Premier cœur à cœur avec Jésus dans le désert marocain

Éléonore est partie en pèlerinage dans le désert marocain. Au milieu d’un paysage inédit pour elle, elle a vécu son premier cœur à cœur avec Jésus. Voici son témoignage.

« Tu repars dans le désert ? Mais alors, tu vas encore pas te laver ? » ou « Tu veux encore sentir Jésus sur ton cœur ? » d’un ton un peu moqueur. Petites phrases entendues lorsque j’ai annoncé à ma famille, mes collègues que je repartais dans le désert.
Et oui, on ne s’est pas vraiment lavé ; juste un petit coup de lingette, histoire de dire, avant d’aller se coucher ! Ça n’empêche, je suis revenue de ces 6 jours dans le désert un peu… décapée !

Mon premier cœur à cœur avec Jésus

C’est ma seconde retraite dans le désert marocain. Il y a 2 ans, j’étais partie avec des interrogations. J’étais à l’époque totalement perdue dans ma foi. J’allais à la messe plus pour faire comme mes amis, et pas vraiment par nécessité.
J’y suis donc allée en me disant : soit il se passe un truc, je le rencontre et banco ! Soit il ne se passe rien et j’assume. J’arrête de faire semblant et je cesse d’aller à la messe.
Au bout d’une dizaine de jours passés à prier, nous avons eu la chance de porter le Saint-Sacrement. Ça paraît un peu bizarre de raconter ça, mais j’ai ressenti une grande vague de chaleur irradier mon cœur de cette hostie consacrée. J’avais ma preuve ! J’étais en communion avec Jésus ! Pour une fois, j’avais l’impression que la connexion était parfaite et pas unilatérale !
A mon retour, j’ai cessé d’aller à la messe pour faire comme les autres et j’ai décidé d’y aller pour moi, pour être avec Lui. Je me suis sentie grandie. On revient toujours un peu exalté, illuminé de ce genre de retraite. Ça dure le temps que cela dure et le quotidien reprend tout doucement le dessus et nos bonnes résolutions s’étiolent...

Retour sur les lieux de cette première vraie rencontre

Fin août, un dimanche où je venais vider mon sac auprès du Seigneur : à quoi jouait-Il ? Pourquoi m’avoir mis dans cette difficulté ? Et où était-Il quand j’avais besoin de lui ? Qu’est-ce qu’Il a essayé de me dire ? car s’il y avait un message, je ne l’ai pas du tout compris ! Pourquoi ça me touche autant et je me sens tellement fragilisée dans cette épreuve ?
Et en sortant de cette messe, paf un mail de Maëliss, minette bien sympa, croisée quelques mois auparavant sur un ponton de bateau... Une proposition de pélé dans le désert marocain qui tombe juste sur ma semaine de vacances programmée un an avant. Banco ! L’occasion de repartir sur les lieux de ma première vraie rencontre avec Jésus.

La chaleur, le sable, le silence...

La première fois, on était resté à la frontière du désert et on supportait une polaire la journée et un bonnet la nuit. Cette fois-ci, nous nous sommes enfoncés dans le cœur du désert et nous avons eu chaud, très chaud !
Entre la chaleur et l’effort physique, la première journée de marche a été difficile. Il m’a fallu prendre mes marques, mes repères. Le début de la marche commence en silence. Le paysage est magnifique, des dunes à perte de vue : des grandes, des petites, des toutes lisses et des travaillées par le vent, on y distingue des pas de dromadaires et des traces d’insectes... J’en prends plein les yeux, c’est splendide. Au fur et à mesure de la journée, le pas se ralentit. Chaque dune est de plus en plus dure à grimper. Je sens le soleil taper contre ma peau et les artères de mes jambes bondissent. Il fait chaud. J’essaye de focaliser mon attention sur autre chose que la chaleur ou les mouches qui m’agacent à se poser constamment sur mon visage. Je commence à prier, pour m’occuper, et puis parce que je suis un peu là pour ça aussi. Mon esprit s’évade, je repense à mon quotidien, à mes amis, mon boulot... Et je reviens à la prière, je suis un peu en boucle...
Dans ces longs moments de silence, je me retrouve face à moi-même et face à Dieu. Que lui dire ? J’ai l’impression de lui avoir déjà tout dit et qu’Il sait déjà tout. Je pense qu’Il sait même avant que je lui dise. Je lui ai confié mon entourage, ma famille. Je lui ai exposé mes interrogations, mes demandes, mes peurs... Au bout d’un moment, j’ai l’impression de ressembler à un vieux disque raillé. Il faut que je renouvelle ma façon de prier. Je lis des passages de la Bible et je médite sur les textes du carnet.
Après le topo du milieu de matinée, il faut repartir. Il fait encore plus chaud. Les gourdes se vident assez vite. Ceux qui le souhaitent peuvent discuter par 2. J’étais partie dans l’idée de rester en silence toute la marche. Mais au bout d’un moment, je commence à fatiguer, car on escalade sans cesse les dunes. A chaque pas la dune s’effondre un peu et mon pied recule de quelques centimètres. Il faut refaire un effort pour des centimètres déjà faits.

