Quel sens ont les apparitions ?
Paris Notre-Dame du 16 juillet 2015
P. N.-D. – L’été est un temps propice aux pèlerinages, notamment dans les sanctuaires où la Vierge est apparue. Qu’est-ce qu’une apparition ?
P. Guénolé Feugang – L’apparition est une manifestation de la Vierge Marie ou de Jésus lui-même, voire de certains saints, à une personne ou à un groupe de personnes. À la chapelle de la Médaille miraculeuse, Dieu a ainsi envoyé la Vierge auprès de Catherine Labouré, à Lourdes auprès de Bernadette Soubirous, et à Fatima auprès de trois enfants. Une apparition a lieu quand la personne est éveillée : il ne s’agit pas d’un songe ou d’un rêve, mais de quelque chose de visible, de concret, de sensible, avec un message spécifique qui est délivré par la personne qui se manifeste. Ainsi, dans les Actes des Apôtres, Paul entend et voit le Seigneur, tandis que les personnes autour de lui ne le voient pas mais entendent sa voix (Actes 9, 7).
P. N.-D. – Que peut-on dire des messages qui sont ainsi transmis ?
P. G. F. – Les apparitions de la Vierge sont à chaque fois très contextualisées, si bien que les messages ont leur spécificité propre. Rue du Bac, le message est pluriel. En observant la médaille miraculeuse, frappée à la demande de la Vierge, on perçoit l’appel à l’abandon, à l’action transformatrice de Dieu, l’appel aussi à demander à Dieu dans la prière d’intercession, à participer à l’action salutaire du Christ ou encore à vivre dans l’amour et la miséricorde. Un message est aussi délivré à travers la personne qui l’a reçu. Enfant, Catherine Labouré avait ainsi décidé de prendre la Vierge Marie pour mère. Après les apparitions, elle a mené une vie discrète, engagée auprès des plus petits et des plus âgés. Si en un sens, les apparitions n’apportent « rien de nouveau » par rapport à l’Évangile, elles sont toujours une invitation à la foi, à l’espérance et à la charité, déclinée sous des angles précis. Elles donnent ainsi au message du Christ un visage actuel, en le contextualisant : à Catherine Labouré, Marie annonce, en 1876, que « les temps seront mauvais », mais qu’elle « aura la grâce ».
P. N.-D. – Comment l’Église peut-elle authentifier les apparitions ?
P. G. F. – Dans les Écritures comme aujourd’hui, les apparitions ont, comme les miracles, un rôle de signe qui vient valider, authentifier, donner du crédit à la parole du Christ et de l’Église. Elles permettent d’affermir ou d’approfondir la foi, sans que cela soit pour autant nécessaire. Dans sa sagesse et son discernement, l’Église fait tout un travail d’observation, d’analyse et d’interprétation pour vérifier que les messages soient en cohérence avec la foi et la tradition de l’Église. La tentation de l’extraordinaire, du sensationnel ou de la nouveauté est en effet grande chez certains baptisés. Il peut y avoir la manipulation du malin, mais aussi des illuminés qui inventent des prédictions qui n’ont rien à voir avec le divin. Si la Vierge n’attirait qu’à elle sans orienter les fidèles vers le Fils et vers le Père ou si celui qui recevait l’apparition était plus conduit au péché qu’à la sainteté, cela serait par exemple dangereux. • Propos recueillis par Ariane Rollier
