Quelle place pour le diacre dans l’Église ?

Paris Notre-Dame du 14 février 2019

Pour approfondir la réflexion sur la place du diacre permanent dans l’Église et dans les paroisses, Arnauld du Moulin de Labarthète, lui-même diacre à St-Roch (1er), a conduit une enquête auprès d’une trentaine de ses confrères à la retraite. Il nous en livre le résultat.

Paris Notre-Dame – Vous avez conduit une enquête auprès de vingt-cinq diacres parisiens de 75 ans et plus. Pourquoi ?

Arnauld du Moulin de Labarthète est diacre depuis 1998. Il est, depuis trois ans, chargé du service des diacres aînés.
© D.R.

Arnauld du Moulin de Labarthète – L’archevêque de Paris avait émis, en février 2018, l’idée d’une consultation des diacres aînés, sur les joies et difficultés de leurs ministères. Interroger les diacres de 75 ans et plus, à l’heure de leur retraite « officielle », permettait d’obtenir un point de vue complet.
Avec Sabine Mellottée, veuve du diacre Henry Mellottée, nous avons donc attrapé cette suggestion au vol. Sur 31 questionnaires adressés, nous avons reçu 25 réponses, présentées à tous les diacres parisiens en juin 2018. Parmi les questions : « Qu’est-ce qui, dans votre ministère, a bien marché ? Quelles améliorations possibles ? Qu’est-ce qui vous rend heureux dans votre être de diacre ? » Les réponses sont variées, émouvantes et jamais convenues. Cette enquête rend visiblement compte d’une population de diacres heureux. Si les missions sont variées – services en paroisse, à l’hôpital, à la prison, etc. –, et qu’ils sont désormais en retrait, les diacres aînés témoignent « de ce qui reste toujours », comme dit l’un d’eux : « la proximité avec le Christ ». Le service de la communauté paroissiale se vit de manière « riche et inattendue », et beaucoup font part d’une joie qui a largement effacé leurs craintes de départ (vocation trop « chronophage » ; « Je ne sens pas capable »…)

P. N.-D. – « On ressent le besoin de savoir si notre mission a changé ou doit changer », relève malgré tout l’un d’eux. Comment l’expliquer ?

A. M. L. – La mission du diacre n’est pas facile à appréhender : il n’est pas prêtre, mais il a reçu le premier degré du sacrement de l’ordre. Il est le plus souvent époux et père de famille, tout en officiant durant la liturgie sacramentelle… Le diacre n’est pas, d’abord, un bénévole : il est configuré au Christ serviteur et sa joie de répondre à un appel est profonde. Mais sa mission a des applications variées selon les paroisses. Certains diacres interrogés ont ainsi fait part de leurs difficultés à trouver leur place avec certains curés – tout en relevant un bon accueil général. Aujourd’hui, alors que le nombre d’ordinations diaconales est stable – 5 à 10 ordinations par an, 130 diacres à Paris en 2018 –, Mgr Michel Aupetit, qui a pris la formation des diacres sous son aile, propose un approfondissement de la mission du diacre dans toute sa dimension, notamment dans la liturgie : sa part y est modeste mais significative. Il reçoit aussi la mission de proclamer la Parole et de prêcher. Parmi les points d’amélioration proposés, on note leur désir d’une fraternité diaconale renforcée.

P. N.-D. – « Je suis devenu de plus en plus amoureux de ma femme », constatent plusieurs diacres… On oublie parfois qu’ils vivent le plus souvent leur appel en couple.

A. M. L. – Le diaconat enrichit le mariage, on le sent. En outre, le diacre a une relation très particulière avec les membres de sa famille pour qui il célèbre des baptêmes ou reçoit des consentements de mariage. Ce rapport familial mérite d’être approfondi, car il n’est pas toujours évident, notamment pour les enfants. À la demande d’épouses de diacres, nous allons d’ailleurs bientôt adresser à ces dernières un nouveau questionnaire.

Propos recueillis par Laurence Faure

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