Bref, j’ai découvert le chapelet

L’emplacement du soleil dans le ciel m’indique que l’on n’est pas encore arrivé. Il faut que je trouve un moyen pour m’évader ; je contemple le paysage, j’observe les traces des premiers pèlerins dans le sable. La journée s’allonge, j’ai l’impression qu’elle ne va jamais finir.
Pour m’occuper, je fais un « Notre Père » et puis un deuxième et, pour changer, un « Je vous salue Marie » et en bonne petite pèlerine, sans vraiment m’en rendre compte, je sors mon chapelet. Je ne suis pas franchement familière avec cet objet mais ça semble de circonstance. Et en même temps, cette situation non plus n’est pas franchement familière. Je me fais sourire moi-même en me voyant le chapelet à la main. Si on m’avait dit ça, il y a quelques mois... Mes précédents chapelets, on était en groupe. On récitait les prières, les unes à la suite des autres. Cette façon de prier jusque-là ce n’était trop mon truc. Mais là, rien n’est pareil, je suis toute seule. Je ressens le besoin de me concentrer sur chaque mot que je récite.
Durant cette semaine de marche, dès que j’ai ressenti le besoin d’avoir un petit coup de pouce pour avancer, je l’ai sorti. Ça a été une de mes forces et ma révélation de la semaine. Le moyen pour moi de me concentrer sur cette petite perle qui glisse entre mes doigts pour ne pas perdre le fil, de me concentrer sur la prière et sur chaque mot que je récitais. J’égraine le chapelet durant la marche en admirant le paysage et je me surprends à accélérer le pas et à avoir le cœur plus léger. Bref, j’ai découvert le chapelet !

La rencontre avec l’Autre

Observer mes petits camarades m’a également donné du courage dans les moments moins faciles. J’étais admirative de celle qui malgré la turista et ses batteries totalement à plat continuait à marcher quasiment comme si de rien n’était et avec un humour sans égal ! Ou bien ceux dont les petits bobos aux pieds les faisaient claudiquer et alterner la marche pieds nus, en chaussettes et en dernier recours, quand le sable était vraiment trop chaud, avec des chaussures.
Surprendre des regards de connivence ou au contraire de soutien, des sourires ou des grimaces qui en disent longs. Ceux qui font le guignol ou au contraire qui prennent la pose devant le photographe. Et ceux qui, à l’arrivée, trouvent toujours l’énergie de servir le thé. Des petites aux grandes attentions, de l’échange de pansements aux recettes « magiques » à base de bouchon de pastis, de cuillère à café de cumin, en passant par les petits moments de folies pour décompresser, le retour au campement se fait dans la joie et la bonne humeur. Les fous rires et les jeux consistant à dévaler la dune en courant, à plat ventre ou en roulade nous font vite oublier la fatigue et les maux de la journée. Admirer la création tous ensemble lors d’un coucher de soleil sur une dune de 240m d’altitude finit de tout nous faire oublier.

Le pélé a bien évidemment été une rencontre avec Dieu mais également aussi une rencontre avec l’autre. Chacun a une façon bien personnelle de trouver sa place dans le groupe. Il y a ceux qui sont aux petits soins pour les autres, soucieux du bien-être. Ceux qui mettent l’ambiance et font les clowns pour le plaisir de tous, et ceux qui, plus réservés, se livrent surtout en petit comité. Les aventuriers qui dorment sur l’arête de la dune qui surplombe le camp, ou le solitaire qui établit son campement entre 2 dromadaires, et ceux (celles) qui préfèrent la convivialité de la tente commune.

La rencontre aussi avec Lahcen, notre guide, qui avait le souci de nous faire partager les coutumes, les traditions de son pays et de sa religion. Nous avons observé les cuisiniers préparer et cuire le pain dans un four de fortune. Nous avons partagé une veillée avec les chameliers berbères autour d’un feu de camp. Richesse de l’échange à travers des regards, des sourires, quelques pas de danses et des chants. Nous avons été chouchoutés durant toute la semaine par une équipe bien rodée. A notre arrivée, le camp était monté, le déjeuner et le traditionnel thé archi sucré mais tellement plaisant après l’effort, prêts.
L’accompagnement personnel et collectif des frères de St Jean m’a guidé tout au long de cette aventure pour ne pas faire de cette semaine un banal trek dans les dunes. Par leur écoute et leurs conseils, ils ont su faire en sorte que ce temps passé dans le désert soit véritablement un temps de désert.

J’ai confiance, Dieu est là et Il veille !

Cette fois-ci, je ne suis pas venue avec des questions, mais je suis quand même repartie avec des réponses ou des certitudes. J’ai confiance, Dieu est là et Il veille !
Un grand merci à Maëliss, au frère Emmanuel de la Croix et au frère François Réginald sans qui cette semaine n’aurait jamais vu le jour.
Merci à mes petits camarades de balade, on recommence quand vous voulez !
Alors, tentés ?

Éléonore
 Article Marche spi dans le désert marocain.

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