Message du président François Clavairoly à la Fédération protestante de France

Le message du président Clavairoly analyse les événements de l’année 2015 et leur impact sur la communauté protestante de France.

Mesdames et Messieurs les délégués,
Chers amis,

Le désarroi et l’espérance
L’année 2016 s’ouvre après une période sans pareille de violence terroriste dans notre pays. De nombreuses interrogations ont traversé les esprits sur la nature de ce terrorisme et sur ses causes, ses menaces encore réelles, et sur les réponses qu’il faut apporter au plan politique, militaire, policier, comme au plan éducatif, social ou spirituel. Ce questionnement est loin d’être éteint et nous avons devant nous un long chemin à parcourir . Loin de nous laisser envahir par un désarroi pourtant bien compréhensible, nous avons tenté, chacun à sa façon, de reformuler et de redire une espérance.

« Espérer malgré tout », donc (comme le titrait un documentaire remarqué du service télévision de la FPF diffusé début janvier sur France 2), telle a été notre conviction.
Il me faut donc, pour commencer ce message, mentionner pour les saluer, les nombreuses initiatives qui ont été prises par les membres de la Fédération, à l’occasion de ces événements qui n’ont pas concerné seulement la population parisienne, loin s’en faut, mais l’ensemble du pays. Et je dois remarquer devant vous combien les Églises, en bien des lieux, ont saisi cette occasion tragique pour porter un message de fraternité et de paix là où ce message était précisément attendu, pour faire des gestes rappelant les liens qui unissent les citoyens entre eux, et, à certains égards, pour réaffirmer l’importance décisive du respect et du dialogue entre personnes comme aussi entre communautés religieuses différentes. Si le Président de la République a exprimé au moment des vœux, début janvier, sa gratitude à l’égard des confessions de ce pays, c’est donc aussi qu’il a perçu, avec beaucoup de nos concitoyens, la valeur de la contribution que les uns et les autres, y compris le protestantisme français, pouvaient apporter non seulement au plan du lien de solidarité si important, mais aussi au plan du sens, si indispensable pour comprendre ce qui advient. Et la Fédération, ici encore, était alors, et est exactement dans sa mission, lorsque par l’action de son aumônerie d’hôpital, pendant le Plan Blanc, son aumônerie aux armées, par l’accompagnement des militaires engagés dans l’opération Sentinelle, ou celle des prisons, parce qu’il faut écouter, rencontrer, parler, expliquer, prier sans cesse, elle a répondu présent. Peut-être peut-on mieux mesurer ce qui s’est passé dans le pays, en n’oubliant pas que la dimension spirituelle n’a pas été absente dans ce combat contre le désarroi et le trouble mais qu’au contraire elle a été bien à l’oeuvre, au moment de l’épreuve et par notre présence, aux différents moments d’hommage rendus par la nation, ensemble, citoyens et solidaires.

Démocratie et spiritualité
La démocratie qui est notre mode d’être ensemble dans ce pays, n’est donc pas sans connaître la dimension spirituelle de chaque être humain. Et les débats qui la traversent, y compris dans des moments difficiles, nous obligent à répondre et à porter un témoignage précis. Aujourd’hui, pour le dire clairement, la question vive qui occupe le pays est celle du rapport blessé entre démocratie et spiritualité. Comment voyons-nous la question ? Les protestants que nous sommes, dans notre diversité et dans notre unité, se définissent comme chrétiens, et à ce titre, ils revendiquent une identité multiple et une double citoyenneté : citoyens et chrétiens, citoyens de ce monde, de ce pays, et citoyens, déjà, du royaume qui vient, républicains et laïcs, laïcs et croyants, contrairement à ceux qui font équivaloir dans une confusion de la pensée pas toujours feinte, laïcité et athéisme.

Je proteste donc contre ceux qui dénieraient à quiconque le fait et le droit d’assumer cette identité plurielle, et qui désireraient hors d’un réel qui est pourtant bien là, une société neutralisée au plan religieux au prétexte séduisant qu’il y a, effectivement, des extrémistes violents et meurtriers. Le combat contre ceux-ci doit être mené sans relâche, bien évidemment (les protestants savent en effet par leur histoire douloureuse combien dangereux peut être le fanatisme intolérant qui veut imposer une seule foi par la terreur.

