« Nous représentons une manière différente de penser et de vivre l’école »

Paris Notre-Dame du 13 avril 2017

Le 28 février dernier, l’Enseignement catholique présentait, dans le cadre de la campagne présidentielle, sa contribution pour l’école. Pascal Balmand, son secrétaire général, nous en détaille les grandes lignes.

Pascal Balmand, secrétaire général de l’Enseignement catholique.
© D. R.

Paris Notre-Dame – Pourquoi cette initiative ?

Pascal Balmand – Elle n’a rien d’inédite, puisqu’en 2012, lors de la dernière élection présidentielle, nous nous étions déjà exprimés. Pourquoi avoir pris cette initiative ? Parce que l’Enseignement catholique accueille un peu plus de deux millions d’enfants et de jeunes, soit près de 20% des élèves de ce pays. Nous représentons une manière différente de penser et de vivre l’école, fondée sur la tradition et la pensée de la doctrine sociale de l’Église. Il paraît donc légitime que nous fassions entendre notre voix. Je dirai même que si nous ne le faisions pas, nous ne serions pas fidèles à nous-même.

P.N.-D. – Vous prônez une approche politique de l’école différente ?

P. B. – Il faut en finir avec les réformes venues d’en haut. L’expérience montre que cette façon d’administrer le système scolaire a largement atteint ses limites. Il y a parfois une marge considérable entre ce qui est décidé au ministère de l’Éducation nationale et ce qui est vécu au sein des établissements. Nous proposons donc d’inverser cette démarche et de faire davantage confiance aux communautés éducatives.

P.N.-D. - Parmi vos propositions, vous souhaitez que les professeurs et les directeurs d’établissements aient plus de liberté ?

P. B. – Étant entendu que la notion de liberté ne se comprend pleinement qu’en l’accompagnant de la notion de responsabilité. Il ne s’agit pas de donner un blanc-seing à qui que ce soit mais de faire reposer le système sur un pacte éducatif. L’une de nos convictions est que les enfants et les jeunes sont tous différents et que la véritable égalité ne réside pas dans l’uniformité des pratiques, mais plutôt dans l’ajustement concret à cette pluralité de profils. Ce qui suppose qu’on laisse la place aux initiatives des équipes sur le terrain. Et ce qui va de pair avec cette pédagogie différenciée, c’est le décloisonnement des filières. Le système scolaire français fonctionne aujourd’hui sur un mode en silos, avec un cloisonnement des filières et des hiérarchies implicites, qui nuisent en particulier à un vrai développement de l’enseignement professionnel et de l’apprentissage. L’idée est d’assouplir le système et de multiplier les passerelles entre les différentes voies de formation, de sorte que chaque jeune puisse trouver le chemin de son excellence. C’est un point auquel nous attachons beaucoup d’importance. Et si notre document n’est pas une liste de revendications pour l’école catholique, nous souhaitons cependant que celle-ci prenne toute sa place dans le paysage scolaire. C’est pourquoi nous suggérons notamment de reconsidérer l’usage des 80/20 [1] en ce qui concerne la répartition des moyens d’enseignement. Si le pouvoir politique considère que l’école catholique est vraiment un partenaire à part entière, il faudra qu’il prenne le temps de nous rencontrer, afin de vérifier que les équilibres du passé sont encore pertinents aujourd’hui.

Priscilia de Selve

[180/20 : 80% des élèves étant dans l’enseignement public (contre 20% dans l’enseignement privé), 80% des créations de postes lui sont attribuées. Un système mis en place au milieu des années 1980 et qui, selon l’Enseignement catholique, ne lui permet pas d’avoir les moyens humains nécessaires pour être présent dans les zones fragiles ou à l’abandon.

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