Pour le pape François « Les laïcs ne sont pas le bras exécutif de l’évêque »

Guzman Carriquiry Lecour, Secrétaire de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, haut responsable laïc à la Curie romaine et ami personnel de Jorge Bergoglio décrypte pour la Croix la vision qu’a le pape de la responsabilité des laïcs dans une Église jugée trop cléricale.

Guzman Carriquiry Lecour, Secrétaire de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, haut responsable laïc à la Curie romaine et ami personnel de Jorge Bergoglio décrypte pour la Croix la vision qu’a le pape de la responsabilité des laïcs dans une Église jugée trop cléricale.

Dans une lettre adressée le 19 mars au cardinal Ouellet, président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, le pape François met en garde contre une « cléricalisation » des laïcs. Pourquoi ?

Guzman Carriquiry : Le pape François estime que l’Église, en Amérique latine, est très cléricale. Lui aime le pasteur au sein de son peuple, qui jouit de cette appartenance, qui fait montre d’une proximité miséricordieuse, missionnaire et solidaire avec les réalités concrètes vivantes de son peuple, avec ses espérances et avec ses souffrances. Le cléricalisme, pour lui, c’est l’absence de cette proximité. C’est conduire le peuple du dehors, de loin, se servir du laïc considéré comme un collaborateur pastoral, au mieux un responsable.

Il ne veut pas d’un évêque qui voit les laïcs comme son bras exécutif appliquant des directives du pasteur. L’évêque doit respecter la liberté des laïcs, les soutenir dans leur engagement dans la vie publique, leurs initiatives, leur participation. Les laïcs, pour le pape François, sont experts de leur propre vie. Ils savent très bien ce qu’ils doivent faire.

Quelle responsabilité souhaite-t-il pour les laïcs dans l’Église ?
G. C. : Ce que le pape François déteste, c’est de penser l’Église comme l’adjonction de trois corporations : clergé, religieux, laïcs. Notre titre de dignité depuis Antioche, notre titre de gloire, est d’être chrétien. Il y a une égale dignité commune de base de tous les baptisés, formant le saint peuple de Dieu. Après, on devient prêtre, consacré, évêque... Mais 1’onction de l’Esprit Saint sur le peuple de Dieu passe aussi à travers la vie des laïcs. Quand on parle d’eux, le pape pose immédiatement l’horizon de ce saint peuple de Dieu dont ils font partie. Il n’aime pas qu’on parle des laïcs sans marquer cette appartenance.

Pour lui, il est très important que tout laïc engagé, militant dans un mouvement, ne perde jamais de vue cette appartenance plus large à ce peuple en chemin. C’est pourquoi il refuse l’idée d’une élite laïque dans l’Église. Il tient au contraire beaucoup à l’immersion du saint peuple de Dieu au sein des peuples séculiers. En ce sen, son attachement à cette co-pénétration diffère de la vision de Benoît XVI, qui valorisait une minorité chrétienne créative dans un milieu sécularisé.

Recueilli par Sébastien Maillard (à Rome)
Source : La Croix

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