Ce combat appartient toutefois à la police, à la justice et même à l’armée, comme nous le voyons aujourd’hui, mais pas à la police de quelque pensée que ce soit. Et le désir d’éradication ou d’émancipation du religieux est une chimère affreuse, issue des controverses anciennes et dépassées, bien avant que l’anthropologie, la philosophie, la sociologie religieuse et même la théologie nous aient appris que l’homme vit aussi d’espérances imprenables et traduit ses pensées par des symboles, des rites, des prières, des louanges et des célébrations.

Ce désir forcené et inquiétant d’émanciper le citoyen et l’espace public du religieux exprime à son tour et à sa façon, me semble-t-il, une forme de fondamentalisme, et c’est celui de la croyance infondée en un monde univoque, qui décrit un être humain horizontal, quasi abstrait, sans épaisseur, profondeur ni hauteur, sans que son regard s’élève et puisse se laisser rejoindre par une verticalité ou une transcendance que nous nommons le Dieu de Jésus-Christ. Et, surtout, il induit la certitude que la religion est obscure.

La religion, selon ce que je sais, est acte de lecture et de relecture (religere) des textes anciens que nous avons hérités et choisis. La religion est donc acte de raison autant que de critique. La raison, de la sorte, est bien la sœur jumelle de la foi. Et la petite dernière de cette étrange famille, l’amour, a souvent bien de la peine à se faire entendre dans ce débat houleux et jaloux. Ratio, fides et caritas forment une trinité féconde dont le triptyque républicain n’est pas si éloigné, si l’on veut bien y regarder de près.

J’atteste donc que le culte est au cœur de la culture, et que la religion ne peut être arrachée ou encore arasée sans que les hommes n’y perdent une part essentielle de leur identité.

Les Lumières dont il faut lire et relire les auteurs, pour une belle part protestants, disent au fond cela : c’est au croisement critique et fertile de la foi et de la raison que l’humain s’humanise, quand la confiance en ce qui est bon et juste en lui se traduit dans la loi commune de la cité des hommes.

La spiritualité est une ressource vive pour la démocratie et la démocratie le lieu le plus autorisé par notre République laïque , pour qu’elle s’y exprime librement, sans jamais en saturer l’espace et dans la conversation avec d’autres partenaires, notamment le judaïsme, l’islam et le bouddhisme. C’est dans cette perspective que la FPF veut poursuivre sa mission et témoigner de son engagement au nom de l’Évangile, représentant le protestantisme dans sa diversité évangélique et défendant ses intérêts.

La parole et le geste, ici et au loin
Le protestantisme reste engagé, en effet, dans la cité, et là encore la FPF a été requise pour la mission qui est la sienne grâce à l’action décisive de la Fédération de l’Entraide Protestante, avec Jean Fontanieu et Adrien Sékali, grâce à celle de l’Armée du Salut et celle de tant d’autres, qu’il s’agisse d’Églises, d’associations ou même de particuliers, qui ont mis en pratique l’affirmation selon laquelle l’autre différent que l’on croit étranger n’est pas étranger, en vérité, mais bien un frère ou une sœur. Dans la durée et dans la persévérance, elle a relayé l’appel à l’aide et à l’accueil des réfugiés venus de Syrie et d’Irak, et elle recueille encore aujourd’hui des fonds via la Fondation du protestantisme et son outil d’appel d’urgence "Solidarité Protestante" que chacun de vous connaît désormais. Une action au long cours qui ne fait pas de bruit mais qui témoigne dans l’humilité de la force d’aimer, de l’Évangile de Jésus-Christ dans un contexte qui ne présente pas encore les signes d’une amélioration visible et qui exige de la persévérance et le soutien de notre prière.

