Messe en mémoire du père Jacques Hamel

Le mercredi 26 juillet 2017, Mgr Benoist de Sinety, vicaire général du diocèse de Paris, a présidé une messe à Notre-Dame de Paris en mémoire du père Jacques Hamel.

Homélie de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général du diocèse de Paris

Frères et sœurs,

Il y a un an, nous apprenions avec stupeur et effroi l’assassinat du Père Hamel, dans son église, au cours de la célébration de l’Eucharistie. Ils étaient cinq avec lui, en ce jour, à offrir pour le salut du monde, le sacrifice du Christ.

Ce matin, des centaines de milliers de personnes, en France, et sans doute beaucoup d’autres de par le monde entier, ont célébré ce même sacrifice, en communion de foi et d’émotion.

« Faisons l’éloge de ces hommes glorieux qui sont nos ancêtres » : la Sagesse d’Israël n’évoque-t-elle pas plutôt que les vaillants glorieux ou les monarques puissants, ces hommes fidèles qui ne veulent suivre d’autre lumière que celle de la Parole de Dieu ? Nous savons bien que la pièce de la veuve est l’offrande véritable, plus que le tintamarre des puissants.

Oui, ces hommes glorieux sont ceux qui vivent la miséricorde et cherchent avant toute autre chose à accomplir les œuvres de justice.

Parce qu’à travers ces vies que nul ne semble remarquer, où les actions éclatantes n’épousent pas les codes médiatiques et ne se réduisent pas aux slogans à la mode, il y a cette volonté d’accueillir, de méditer et de vivre la Parole de Dieu.

Un jour, dans sa vie d’homme, le chrétien qu’était Jacques Hamel a entendu l’appel de Celui qui ne cesse de prononcer chacun de nos prénoms : appel à le suivre, appel à entrer dans une confiance assurée de n’être jamais trahie. Et il a répondu : devenir prêtre pour manifester la gloire de Dieu au cœur du monde et, par-là, ouvrir le salut à tout homme. Prêtre, et donc serviteur dont la fragilité du « oui » est garantie par la Miséricorde de Dieu.

Un prêtre ne choisit pas la société dans laquelle il est appelé à servir, il ne choisit pas les hommes auxquels il s’adresse, il épouse, fragilement et en tremblant, son époque. Il l’assume et veut y inscrire, au cœur, le visage de Jésus. Ni matamore, ni donneur de leçons, il cherche avec ses dons et ses faiblesses, à permettre que ce visage soit reconnu et qu’il soit alors pour tous, le lieu de leur joie et de leur Espérance.

Dans quelques instants, je prononcerai ces mots « Ceci est mon corps, et mon sang » : comme il y a un an, le Père Hamel, comme chaque jour des dizaines de milliers de prêtres de par le monde, entourés de millions d’hommes et de femmes de toutes conditions et de toutes cultures. Cette parole-là, qui vient à Dieu et nous mène, s’incarneront dans le pain et le vin disposés sur l’autel. Cette parole-là s’incarneront aussi dans la vie de tous ceux qui y communieront. Le service rendu par le prêtre réside dans cette opération précisément : permettre que les baptisés, recevant en eux la Présence du Christ, s’en fassent les porteurs dans le monde, pour le monde.

Il est bien là l’acte de justice de Jacques Hamel, de permettre, jusque dans sa mort, que cette promesse puisse s’accomplir, que se nourrissent de Dieu ceux qui en ont faim et qu’ils puissent ainsi en nourrir leurs frères.

Frères et sœurs, voyez quelle soif habite notre monde : regardez autour de vous combien l’homme s’inquiète, combien il doute, combien il souffre. Beaucoup se posent cette question : « comment en sommes-nous arrivés là ? » : comment une société si confortable, si riche et si puissante ne peut empêcher tant de mélancolie, de tristesses et de doutes ? Pourquoi sommes-nous collectivement devenus si cyniques et si aigris ? Pourquoi être si peureux et si peu assurés ? Qui nous procurera de cette eau qui désaltère vraiment, de cette nourriture qui rassasie l’âme en vérité ?

Nous possédons ce trésor inestimable de connaitre le chemin qui mène à la source où tous pourraient boire. Ce chemin est celui d’une sagesse inédite en ce monde. Une Sagesse qui invite ceux qui veulent être les plus grands à se faire serviteurs, ceux qui veulent être premiers à se faire les derniers, ceux qui veulent gagner leur vie, à la donner. Une Sagesse qui proclame au cœur du monde que l’homme est créé pour habiter dans la Maison du Seigneur et que rien, ni même la mort, ne saurait le détacher de l’amour de Dieu.

Cette Sagesse, c’est le Christ : il est aussi le chemin qui nous conduit et sur lequel tous peuvent cheminer parce que chacun y est attendu. Bien sûr, nous y progressons à tâtons, trébuchant ou chutant, mais Il est là qui nous relève, toujours.

« Les peuples raconteront leur sagesse, l’assemblée proclamera leurs louanges » : ainsi s’achève le passage du livre de Ben Sira le Sage, entendu tout à l’heure. La sagesse de Jacques Hamel est de ne pas avoir renoncé à croire, jusque devant la lame de son meurtrier, qu’il demeurait un espace pour la Miséricorde et le Salut. Voilà pourquoi nous pouvons proclamer ses louanges : en reconnaissant dans le visage de cet homme la puissance de Dieu qui s’y déploie et qui donne à des êtres fragiles de porter le témoignage jusqu’au dernier instant.

Que cette Eucharistie soit aujourd’hui le lieu où chacun puisse se nourrir de la Présence du Christ afin, renforcée par elle, de pouvoir là où nous sommes grandir dans le désir de porter à notre tour ce témoignage. Que nous soyons comme Jacques Hamel, des hommes parmi les hommes, portant en notre cœur le sceau de l’Amour de Dieu. Un sceau que nul ne saurait briser et qui donne à chaque vie une valeur inestimable !

Mgr Benoist de Sinety

Dans les médias

 Interview de Mgr Benoist de Sinety, vicaire général du diocèse de Paris, par Adrien Gindre le 26 juillet 2017 sur LCI.

 Interview du père Daniel Duigou, curé de Saint-Merry, dans l’émission « Le Grand Matin – Eté », présenté par Philippe Verdier le 26 juillet 2017 sur Sud Radio.

Interview du père Daniel Duigou, curé de Saint-Mery, dans l’émission « Le Grand Matin – Eté », présenté par Philippe Verdier le 26 juillet 2017 sur Sud Radio

Archives

 Message du cardinal André Vingt-Trois suite à l’attentat.
 Compte-rendu de la messe du 27 juillet 2016.
 Homélie du cardinal André Vingt-Trois de la messe du 27 juillet 2016.
 Prière et message de Mgr Pontier pour la journée de jeûne et de prière du 29 juillet 2016.

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