Séminaire Saint-Sulpice

Paul Seigneret, séminariste du diocèse de Paris, fusillé rue Haxo le 26 mai 1871, repose dans la Crypte de Notre-Dame de Lorette au Séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux (92). La Crypte de la chapelle conserve des souvenirs de la prison de la Roquette.

Crypte de Notre-Dame de Lorette du Séminaire Saint-Sulpice

L’inhumation

Dès le lendemain du dernier combat, le lundi 29 mai [1871], M. Sire, directeur au séminaire, et M. Gard, compagnon de captivité de Paul Seigneret à la Roquette, allèrent à la recherche de ses précieux restes. Ce fut à la prison seulement qu’ils apprirent que le dernier massacre des otages avait eu lieu sur les hauteurs de Belleville, devenues, comme autrefois celles de Montmartre, l’arène des martyrs. Quand ils arrivèrent à la cité Vincennes, ils eurent sous les yeux le plus navrant spectacle : une vingtaine de cadavres sanglants avaient déjà été retirés de la fosse où les assassins avaient entassé leurs victimes ; on travaillait à en retirer tous les autres. Parmi les corps qui étaient étendus sur le sol, ils n’eurent aucune peine à reconnaître celui de Paul Seigneret. Il était là, les yeux fermés, le visage parfaitement intact, blanc comme l’albâtre, sans souillure et sans contractions. La mort avait éteint sa douce physionomie, mais ne l’avait point encore décomposée ; et elle gardait quelque chose de cette sérénité qu’on avait admirée aux derniers jours de sa vie. Ses vêtements ne portaient pas la trace de violences. Sa soutane, inondée du sang qui avait coulé de la blessure reçue à la poitrine, était percée au bas de plusieurs balles. Il avait sur lui son chapelet, le petit Office de la sainte Vierge, et son livre tant aimé, le Nouveau Testament.

Déposé le soir dans l’église de Saint-Sulpice, le corps du jeune séminariste fut le lendemain, par les soins pieux de ses amis et de ses maîtres, renfermé dans un triple cercueil ; et le mercredi, en célébra pour lui un service solennel. L’office terminé, on descendit ces reliques précieuses dans les caveaux de l’église de Saint-Sulpice, en attendant que l’on eût fait choix du lieu où elles reposeraient d’une manière définitive. (...)

Enfin, le jeudi 27 juin 1872, quelques jours avant l’ouverture des vacances, eut lieu au séminaire d’Issy la cérémonie de la translation que n’oublieront point ceux qui en ont été témoins. (...)

Le corps de Paul Seigneret repose maintenant sous une dalle de marbre blanc, où, avec les emblèmes qui ornent souvent dans les catacombes le tombeau des martyrs, on a gravé l’inscription suivante :

HIC QUIESCIT
PAULUS-MARIA-JOSEPH-CLAUDIUS SEIGNERET
CLERICUS
SEMINARII SANCTI-SULPITII ALUMNUS
QUI PUER INGENIOSUS ET SORTITUS ANIMAM BONAM
VITAM BREVEM
SED CAPITATE IN DEUM ET HOMINES EXIMIAM
CONSTANTI QUE CRUCIS CHRISTI DESIDERIO FERVENTEM
SANGUINIS EFFUSIONE
GAUDIO EXULTANS COMPLEVIT
PARISIIS
DIE XXVIa MAII AN Di MDCCLXXI
ŒTATIS XXVI°
IN ODIUM RELIGIONIS TRUCIDATUS

Desiderium cordis ejus tribuisti ei Domine (PS, XX. 2.)

Ici repose
Paul-Marie-Joseph-Claude Seigneret,
clerc tonsuré,
élève du séminaire de Saint-Sulpice,
âme admirablement douée que Dieu avait ornée de ses dons les plus excellents.
Sa vie fut courte,
mais riche d’amour pour Dieu et pour les hommes,
et un ardent désir de la croix de Jésus-Christ l’inspira toujours.
C’est en tressaillant de joie
qu’il la couronna
par l’effusion de son sang.
Il fut massacré, en haine de la religion,
à Paris,
le 26 mai de l’année du Seigneur 1871,
la vingt-sixième de son âge.

Vous lui avez accordé, Seigneur, le désir de son cœur. (Ps 20, 2.)

 Lire les lettres de captivité de Paul Seigneret.
 À propos de la Chapelle Notre-Dame de Lorette.

Source : Paul Seigneret, séminariste de Saint-Sulpice fusillé à Belleville le 26 mai 1871, notice rédigée d’après ses lettres par un directeur du Séminaire de Saint-Sulpice, 1875.

Crypte de la chapelle du Séminaire Saint-Sulpice

La crypte de la chapelle du Séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux est devenu un lieu de mémoire particulier. En 1900, lors de la destruction de la prison de la grande Roquette dans le 11e arrondissement de Paris, l’administration propose à l’Église de lui remettre deux des cachots ainsi qu’une partie du mur d’enceinte.

La cellule où Mgr Georges Darboy, archevêque de Paris, passa ses derniers instants et le mur devant lequel il fut fusillé, sont reconstitués fidèlement dans la crypte du séminaire. L’autre cellule est celle de Paul Seigneret, un séminariste également exécuté.

Entre les deux cellules reconstituées, a été placée la porte de la cellule qu’occupait Paul Seigneuret à la prison de Mazas.

Devant le mur d’enceintes, sont morts les ecclésiastiques suivants : Mgr Georges Darboy, archevêque de Paris, le père Gaspard Deguerry, curé de La Madeleine, le père Léon Ducoudray, jésuite, le père Alexis Clerc, jésuite, et le père Michel Allard, aumônier d’ambulance.

Source : http://seminairesaintsulpice.fr/actualites/messe-en-memoire-de-monseigneur-darboy/