À l’occasion de la COP 21, elle a accompagné avec vigilance et discernement théologique ce qui pouvait être dit de la création et de sa sauvegarde, avec le groupe de travail mené par Jacques Varet et animé par Martin Kopp, qui nous a mis en relation avec les représentants de la Fédération luthérienne mondiale venus des quatre coins du monde. Elle a été présente jusqu’au Sommet des consciences au CESE (Conseil économique, social et environnemental), jusqu’au rassemblement international et interreligieux de la basilique Saint-Denis, et deux fois à l’Élysée, avec les autres cultes, pour remettre un texte d’orientations et de convictions et pour transmettre les presque deux millions de signatures en faveur d’un accord. Et par les Eeudf (Éclaireuses et Éclaireurs unionistes de France) qui nous ont confié Coline Eychène comme coordinatrice pour nos actions avec la coalition 21, par ses Églises, notamment l’UEPAL, elle a accueilli les pèlerins venus de toute l’Europe, pour une marche symbolique passant par Strasbourg et Metz jusqu’à Paris.

Et enfin elle a été présente par une célébration œcuménique singulière, où notre Service des relations avec les Églises chrétiennes (SREC) qui l’a organisée a permis qu’un nombre jamais atteint jusque-là de pasteurs en robe et en rabat, (y compris l’évêque luthérienne de Lund, venue de Suède, Antje Jackelen qui a même lu l’Évangile), investissent religieusement le choeur de Notre-Dame de Paris.
La parole et le geste s’accordent aussi, lorsque par les visites et les contacts, par les nombreuses actions du Défap (Service protestant de Mission) et de la CEEEFE (Communauté d’Églises protestantes francophones), nous exprimons notre solidarité avec les partenaires au loin, cette année plus particulièrement :
 à Moscou, en Russie, avec sa paroisse francophone si active, issue du refuge huguenot,
 ou à Bangui, en Centrafrique, avec sa population à moitié protestante et évangélique et dans un contexte fait de tensions et d’espoir, où nous nous sommes rendus en une délégation fédérative en juin dernier avec Marc Deroeux, Christiane Enamé, Robert Radix et Jean-Arnold de Clermont,
 ou encore à Beyrouth et Jérusalem, où je me rendrai dans deux mois avec Bernard Antérion pour encourager les projets et les actions de témoignage avec les partenaires.

La parole et le geste encore, et même la musique, grâce à Mosaïc qui n’est plus un projet mais une réalité vécue, ouvrant sur les Églises issues de l’immigration de toutes les couleurs et de toutes les sensibilités, des Églises nombreuses visitées et accompagnées par un David Brown devenu désormais l’apôtre du monde entier en région parisienne.

La parole, le geste et la musique, donc, mais aussi l’image, avec deux émissions nouvelles dans le cadre de Présence protestante sous la responsabilité de Marie Orcel, l’une qui est inaugurée ce dimanche 31 janvier, « Place des protestants » et l’autre en gestation, et encore sans titre, avec et pour la jeunesse.

Se tenir devant Dieu et avec les autres
Un an avant 2017, il faut toutefois se tenir prêt et commencer à réviser ses classiques, sous peine de ne pas assumer l’héritage ou d’en méconnaitre le prix immense : se tenir devant Dieu, comme l’écrivait Martin Luther, coram Deo, c’est accepter de recevoir de lui, et de lui seul, notre véritable identité, non pas de nos propres explications ou de nos bonnes justifications, ni même de notre doctrine, mais de lui seul qui nous l’offre. C’est être personnellement debout pour témoigner et pour croire. Je veux ici reprendre cette appréciation et y trouver avec vous le fondement d’une identité reçue et qui nous rend libre, et d’une vocation par conséquent imprenable. Sans cette identité offerte, en effet, par grâce, par celui qui sauve et qui recrée, par celui qui relève et qui nous met en marche, rien ne serait advenu dans nos vies aujourd’hui, ou encore rien ne serait advenu dans ce XVIe siècle où il fallait justement savoir tenir et placer dans la prière confiante, toute sa vie devant Dieu. Je veux alors maintenant rappeler combien le même Luther, par ses écrits, nous encourage, puisque nous sommes assurés de notre identité en Christ, à nous tenir avec les autres. Nous ne sommes pas chrétiens « tous seuls » ou « pour nous-mêmes », pour nous occuper de l’entretien de notre identité ou encore pour être « avec d’autres nous-mêmes » qui nous ressemblent tant qu’il n’y a plus de place ou plus d’énergie pour agir à la mise en œuvre du croire et du témoigner ensemble, avec d’autres. La diversité des Églises issues de la Réforme, la diversité des membres de chacune de nos Églises, y compris avec des différences apparemment difficiles à surmonter, ne mettent en péril ni notre identité, indéracinable, donnée par Dieu gratuitement, ni notre vocation, irrévocable, une identité et une vocation données pour croire et pour témoigner toujours en relation avec d’autres au cœur du monde.

