« Si je n’ai pas la charité » : chronique hebdo #17 de Mgr de Sinety

« Comment manifestons-nous notre appartenance au Christ par des choix qui nous distinguent et soulignent notre désir, tout en agissant en homme et femme responsable, de recevoir de lui et de lui seul la sécurité dont nous avons besoin ? »
Mgr Benoist de Sinety est vicaire général du diocèse de Paris.

« Si je n’ai pas la charité » : chronique hebdo #17 de Mgr de Sinety

Et si nous profitions de ce temps pour réfléchir ensemble à la question du juste prix ? Il ne s’agit pas d’évoquer un jeu télévisé, rassurez-vous… Mais plutôt d’ouvrir nos cœurs, nos intelligences sur une notion trop souvent oubliée. Beaucoup s’interrogent en se demandant : « comment vais-je pouvoir trouver l’argent pour acquérir telle ou telle chose dont j’ai envie, ou dont j’ai besoin ? »
Et la vie se déroule alors en recherche plus ou moins effrénée des moyens d’acquérir l’argent nécessaire à cette fin. N’est-ce pas d’ailleurs ce que nous vendent à longueur d’antenne les publicitaires de tout poil qui nous font miroiter toutes sortes de promesses ? Il y a d’un côté ceux qui dépensent parce qu’ils en ont les moyens, sans trop se poser de questions. Il y a de l’autre côté ceux qui aimeraient dépenser et qui se posent beaucoup de questions parce qu’ils n’en ont pas les moyens. Et le chrétien dans tout ça ?

Prenons un exemple : une famille a besoin d’acquérir une voiture, même si aujourd’hui ça n’est plus tellement à la mode à Paris, et s’interroge sur la marque et la catégorie de véhicules à rechercher. On trouve aujourd’hui dans toutes les grandes marques de véhicules, des gammes à peu près comparables, et sans être un expert de l’automobile, on peut raisonnablement penser que dans une même gamme, les prix peuvent osciller de manière importante selon que l’origine du véhicule se situe en Allemagne, en Italie, ou en France.
Quels vont donc être les critères de sélection et de discernement ? Vais-je choisir une voiture en fonction des besoins que j’en ai, ou en fonction du prestige qu’elle m’apporte ? Et nous voici renvoyés une fois encore aux exigences de l’Évangile ! S’il est nécessaire et légitime d’acquérir le véhicule dont j’ai besoin, et si cela est possible, de le choisir sur la robustesse de son moteur et sa sécurité, où dois-je m’arrêter ? Où s’arrête le besoin et où commence le superflu ?

Peut-être vous souvenez-vous de l’épisode de l’Évangile qu’on appelle souvent, l’obole de la veuve ? De cette femme dont Jésus fait l’éloge en disant qu’elle a donné de son nécessaire et pas simplement de son superflu, à la différence du riche qui avait mis une somme importante sans que cela ne lui coûte trop. Autrement dit, dans la vie quotidienne comment manifestons-nous notre appartenance au Christ par des choix qui nous distinguent et soulignent notre désir, tout en agissant en homme et femme responsable, de recevoir de lui et de lui seul la sécurité dont nous avons besoin.

Car le Christ est le seul capable de nous aider à sortir des prisons où nous entraîne, souvent à notre insu, le désir d’avoir et de paraître qui nous font oublier que l’essentiel de nos vies ne consiste pas en ce que nous possédons mais en ce que nous donnons.

Mission 2015-2018

Chroniques “Si je n’ai pas la charité” de Mgr Benoît de Sinety