« Notre-Dame reste la cathédrale »

Paris Notre-Dame du 30 mai 2019

Un mois et demi après l’incendie de Notre-Dame, Mgr Patrick Chauvet, recteur-archiprêtre de la cathédrale, fait le point sur l’avancée du chantier de restauration, et l’organisation de la rentrée et des célébrations liturgiques à venir autour de l’archevêque. Alors qu’il publie un livre sur sa mission pastorale au cœur de cet édifice mondialement connu, il témoigne de l’espérance qui l’habite.

Mgr Patrick Chauvet, Notre-Dame d’espérance, Presses de la Renaissance, 2019, 256p.
© D.R.

Paris Notre-Dame – Un mois et demi après l’incendie, comment s’organisent les célébrations liturgiques autour de l’archevêque ?

Mgr Patrick Chauvet – Aujourd’hui et jusqu’à l’été, les messes du dimanche soir célébrées par Mgr Michel Aupetit et tous les grands évènements diocésains, comme les ordinations, auront lieu à St-Sulpice (6e). Puis viendra le temps de la période estivale, durant laquelle nous prendrons un repos nécessaire et qui nous permettra de préparer la rentrée. Dès le 1er septembre, nous nous installerons à St-Germain-l’Auxerrois (1er), paroisse qui deviendra le lieu habituel de la célébration de l’archevêque et le lieu de célébration et de retransmission, via KTO, de la liturgie cathédrale – vêpres, messes du soir, messes du chapitre… J’y reprendrai également les conférences du dimanche soir à 17h. Les grandes célébrations, en revanche, resteront à St-Sulpice, église qui peut accueillir un grand nombre de fidèles. Nommé administrateur de St-Germain-l’Auxerrois, je demeure cependant recteur-archiprêtre de Notre-Dame.

P. N.-D. – Vous ne désertez pas pour autant Notre-Dame, qui reste la cathédrale du diocèse ?

P. C. – Oui, Notre-Dame reste la cathédrale, et pour le rappeler, dès la mi-juin, nous installerons sur le parvis un petit sanctuaire, où figurera une reproduction de la Vierge au pilier. Les fidèles pourront venir y prier et déposer leurs intentions. Ce sera un lieu de recueillement pour les Parisiens. Ainsi, tous sauront que la cathédrale est bien vivante et qu’elle continue sa mission pastorale.

P. N.-D. – Un mois et demi après l’incendie, comment envisagez-vous l’avenir ?

P. C. – Je suis dans l’espérance. Il suffit de voir le travail effectué par les Compagnons du devoir. Pour sauvegarder la cathédrale, ils ont réalisé en un mois ce qui leur aurait pris deux ans en temps normal. Ils ont travaillé dur, soir et week-end. Et ce n’est pas encore terminé, nous n’en sommes qu’au niveau de la consolidation et de la mise en sécurité du bâtiment. La cathédrale est encore fragile, notamment au niveau des voûtes. Les trois mois qui viennent vont être déterminants. Il faudra enlever le grand échafaudage qui entourait la flèche, établir un plancher au-dessus des voûtes pour soutenir l’ensemble, consolider les arcs-boutants… Ces seuls travaux représentent déjà un budget de 26 millions d’euros.

P. N.-D. – Un point sur les œuvres d’art qui sont restées dans la cathédrale. Combien et dans quel état ?

P. C. – Toutes les grandes toiles ont été enlevées sauf deux. L’une d’elle, La Visitation de Jouvenet, se trouve dans le déambulatoire. Nous ne pouvons la déplacer car une partie de la nef reste dangereuse à cause des chutes de pierres possibles. Cette toile est intacte. L’autre aussi. Les boiseries des bas-côtés entourant le choeur ont pris l’eau, mais elles sont sèches maintenant, comme les stalles. La Pietà et la Croix victorieuse de Couturier n’ont pas bougé. Et les deux statues qui les entourent – Louis XIII et Louis XIV – sont intactes elles aussi, contrairement à ce qu’on a pu croire dans un premier temps. Dans le livre que je viens de publier sur Notre-Dame, et qui devait sortir avant l’incendie, je reviens sur les deux années écoulées : les reliques, les conférences, les grands personnages qui sont attachés à cette cathédrale… Et j’ai ajouté dans la préface cette phrase : « La Mère de Jésus était là. » Voilà qui résume bien ce que nous vivons aujourd’hui.

Propos recueillis par Priscilia de Selve

Si vous souhaitez aider à la restauration de la cathédrale
Vous pouvez faire un don sur fondationnotredame.fr

Incendie de Notre-Dame de Paris

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