Cette identité et cette vocation, vous les portez avec toute leur richesse, dans votre vie personnelle et familiale, vous les portez au sein de votre Église qui vous a reconnus et qui vous a confié cette responsabilité, et il en est de même au sein des œuvres, des mouvements et des communautés, dans les pôles, dans les différentes commissions, dans les groupes de travail et avec l’aide des différents services, et aujourd’hui, ensemble, au sein même de cette assemblée générale de la Fédération : non pour vous mais pour ce pays, non pour aujourd’hui, mais pour demain, non pour nous glorifier mais pour servir et annoncer le Christ.

La fraternité en Christ
Cette fraternité qui nous est donnée, puisque nous l’avons reçue en Christ, nous oblige. Et elle nous amène à nous considérer les uns les autres à équidistance du Christ, avec nos différences et nos particularités. Elle nous amène à comprendre aujourd’hui combien la FPF, au cours de ces années, a évolué, changé et même grandi. Il nous est même demandé de comprendre qu’après l’entrée des communautés, des œuvres et des mouvements, dans les années soixante, et celle des Églises pentecôtistes ou évangéliques, dans les années soixante-dix quatre-vingt-dix, le processus se poursuit et la fait grandir encore, avec la proposition lors de cette AG, de l’accueil de quatre autres membres, notamment la Fondation John Bost et l’Église Hillsong. Dès lors, l’équilibre se fait nouveau, les membres évangéliques de la FPF participent mieux à la délibération et à la décision, et la richesse des rencontres révèle aussi la complexité de la mise en œuvre des projets. La fratrie s’agrandit, l’espace de la tente s’élargit, comme l’écrit le prophète, et chacun doit trouver ses marques dans le respect de la différence pour une habitation commune.
Comme cela a été vécu par beaucoup, avant même la décision du Synode national de l’EPUdF de mai 2015, le lien fédératif a été sollicité et parfois mis à l’épreuve de cette nouvelle donne, au plan local et régional comme au plan institutionnel. L’un ou l’autre pourrait s’en alarmer, et c’est le cas, et décider que cette cohabitation, rendue plus difficile encore après la décision de mai dernier, n’était plus possible. Ce choix a été celui de l’Église apostolique au cœur de l’été. Nous le regrettons. Il n’a pas fait l’objet d’un partage ni d’une discussion. En effet, il aurait été important, alors, de rappeler que la FPF a une histoire, une réalité plus que centenaire, et mille et un projets, nous y reviendrons, et que, n’étant pas une sorte de supra Église et n’ayant jamais eu cette prétention, ses règles de l’habitation commune qui invitent au dialogue et à l’interpellation réciproque sur tel ou tel point jugé important, n’imposaient à aucun de ses membres de partager ou d’approuver les convictions de l’autre. Ses règles offrent même la possibilité de vivre des désaccords sans que le lien de communion soit rompu.

Et c’est bien ce point-là qui est aujourd’hui l’un des points à l’ordre du jour de l’AG. Nous pourrions le formuler par ces questions : « De quelle communion s’agit-il ? », « Comment la vivre et la déployer, comment la faire grandir ? », « Comment trouver sa place dans cette communion et y faire place à l’autre différent qui est toujours frère et sœur ? ». Au fond, nous n’avions pas assez parlé ensemble de tout cela, et nous croyions, à tort, que la FPF obligeait à un accord doctrinal sur tout le champ de la théologie et de l’éthique. Nous avions en nous, du moins certains d’entre nous, le rêve d’une Église qui aurait été une, bien qu’en plusieurs sortes, au lieu d’une fédération d’Églises sœurs, issues du même mouvement différencié de la Réforme, et de toutes les réformes qui en ont été les fruits abondants au cours des siècles, mûris au même soleil de la Parole que nous révèlent les Écritures saintes.

