Message de Grand Carême du patriarche d’Antioche Jean X

« … Le temps du Grand Carême est un processus de réconciliation avec le Créateur, avec vous-même et aussi avec les autres ; c’est un processus de pardon. Aujourd’hui, les êtres humains dans le monde recherchent la réconciliation et le pardon. La sainte Église appelle au repentir et à la réconciliation avec le Créateur et au pardon avec les autres hommes ; c’est un sacrifice de louange et de glorification du Seigneur des cieux, qui se plaira à nous voir comme de réels frères dans l’humanité… Nous représentons cette continuation authentique de l’Orient, son être et sa longue histoire. Depuis l’Orient, nos enfants antiochiens ont émigré dans tous les pays du monde, portant leur Évangile et leur Église, contre toutes les vicissitudes. En Orient, nous restons immuables, en dépit de toutes les circonstances, avec une nostalgie pour les restes de nos pères et les mémoires de notre enfance. En Orient, nous avons nourri notre amour de notre patrie avec le lait des entrailles de nos mères. Rien ne nous séparera de notre pays, car nous lui dédions nos cœurs et nos êtres. »

« Jean X, par la Grâce de Dieu, patriarche de l’Église orthodoxe d’Antioche

À mes frères, les hiérarques et les pasteurs de la sainte Église d’Antioche,
Mes bien-aimés enfants spirituels de ce Siège apostolique
« Au seuil de ces jours saints, cela me donne un grand plaisir d’ajouter ma voix à celle de vos cœurs. Je prie aussi pour la paix du monde et le bien-être de tous les hommes. Nous entrons dans ce temps bienheureux. Nous élevons notre prière pour ceux qui nous ont quittés et offrons nos intercessions à notre Seigneur et Créateur pour qu’Il bénisse nos vies par Son saint Nom. Le jeûne est la reine des vertus. Ce sont les paroles par lesquelles nous prions lors des matines du Dimanche de l’abstinence de viande ; nous invitons les fidèles à recevoir le jeûne comme le roi de nos âmes, les menant aux rives du salut. Frères, purifions-nous, par la pénitence, la reine des vertus ; voici qu’elle nous procure toutes sortes de biens : elle panse les blessures des passions ; avec le Maître elle réconcilie les pécheurs ; aussi, l’embrassant avec joie, crions au Christ notre Dieu : “ Ressuscité d’entre les morts, garde-nous libres de condamnation, nous Te glorifions comme le seul sans péché ” (Doxasticon des Laudes). Le jeûne est un moyen d’abandonner la rudesse du corps pour rejoindre les abondantes miséricordes de Dieu. Par le jeûne, les passions sont extirpées de l’âme, afin que nous puissions expérimenter la chaleur de l’amour. Le jeûne est la reine des vertus dans la mesure où nous éradiquons le mal de nos âmes et que nous lavons celles-ci par les eaux pures du repentir, pour apporter la paix et l’amour aux autres. L’amour est le plus grand des trésors. Le jeûne est la véritable expression de l’amour et le meilleur instrument qui nous permet d’éradiquer les passions de l’animosité et de l’orgueil, et il aiguise l’âme par la charité et l’aumône, la lavant par le repentir et l’humilité, de telle façon que la lumière de la Résurrection du Christ puisse la transfigurer.

Le temps du Grand Carême est un processus de réconciliation avec le Créateur, avec vous-même et aussi avec les autres ; c’est un processus de pardon. Aujourd’hui, les êtres humains dans le monde recherchent la réconciliation et le pardon. La sainte Église appelle au repentir et à la réconciliation avec le Créateur et au pardon avec les autres hommes ; c’est un sacrifice de louange et de glorification du Seigneur des cieux, qui se plaira à nous voir comme de réels frères dans l’humanité.

Le Grand Carême est les fonts baptismaux qui mènent à la résurrection avec le Christ ; ce processus commence par le temps du pré-carême, comme symbole du retour de l’homme dans le sein céleste. Le Carême est l’abstinence de nourriture, de telle façon que nous puissions nourrir ceux qui vivent dans la pauvreté et le besoin. Le jeûne se concentre sur le royaume de l’âme, représenté dans la sainte icône, comme icône de la gloire divine. L’âme cherche la grâce divine sans laquelle elle ne peut entrer dans la chambre nuptiale du Maître. Elle peut contourner toutes les difficultés par le pouvoir de la Croix, monter l’échelle des vertus par les larmes de son repentir, et viser le havre de la miséricorde divine. Le véritable jeûne prépare l’être intérieur de l’âme de telle façon que le Seigneur puisse résider dans ses replis les plus profonds et aille de l’avant. L’âme est attachée à son Maître qui a détruit la mort, et lui confère la tunique étincelante de la résurrection.

