Protestants et catholiques dans le Grand débat national, dans la revue Réforme

Par un soir de giboulées, catholiques et protestants du huitième arrondissement de Paris se sont rassemblés dans le temple du saint Esprit pour participer au Grand débat national. Cette initiative œcuménique avait été prise par le père Horaist, curé de l’église de la Madeleine.En deux temps et trois mouvements, l’alchimie s’est réalisée.

Mardi 12 mars, des paroissiens de l’église de la Madeleine et du Temple du saint Esprit se sont rassemblés pour formuler des propositions dans le cadre du débat voulu par Emmanuel Macron.

Par un soir de giboulées, catholiques et protestants du huitième arrondissement de Paris se sont rassemblés dans le temple du saint Esprit pour participer au Grand débat national. Cette initiative œcuménique avait été prise par le père Horaist, curé de l’église de la Madeleine : « Quand j’ai rencontré le pasteur Amedro, de cette paroisse, lors des vœux de la mairie, tandis que le mouvement battait encore son plein, j’ai pensé que nous devions nous retrouver autour du Grand débat national ». En deux temps et trois mouvements, l’alchimie s’est réalisée. Presque aussitôt, l’idée de s’installer dans le temple a été prise, pour conserver à la rencontre le caractère intime que ne garantissait pas le gigantisme de l’édifice catholique, et la date du 12 mars a été choisie.

Rigueur démocratique
Les participants se sont vraiment réunis : l’observateur extérieur ne pouvait pas deviner qui était protestant, qui était catholique– même, avec humour, en étudiant les tenues vestimentaires. Au début de la réunion, l’ambiance était joyeuse, un brin décontracté. Mais très vite, sous la conduite du pasteur Jean-Arnold de Clermont – qui tenait le rôle du Monsieur Loyal avec naturel et autorité– la petite centaine de paroissiens s’est prise au jeu.

Huit groupes ont été constitués pour débattre des thèmes proposés, dont voici quelques éléments : violence, pagaille et haine ; manque de discernement, abandon et solitude ; réseaux sociaux et médias ; retour de la vie politique, fiscalité et pouvoir d’achat ; perte des valeurs et déficit d’éducation ; respect de l’environnement et crainte devant l’avenir. Quarante minutes plus tard, les délégués de chaque groupe ont exprimé les propositions des paroissiens.

« Monsieur le président, votre responsabilité consiste à nous raconter notre histoire nationale et nous rappeler nos valeurs communes, a déclaré la première intervenante, en évitant de nous focaliser sur nos différences, ce qui ne nous exempte pas de notre responsabilité qui est de manifester de l’empathie, de l’écoute vis-à-vis des autres ». Estimant que les réseaux sociaux, d’une façon paradoxale, provoquaient la fragmentation de la société, une porte-parole a proposé d’en modérer le ton, puis « de développer le sens critique, la lecture des livres, de favoriser les associations comme lieux d’écoute ». Une idée complétée quelques minutes après par la volonté de sanctionner ces mêmes réseaux quand ils véhiculent de fausses nouvelles ou des incitations à la haine. Le recours à des gestes pratiques et quotidiens a été défendu comme un bon moyen de respecter l’environnement. « Contre l’isolement, a déclaré l’un des participants, nous proposons l’accompagnement d’une personne par une autre personne, à la fois par les pouvoirs publics et l’État–par le biais d’une structure de proximité, soit municipale, soit départementale– mais aussi par le tissu professionnel qui, quelle que soit sa taille, que l’on pourrait obliger d’accompagner, voire de ‘coacher’ des personnes isolées. Celle ou celui qui a réussi n’a pas que des droits, il a des devoirs ». Les intervenants du groupe chargé de réfléchir à un meilleur partage des richesses a recommandé une fiscalité plus équitable, ainsi qu’une meilleure écoute de l’autre, en particulier chez les plus démunis de nos concitoyens.

La fraternité, toujours recommencée
Pour consolider la fraternité, les paroissiens ont demandé la restauration des corps intermédiaires, auxquels appartiennent les Églises, et la mise en œuvre d’une aide qui suppose une contribution de chacun à la nation. Les contributions ayant toutes été notées. Jean-Arnold de Clermont a publiquement félicité les participants d’avoir su se parler, s’écouter ; puis il s’est demandé comment, au sein du huitième arrondissement de Paris, pouvait s’exercer le devoir de fraternité : « La liberté, l’égalité, sont des questions de droit. La fraternité n’en est pas une. Contournant la difficulté, nombre de constitutionnalistes ont tendance à lui substituer la solidarité. C’est très bien, mais cela ne lève pas le mystère. On peut penser que, dans l’esprit des premiers républicains, la fraternité représentait le regard sur la nation, considérée comme un tout. De plus en plus, ce terme concerne un espace plus large ; on parle d’une fraternité planétaire ». Ainsi, d’une manière implicite mais forte, les migrants, dont l’existence n’avait guère été évoquée jusqu’alors, se trouvaient-ils invités dans le Grand débat national.

En conclusion, le père Horaist a invité l’assistance à réciter le Notre Père. La belle humeur du pasteur Samuel Amedro, causant quelques instants plus tard avec chacun, signait une véritable réussite œcuménique.
Source : Réforme - 15 mars 2019

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