La fraternité à laquelle nous sommes appelés ne se réduit certes pas au cercle de la FPF, et Dieu seul connait les limites, s’il y en a, de son royaume. Mais au moins, pour ce qui nous est donné dans ce pays, je souhaite que la famille protestante qui s’agrandit, et qui grandit par l’évangélisation et le témoignage, accepte d’être une famille non seulement pour aujourd’hui mais se préparant pour demain, une famille accueillante et toujours renouvelée !

D’une question vive à un projet : 2017
La question posée, celle de la compréhension de ce que qu’est exactement une bénédiction en lien avec le couple humain qui se marie, et en particulier avec un couple de personnes homosexuelles, touche à des domaines bien différents de notre réflexion commune et rejoint en nous des interrogations souvent enfouies et parfois douloureuses concernant l’énigme de la sexualité. Il arrive que parler de ce sujet ne puisse pas se faire, pour certains, sans un réel bouillonnement intérieur ou l’expression d’une agressivité. Cette question vive a fait l’objet d’une sorte de grande conversation, de vive voix, sur les réseaux sociaux et dans la presse, au printemps et à l’automne 2015. Au moins pourrons-nous reconnaître que le protestantisme français s’est emparé là d’un sujet complexe, à la différence de beaucoup qui l’auront jusqu’ici évité prudemment. Toutefois, à l’occasion de cette grande conversation, certains des interlocuteurs se sont promptement invités au débat et ont profité de l’espace et du temps pour se positionner en instances de jugement ou en spécialistes du sujet, alors que personne ne les avait entendus ni lus jusque-là, et d’autres se sont posés en donneurs de leçon théologique, éthique, biblique et même anthropologique, selon les quelques signes autorisés par leur compte Tweeter ou leur page Facebook. Il est heureusement apparu quelques grandes lignes de sagesse, refusant de caricaturer la position de l’autre et appelant à la réflexion et à l’écoute. Si je regrette évidemment que certains évangéliques qui n’étaient pas membres de la FPF aient à dessein suspendu leurs liens avec la FPF, je souhaite de tout cœur qu’ils ne restent pas sur cette position de repli ou de reproche, mais qu’ils redécouvrent, avec tant d’autres évangéliques de la FPF, que nous sommes de la même famille et non pas en concurrence.

Et c’est exactement pourquoi il me faut saluer maintenant la coordination évangélique dans son ensemble et celui qui l’anime, Jean-Marc Potenti, qui n’ont évidemment pas confondu l’Église protestante unie de France avec la FPF, et qui, tout en rappelant les positions et les principes, ont contribué à avancer dans la recherche d’un dialogue.
Il me faut saluer aussi le Conseil national de l’Église protestante unie et son Président, Laurent Schlumberger, qui a rencontré les uns, écrit aux autres et partagé avec d’autres encore.

Je dois aussi saluer les Présidents des Églises que j’ai pu visiter ces derniers mois, personnellement ou avec leur Conseil, jusqu’à ces jours de janvier, et qui m’ont exprimé leurs sentiments, mais aussi leur conviction et leur souhait de poursuivre le chemin.

Et pour finir, il me faut saluer le Secrétaire général Georges Michel, avec qui, dans une réelle différence de sensibilité spirituelle, nous travaillons main dans la main.
Tout cela devait être rappelé dans ce message, afin que vous puissiez comprendre que le conseil de la Fédération protestante de France, après avoir noté dans un communiqué le cadre de notre vivre ensemble, après avoir laissé se taire peu à peu les mots les moins aimables et les réactions les moins évangéliques, a non seulement pris au sérieux cette question vive, mais a saisi cette occasion pour reprendre un certain nombre de questions encore peu abordées ensemble : la question de l’unité dans la diversité, celle de la liberté de chaque Église dans le cadre qui les réunit entre elles, et finalement celle qui permet de définir ensemble ce lien de communion qui nous oblige. Tel sera l’objet de notre discussion, de notre réflexion et de notre vote lors de l’AG. D’une question vive, nous passerons donc à un projet pour travailler cela. Je souhaite que nous nous y engagions ensemble dans la certitude que la promesse qui nous tient se réalise et nous fasse avancer sur ce chemin. Je salue d’avance Valérie Duval-Poujol et Christian Krieger qui ont accepté d’animer l’équipe nommée à cet effet.

