsable à Paris du Service des relations avec le judaïsme.
© D. R.

P. Jean-Claude Bardin – En observant le pape Benoît XVI à Yad Vashem, au Mur occidental et avec les deux grands rabbins de Jérusalem, on constate que ses gestes sont moins spectaculaires que ceux du pape Jean-Paul II. Jean-Paul II avait posé des actes fondateurs, Benoît XVI s’inscrit humblement dans ce que Jean-Paul II a engagé, en approfondissant le dialogue. Lorsque Jean-Paul II est allé en Terre Sainte, les échanges avec les rabbins avaient été brefs. Lors de ce voyage, ils ont été plus développés. En 2000, au Mur occidental, Jean-Paul II avait demandé pardon au peuple juif. Benoît XVI a glissé une prière dans les interstices du Mur, une prière pour la paix. Elle n’en est pas moins importante. On lui reproche de ne pas avoir demandé pardon. Mais Jean-Paul II l’avait déjà fait, de façon claire et solennelle. Il s’agit maintenant d’avancer.

La visite à Yad Vashem a déçu certains : Benoît XVI a été jugé frileux...

J.-Cl. B. – Certains auraient en effet souhaité que Benoît XVI parle plus clairement de la responsabilité allemande. Mais à quel titre pouvait-il le faire ? Il est allemand mais ne peut pas s’exprimer à la place des responsables allemands. Je crois qu’il a voulu élever le débat. Cela ne veut pas dire qu’il méconnaît la réalité historique. J’ajoute que Yad Vashem est le premier lieu où Benoît XVI s’est rendu en Israël. Si on cherche un signe, il est peut-être là : Benoît XVI manifeste que l’Église est irréversiblement en­gagée dans le dialogue. De leur côté, les responsables juifs ont bien compris que Benoît XVI était sur la trace de Jean-Paul II.

Où en est aujourd’hui le dialogue entre l’Église et les juifs ?

J.-Cl. B. – Au fil des années, responsables juifs et catholiques ont noué des liens de confiance. L’affaire Williamson a pu montrer la profondeur de ces liens. Cette affaire a même, paradoxalement, renforcé ces liens. Le voyage en Terre Sainte est arrivé à point nommé, après une crise difficile.

Quels sont les points sur lesquels juifs et catholiques ont encore à se pencher ?

J.-Cl. B. – Il y a des points de litiges historiques comme l’attitude de Pie XII à l’égard des Juifs durant la seconde guerre mondiale, des questions théologiques comme l’articulation des missions de l’Église et du peuple juif dans le dessein de Dieu, comment être ensemble témoins de Dieu dans le monde présent, quelle responsabilité éthique à l’égard de tous les hommes (antisémitisme, respect de le vie humaine, dignité et sainteté du ma­riage…). Mais, de manière générale, nous allons dans le sens d’un approfondissement de nos relations et ce voyage portera certainement du fruit à long terme.

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