Lettre de rentrée de Mgr Michel Aupetit aux prêtres, diacres, salariés et bénévoles du diocèse de Paris

3 septembre 2018

Paris, le 3 septembre 2018

Chers frères et sœurs, chers amis,

Voici bientôt neuf mois que je suis installé comme archevêque de Paris. C’est le temps d’une gestation. C’est surtout le temps de l’observation admirative de tous ceux qui, dans ce diocèse, portent la si belle mission de faire connaître le Christ et de permettre à leurs frères de vivre de son Évangile. Je profite de cette lettre pour remercier Mgrs Jérôme Beau et Éric de Moulins-Beaufort de leur indéfectible et précieux dévouement pour notre diocèse. J’ai appelé les Pères Alexis Leproux et Philippe Marsset comme vicaires généraux à compter du 3 septembre 2018. Le Père Marsset restera, en outre, curé de Notre-Dame de Clignancourt jusqu’au 31 décembre. J’ai conscience du réel sacrifice que je demande aux paroisses dont ils étaient curés et je les remercie en les assurant de toute mon attention afin de leur permettre de continuer à vivre leur belle mission.

Le P. Alexis Leproux sera chargé du vicariat Centre et de l’ensemble du pôle formations : Maison Saint-Augustin, Séminaire de Paris, Collège des Bernardins, Faculté Notre-Dame, École cathédrale,…. Ainsi que la formation permanente des prêtres. Le P. Philippe Marsset sera chargé du vicariat Sud-Ouest au départ de Mgr de Moulins-Beaufort. Il reprendra le suivi des prêtres âgés et la Maison Marie-Thérèse. La répartition complète des attributions des vicaires généraux sera précisée fin octobre.

L’élan dynamique et décidé du cardinal Jean-Marie Lustiger porte toujours beaucoup de fruits, et de nombreux diocèses ont repris ses lumineuses intuitions. La sagesse et le souci de l’unité dans la paix de son successeur, le cardinal André Vingt-Trois, ont permis de pérenniser et de fortifier cet ensemble dans une optique missionnaire.

Après avoir interrogé les différents acteurs pastoraux du diocèse, il est apparu que cet élan missionnaire devait continuer et trouver de nouvelles voies pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde vers lequel nous sommes envoyés, les sociologues l’appellent « liquide ». Les relations humaines sont fluctuantes et on demande une adaptabilité permanente aux citoyens dans leur travail et dans leur manière de vivre. Aussi, j’ai demandé au Père Étienne Grenet de créer un pôle missionnaire, avec une équipe de son choix, pour recenser toutes les initiatives existantes dans les paroisses, dans les mouvements et ailleurs, être un lieu de ressources pour les paroisses qui souhaiteraient lancer des missions et auraient besoin d’être accompagnées. Cette équipe explorera de nouvelles voies et pourra enrichir le diocèse par sa créativité missionnaire. 

Nous avons encore la chance d’avoir un nombre conséquent de prêtres qui nous vaut de pouvoir soutenir d’autres diocèses plus en difficulté. Chaque année, des prêtres de Paris se rendent généreusement disponibles pour ces missions, soit par la FMPV, soit par d’autres initiatives ou appels épiscopaux. Nous avons d’autant plus à réfléchir à la manière de travailler avec les fidèles laïcs qui s’engagent eux aussi au service de l’Église et à l’harmonieuse articulation des différents ministères. Aussi nous faut-il resituer plus justement la place des laïcs en mission ecclésiale (LME) afin qu’ils puissent accueillir leur charge pastorale en assumant de vraies responsabilités et en sachant aussi rendre compte de leur mission. Il nous faudra donc définir ce qui correspond exactement à cette responsabilité transversale reçue de l’évêque et en assurer le suivi au niveau diocésain par la création d’une instance spécifique.