Nous sommes parvenus à ces jours bénis alors que l’Orient se trouve sous le fardeau de sa propre croix, alors que le monde est à la recherche de la paix perdue et vit dans la confusion et la peur. Nous y sommes parvenus, alors que nous sommes plongés dans les soucis de la vie et du désespoir existentiel. Cependant, tout cela ne nous empêchera pas de sortir de nos situations difficiles et de nous prosterner devant Dieu, afin qu’Il puisse nous accorder la paix, la consolation et la joie céleste. Il est temps que le Golgotha de l’Orient soit enterré sous le seuil de la Résurrection.

Depuis l’aube de l’histoire, notre région a payé avec du sang et les âmes de ses enfants une sorte de rançon de guerre et de destruction. Nous appelons tous les peuples de cette région et de tous les pays à se rencontrer et à rejeter le Takfirisme [1]religieux, qui est condamné par la culture, et à garder l’unité interne. Nous, en tant que chrétiens, sommes et continuons d’être des éléments indigènes de cette région et des structures sociales auxquelles nous appartenons ; nous avons un rôle fondamental dans la construction de ponts d’interaction avec les autres et nous portons ensemble les fardeaux de tous.

Nous prions pour la paix en Syrie, et pour la stabilité du Liban ; nous prions pour l’Irak et l’Égypte, la Palestine et la Jordanie, ainsi que pour le monde entier. Nous prions pour que la paix triomphe sur l’agression, et que la paix atteigne les cœurs des gens, tandis que des conférences sont tenues dans ce but. En tant que chrétiens, nous sommes enracinés dans l’Orient, dans le pays où le Christ est né et dont le Visage ne disparaîtra pas. Celui-ci est enraciné dans le lieu de Sa nativité : la Palestine. Le statut et le sort de Jérusalem ne seront pas conditionnés par la politique, du fait qu’il continue à être l’héritage de tous les hommes, particulièrement des chrétiens et des musulmans.

À nouveau, nous devons nous concentrer sur la situation des deux archevêques de la ville d’Alep, qui est un exemple en réduction de l’oppression des hommes dans cette partie du monde. Leur enlèvement est devenu un produit et un sujet au milieu d’un marché d’intérêts. Les deux archevêques, Paul et Youhanna, ont été séquestrés en avril 2013, et nous continuons à attendre, avec tous les gens de bonne volonté, que leur dossier soit résolu. Ce qui est pénible et attristant est cette sorte d’ignorance internationale ou cette prétendue incapacité de résoudre ce problème, dans le silence pesant de la communauté mondiale à leur égard, qui résume le sort de tous ceux qui ont été séquestrés. Nous prions pour eux : pour tous ceux qui ont été kidnappés, qui souffrent, tous les martyrs, et ceux qui sont contraints de quitter leurs foyers, en conséquence de la guerre, du terrorisme, du Takfirisme religieux.

Nous représentons cette continuation authentique de l’Orient, son être et sa longue histoire. Depuis l’Orient, nos enfants antiochiens ont émigré dans tous les pays du monde, portant leur Évangile et leur Église, contre toutes les vicissitudes. En Orient, nous restons immuables, en dépit de toutes les circonstances, avec une nostalgie pour les restes de nos pères et les mémoires de notre enfance. En Orient, nous avons nourri notre amour de notre patrie avec le lait des entrailles de nos mères. Rien ne nous séparera de notre pays, car nous lui dédions nos cœurs et nos êtres. Je vous appelle à la paix et à l’amour de Dieu, Lui demandant de dispenser Ses miséricordes sur vos cœurs et d’emplir vos personnes de Sa joie céleste, car Il est béni pour toujours. Amen. »
Fait en notre siège patriarcal, à Damas, le 11 février 2018.
Source : orthodoxie.com 19 février 2018

[1NDLR Les takfiri sont des extrémistes islamistes adeptes d’une idéologie violente.

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