Il en va de même pour 2017, où les décisions de la dernière AG ont été reconsidérées
puisque le projet de Lyon 2017 n’aura pas lieu comme prévu à la suite de ces discussions et de ces dissensions au plan local. Le Conseil n’est pas resté sur ce constat, bien au contraire. Il a repris le sujet et vous propose un programme substantiel, documenté, chiffré et porteur d’un message que chacun pourra s’approprier, s’il le désire, dans la perspective d’une commémoration d’un demi-millénaire exceptionnel, celui de la Réforme, avec des événements et des rencontres au plan national et régional.

L’année qui s’ouvre est donc riche d’engagements et de projets de toutes sortes qui valorisent la mission du protestantisme :
 Une nouvelle librairie rue de Clichy, j’allais m’exclamer, avec beaucoup d’entre vous, « enfin ! », qui veillera à vendre des livres d’un large panel et organisera des rencontres ;
 Des colloques d’envergure, dont ceux de la Commission éthique et société, sur la thématique de la guerre, et des aumôneries francophones des hôpitaux sur un sujet d’actualité :
« Soins et questions spirituelles, osons la rencontre ! » (Ici, la rencontre entre les personnels soignants et les aumôniers) ;
 Des visites aux partenaires, en Haïti, notamment, qui commémore le bicentenaire du protestantisme sur l’Île ;
 Et tout prochainement, les cent ans de la présence de la Fédération des Églises evangéliques baptistes à la FPF ;
 Ou encore, plus anecdotique mais symbolique, la réparation d’un impensé de la Ville de Paris que j’ai pu lui remettre en mémoire, de sorte qu’elle apposera en avril prochain, au pied du Pont Neuf, une plaque commémorative de la Saint Barthélémy, préparée en lien avec la Société d’Histoire du Protestantisme Français ;
 Ou encore, pour une date encore inconnue, un rendez-vous à l’Élysée pour accueillir et honorer les œuvres du protestantisme dans la société française ;
 Et puis, encore et toujours, le lent travail de rencontre avec les autorités, pour que la parole protestante soit entendue et reçue.
Avant de conclure, et pour faire place à la reconnaissance et à l’action de grâce, je voulais citer le nom de Raphaël Picon qui aura marqué de ses idées et de son intelligence un grand nombre d’entre nous [1] , toujours à la recherche de ce qui advient, au croisement des cultures et dans la confiance que celui qui nous conduit ne nous abandonne jamais, dans la vie, dans la mort et après la mort.

Ici s’achève, donc, mon message. Ici commencent vos travaux. Que le Seigneur vous bénisse et qu’il nous garde fidèles à son évangile. Je vous remercie,
François Clavairoly

[1Cf. Tous théologiens, Van Dieren Éditeur, 2000 ; Le Christ à la croisée des religions, Van Dieren Éditeur, 2003 : Le Protestantisme : la foi insoumise (en collaboration avec Laurent Gagnebin), Flammarion, coll. « Champs », 2005 ; La Mort, le deuil, la promesse (direction d’ouvrage), Éditions Olivétan, 2005 ; Ré-enchanter le ministère pastoral, Éditions Olivétan, 2007 ; L’Art de prêcher (direction d’ouvrage), Éditions Olivétan, 2008 Tous théologiens, Van Dieren Éditeur, 2000 ; Emerson, Discours aux étudiants en théologie de Harvard, Nouvelles éditions Cécile Defaut, 2011 ; Délivre-nous du mal. Exorcismes et guérisons : une approche protestante, Labor et Fides, 2013 ; Emerson. Le sublime ordinaire, CNRS Éditions, 2015 ; Dieu en procès, éditions de l’Atelier, 2009

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