Les diacres sont une grâce pour notre Église. Ils assurent courageusement et généreusement bien des charges pastorales, dans les paroisses, pour le diocèse et dans les différents secteurs pastoraux de la solidarité, de la santé et de l’éducation. Le ministère de la charité exercé dans le cadre d’une ordination qui les configure au Christ serviteur, s’exerce souvent conjointement à une profession prenante. Leur service de l’Église contribue à nourrir leur engagement premier pour leur famille. Qu’ils soient remerciés ainsi que leurs épouses et leurs enfants. Il est important que les diacres puissent avoir une vie d’équipe en petites fraternités que l’on pourra instituer de manière systématique. À partir de l’étude menée par Arnauld du Moulin de Labarthète, diacre attaché à la paroisse Saint-Roch, j’ai demandé à son confrère Olivier Rossignol de les accompagner de manière suivie. Je remercie également le Père Jean-Christophe Vinot pour son travail précieux d’accompagnement et de discernement.

Dans un monde qui se transforme, il faut noter aussi les évolutions majeures qui se produisent ou qui se produiront bientôt, en particulier dans le domaine de la santé. Notre présence millénaire auprès des malades devra sans doute s’adapter très vite au changement des pratiques médicales. Les aumôneries d’hôpitaux font un travail remarquable qui devra sans doute être complété par une nouvelle voie d’accompagnement. Les hospitalisations sont moins nombreuses et plus courtes avec une augmentation des interventions en ambulatoire. Les patients seront de plus en plus amenés à recevoir des soins à domicile. Aussi, j’ai demandé au Père Guillaume Seguin d’explorer de nouvelles propositions d’une présence de l’Église, au travers des paroisses et des mouvements, afin qu’elle puisse être toujours considérée comme un partenaire crédible dans l’accompagnement des malades, des personnes âgées, des aidants familiaux et des personnes en fin de vie. Quelques beaux projets ont déjà vu le jour, souvent initiés par des chrétiens attentifs aux grâces reçues à leur baptême. Là encore, le travail avec les professionnels de santé devra être humble et novateur.

Une vocation nouvelle et pleine de promesses se développe chaque année davantage : les vierges consacrées. Elles sont attachées directement au diocèse et dépendent de l’évêque entre les mains duquel elles ont remis leur vie au Seigneur. Il convient donc qu’elles soient accompagnées par l’évêque lui-même ou par un de ses vicaires généraux. J’ai demandé à une petite équipe autour de Bernadette Mélois de réfléchir aux différentes questions et propositions pastorales ou personnelles que font émerger ces personnes consacrées. Leur place dans la vie des paroisses et du diocèse ainsi que la responsabilité de celui-ci doivent être réfléchies à nouveaux frais. Le Père Jérôme Angot qui les suivait jusqu’alors les accompagnera dans leur réflexion.

Le monde médiatique a pris une importance majeure dans notre société, en particulier dans la formation de l’opinion. Le danger serait que l’Église le considère avec méfiance alors que ce monde peut nous offrir des moyens inédits de compréhension de la foi chrétienne. Aussi, j’ai demandé au Père Laurent Stalla Bourdillon de créer un service chargé des relations avec les médias à l’image de celui qui existe pour le monde politique (SPEP) et dont le nom sera Service pour les Professionnels de l’Information (SPI). Ce service permettra de réfléchir à la transmission du contenu de l’information vers les relais d’opinion et les medias.

La formation est un des points forts du diocèse de Paris. Nous disposons avec le Collège des Bernardins d’un outil magnifique qui fait se rencontrer la foi, la raison, la culture et la société dans laquelle nous vivons. C’est un lieu de formation reconnu bien au-delà du périphérique, avec l’École cathédrale et l’École des responsables qui forment des baptisés conscients de leur responsabilité dans la vie de l’Église et l’évangélisation de notre société, avec l’Institut Supérieur de Sciences Religieuses et la Faculté Notre-Dame qui permettent de donner à notre diocèse les responsables bien formés dont il a besoin. Le pôle de recherche, qui accueille des chercheurs heureux de pouvoir travailler et réfléchir en toute liberté, est un lieu original de réflexion sur l’homme et sur sa condition, que vient éclairer la richesse théologique et anthropologique de la pensée chrétienne. Le pôle culturel et artistique vient compléter cette ouverture et permet la rencontre avec le monde d’aujourd’hui.

