Orthodoxie : un concile historique, bien que houleux

Paris Notre-Dame du 29 juin 2016

P. N.-D . – Du 16 au 27 juin , en Crète, s’est tenu le Grand et saint concile panorthodoxe. Or, sa tenue a été gravement compromise. Que s’est-il passé ?

P. Jérôme Bascoul, vicaire épiscopal pour l’unité des chrétiens.
© AGNÈS DE GÉLIS

P. Jérôme Bascoul –Quatre Églises autocéphales sur les quatorze n’ont pas envoyé de délégation, alors qu’elles s’y étaient initialement engagées en janvier 2016. L’Église de Géorgie, par exemple, a voulu soumettre à son synode le texte sur le mariage, que le primat avait pourtant signé. Les Églises d’Antioche, de Bulgarie et de Russie ont, elles aussi, choisi de ne pas se rendre en Crète. Les pommes de discorde sont essentiellement les diasporas orthodoxes en pays non orthodoxes (à quelle Église sont-elles rattachées ?), la question de l’accession à l’autocéphalie (capacité des Églises à se gouverner par elles-mêmes) et celle des relations avec le monde non orthodoxe.

P. N.-D. – Ce concile avait-il pour but de définir des points importants de la foi ?

P. J. B. – Non. Le monde orthodoxe est conscient de sa grande unité de foi et ce concile traitait davantage de questions connexes. Il a abordé six thèmes : la mission de l’Église orthodoxe dans le monde contemporain, la diaspora orthodoxe, l’autonomie des Églises autocéphales, le sacrement de mariage et ses empêchements, l’importance du jeûne et son observance aujourd’hui, et enfin, les relations de l’Église orthodoxe avec le reste du monde chrétien.

P. N.-D. – Les Églises orthodoxes préparent-elles cet évènement depuis longtemps ?

P. J. B. – Certainement ! C’est un projet très ancien, né il y a près de soixante ans, sur l’initiative du patriarche œcuménique de Constantinople, Athénagoras. Il a contribué à la fondation du Centre orthodoxe du Patriarcat de Constantinople à Chambésy en Suisse, dans le but de préparer la tenue du concile, dont il fait la promotion dès 1951. Les quatorze Églises autocéphales orthodoxes se mettent d’accord, dès 1961, sur un programme des sujets à aborder et élaborent un consensus d’où sont issus les textes présentés au concile. La recherche de l’unanimité explique cette longue attente. Cependant, l’absence de quatre Églises démontre que, dans le fond, le consensus n’avait pas abouti.

P. N.-D. – Quelles sont les conséquences, pour le monde orthodoxe, de l’absence de quatre Églises lors du concile ?

P. J. B. – En dépit des désaccords, cet événement a ranimé, chez les quatorze Églises, la conscience qu’il est important pour elles de manifester leur unité. Elles se rendent compte du mauvais signal qu’elles envoient. Beaucoup sont sincèrement désireux d’une plus grande unité. Il s’agit, en fait, du premier concile orthodoxe général depuis plus de mille ans ! Sa tenue permettra sans doute à d’autres conciles d’avoir lieu et de se proposer des objectifs plus ambitieux.

P. N.-D. – En quoi ce concile concerne-t-il les catholiques ?

P. J. B. – L’Église romaine se réjouit de la tenue de ce concile, parce que le règlement de questions sensibles entre les orthodoxes ne peut que faire avancer la marche de l’unité ! Des observateurs d’autres confessions chrétiennes ont, en outre, été invités aux sessions d’ouverture et de clôture du concile. • Propos recueillis par Pauline Quillon

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