Musique à l’église : L’orgue et la liturgie

Depuis que l’homme existe, il a accompagné, interprété, ornementé, approfondi, inspiré chaque événement important de sa vie grâce à la musique : la naissance, le mariage, la mort, la guerre, la paix, etc. Les chrétiens, sous le souffle de l’esprit de Pentecôte, chantent lors de leurs célébrations. L’orgue, instrument propre à la musique de l’Église latine, les accompagne souvent, jouant un rôle essentiel dans la mise en œuvre de la liturgie.

L’orgue est l’instrument « total ». Il peut se comparer à l’orchestre symphonique. Par son souffle et la tenue indéfinie des sons, il se confond avec la voix humaine et l’amplifie. Par la diversité, la qualité, la puissance et la douceur de ses voix (ses jeux), il peut commenter un texte, interpeller, calmer, réveiller ou endormir une assemblée.

Dans l’église, l’orgue se place derrière l’assemblée, avec qui il fait cœur et souffle. L’organiste reste invisible. Il ne joue pas pour qu’on l’admire. Son accomplissement est d’amener l’assemblée à chanter, pour découvrir et déployer son humanité.

La musique de l’Église n’est pas un spectacle, un agrément ou un décor. La musique sacrée est la quintessence de la musique. Passant par l’oreille, elle dépasse l’émotion et la sensation, réalités individuelles et liées à la matière : elle réalise l’unité des individus qui composent une assemblée sans qu’ils aient besoin de se toucher, de se regarder. Ceci permet à chacun de ne point s’attarder aux défauts des autres, écueil à la communication vraie. Elle transcende le niveau du sentiment épidermique et de circonstance et permet à tous d’être « un seul cœur, un seul souffle ». Par la musique, l’assemblée des fidèles qui célèbrent la liturgie devient sacrement.

La musique pour la liturgie de Vatican II concerne tous les intervenants, dans le respect d’une hiérarchie : le clergé, le chantre, l’organiste et l’assemblée entière. La musique doit tenir compte de chacun des acteurs de l’action liturgique, de sorte que chacun ait à assurer des textes musicaux techniquement accessibles à leurs niveaux de maîtrise de l’art musical. Le clergé, le maître de chapelle et l’organiste sont les autorités naturelles pour tout ce qui concerne la musique dans l’Église.

L’Église de Vatican II attend des musiciens une musique de qualité, selon l’esprit de la liturgie. Ceci exige un travail persévérant pour l’organiste. On ne s’improvise pas musicien dans l’Église : c’est un vrai métier. La Convention collective des musiciens des cultes donne un cadre juridique nécessaire au bon fonctionnement de la musique dans l’Église, avec la charte des organistes et la charte des chanteurs.

Ainsi les exclus de la culture doivent pouvoir découvrir dans le culte les trésors des arts qui leur sont offerts, à eux les tout premiers, comme dans la parabole de l’Évangile : le meilleur de l’architecture, de la peinture et de la musique.

Juan R. Biava, organiste titulaire de Saint-Pierre-de-Montmartre (18e),
président du Syndicat National des Artistes Musiciens des Cultes.

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