Offrandes de messes : « La prière n’a pas de prix »

Paris Notre-Dame du 13 février 2020

Depuis janvier 2020, le montant des offrandes des messes, voté en novembre 2019 par la Conférence des évêques de France, a légèrement augmenté. Une occasion de se poser la question, avec le P. Francis de Chaignon, théologien et directeur au Séminaire de Paris, du sens de ces offrandes accompagnant la prière faite à des intentions particulières.

Le P. Francis de Chaignon est théologien et directeur au Séminaire de Paris.
© D.R.

Paris Notre-Dame – Inchangé depuis 2014 et indexé sur l’indice de l’inflation, le montant conseillé de l’offrande de messe est passé de 17 à 18 euros ; la neuvaine, de 170 à 180 euros. Comment comprendre le sens donné à ces prix ?

P. Francis de Chaignon – Justement, la prière n’a pas de prix. La messe est gratuite. Quand on demande à un prêtre de célébrer une messe, une neuvaine ou un trentain pour une intention particulière, on ne les achète pas ! Mais on fait une offrande, à l’occasion de la célébration, pour la vie de l’Église, de la paroisse et des prêtres, et pour soutenir leur(s) mission(s). En outre, le barème fixé est seulement indicatif, chacun est libre de donner. L’idée étant simplement, en fixant un montant, d’éviter tout ce qui ressemblerait à du commerce douteux et de favoriser une comptabilité rigoureuse de l’argent reçu. Comme lorsque l’on donne à la quête, l’offrande matérielle est signe d’offrande personnelle et spirituelle. Il s’agit donc de s’unir d’une manière particulière à ce qui se vit dans la messe. Concrètement, c’est aussi un aspect de la vie économique de l’Église et, souvent, les gens sont heureux de donner quand ils s’engagent dans l’acte de culte concerné (messes spécifiques ou autres célébrations), ce qui peut être complémentaire au don, plus global, du denier. Les prêtres et les paroisses prennent grand soin de ces intentions demandées par les fidèles, toutes notées sur un registre tenu et suivi. Cela fait partie du soin pastoral apporté par la paroisse, qui témoigne de la sollicitude de l’Église et de sa mission auprès des hommes.

P. N.-D. – Comment comprendre néanmoins cette notion de quantification : neuvaine, trentain… ? Plus on fait dire de messes, plus on est exaucé ?

F. C. – Cette forme de prière est liée à la foi des croyants dans l’eucharistie et les fruits que ce sacrement porte. Ce n’est pas pour Dieu que l’on répète la prière de neuvaine ou la messe, c’est pour nous ! L’être humain a besoin de répéter pour mieux entrer dans une démarche et la comprendre. L’efficacité, du côté de Dieu, est entière. La multiplication concerne les hommes : la messe ne multiplie pas le sacrifice du Christ mais le rend présent à de multiples occasions, dans le monde et dans nos histoires de vie. C’est ainsi que jadis, des fondations existaient pour dire des « messes perpétuelles » pour telle intention. Répéter sa prière engage ainsi davantage le fidèle.

P. N.-D. – Quels sont les fruits spécifiques de la messe ?

F. C. – Prier pour une intention à la messe est un acte de foi en la puissance du sacrifice du Christ. Nous en attendons d’abord des bienfaits spirituels : l’unité, la foi, la charité. On unit sa prière à l’acte sacerdotal du Christ qui présente les hommes à Dieu… Le Christ a donné sa vie pour nos vies ! Il fait descendre sur nous ses bienfaits. C’est aussi une démarche communautaire : nous prions tous les uns pour les autres. L’enjeu est de grandir davantage dans la confiance. Dans l’Évangile, Jésus nous appelle à demander sans nous décourager. Nous devons insister, pas pour que Dieu entende mieux, mais pour nous ouvrir davantage à ce qu’il veut nous donner.

Propos recueillis par Laurence Faure@LauFaur

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