Après 10 ans, il semble qu’il faille travailler à une meilleure harmonisation des différents secteurs pour réaliser une véritable synergie entre la formation, qui est au cœur du dispositif, le pôle de recherche et le monde de la culture qui se doit d’être davantage ouvert à la créativité et pas seulement un lieu temporaire d’exposition.

Je souhaite aussi, comme l’avait voulu le cardinal Lustiger, que les fidèles et leurs pasteurs se sentent chez eux aux Bernardins. Un projet d’accueil amélioré par une disposition nouvelle des lieux pourrait être un premier pas pour atteindre ce but. Il devra s’accompagner d’une vraie réflexion sur la place naturelle des baptisés dans ce lieu ouvert à tous, mais porteur d’une espérance qui fait peut-être défaut à notre monde.

Notre séminaire est un lieu qui répond bien aux souhaits du Pape François sur la formation des prêtres exprimés dans la Ratio Fondamentalis qui insiste sur la qualité de cœur à l’image du Christ que doivent avoir les futurs pasteurs et sur la fraternité sacerdotale que permet d’initier la vie en maisonnées des séminaristes à Paris.

Je remercie les formateurs qui se donnent sans compter à cette précieuse tâche. Je leur ai demandé de réfléchir à ce que les maisons du séminaire puissent accueillir des familles ou des couples dans les maisonnées par le partage de repas, la prière commune. Cette expérience complémentaire pourra nous éclairer dans notre discernement d’autant plus si ces personnes sont choisies parmi les fidèles des paroisses attenantes. Les séminaristes pourront ainsi rencontrer ceux dont ils auront plus tard la charge pastorale. L’importance donnée au tutorat permet de faire réussir chacun des séminaristes et adapter son parcours en fonction de ses études précédentes ou de son chemin personnel. C’est tout le travail conjoint et fructueux de la Faculté et du séminaire. Je pense qu’il est important, afin de renforcer l’équipe des tuteurs, d’y introduire des laïcs formés aux Bernardins, ce qui sera aussi une façon d’honorer leur investissement.

Enfin, je remercie tous les prêtres. Ils sont les premiers collaborateurs de l’évêque et leur zèle pastoral est remarquable. C’est eux que le Seigneur a choisis et ordonnés pour communiquer aux fidèles sa grâce de sanctification, la charge d’enseigner et de gouverner qu’ils partagent avec l’évêque. Je compte sur le presbyterium de Paris pour m’aider à porter cette exaltante mais lourde charge du diocèse de Paris. Qu’ils soient assurés de mon soutien fraternel.

Chers frères et sœurs, chers amis, il y a encore bien des projets en cours ou à venir, en particulier sur la solidarité envers les personnes les plus fragiles (personnes handicapées, « sans domicile fixe », femmes enceintes en détresse, personnes migrantes). Elle est l’expression de la charité chrétienne qui est une priorité dans notre diocèse. C’est pourquoi, régulièrement, je vous partagerai un point de la mission qui m’a semblé important de mettre en œuvre ou d’accompagner de manière particulière pour que chacun puisse apporter sa réflexion et son expérience. Cela m’aidera à prendre de bonnes décisions pour notre diocèse en vue de permettre l’édification de la civilisation de l’amour chère au Pape saint Jean Paul II.

Dans l’action de grâce pour ce que Dieu fait pour notre Église de Paris, je vous bénis tous en cette rentrée et vous assure de ma prière fidèle,

+Michel AUPETIT
Archevêque de Paris

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