Soixante-dix ans d’engagement du Secours catholique

Paris Notre-Dame du 28 avril 2016

Paris Notre-Dame – C’est l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France qui a décidé la création, en 1946, de l’association Secours Catholique-Caritas France. Mgr Jean Rodhain en est l’inspirateur. Qu’est-ce que vous retenez de ses orientations initiales ?

Pascal Bourgue est diacre permanent et président de la délégation diocésaine du Secours catholique de Paris.
© Céline Marcon

Pascal Bourgue – Notre association a eu la chance d’avoir un fondateur qui a eu une fulgurance spirituelle sur la pauvreté. Mgr Rodhain a mis la charité en action, pour que l’Église soit au plus proche des nécessiteux. Certaines de ses phrases résument bien sa pensée et sa conscience de l’urgence d’agir : « La charité n’a pas d’heure » ; « On laboure avec les bœufs qu’on a » ; ou « La charité d’aujourd’hui, c’est la justice de demain ». Il avait aussi la volonté de mettre les acteurs de la charité autour d’une même table, pour qu’ils agissent ensemble. La pensée de ce prêtre est toujours vivante. Une fondation Jean Rhodain a même été créée pour promouvoir sa spiritualité.

P. N.-D. – Quels sont les enjeux actuels pour la délégation diocésaine à Paris ?

P. B. – Comme pour Mgr Rodhain, l’essentiel pour nous est d’accompagner les plus pauvres. C’est donc la réalité de la pauvreté qui décide de nos priorités. Nous nous adaptons aux nouvelles formes de précarités : nous constatons par exemple que de plus en plus de familles vivent dans la rue. Dans notre projet de délégation 2014-2017, nous avons ainsi choisi trois publics prioritaires : les familles, les migrants et les personnes de la rue. Le Secours catholique a publié, le 11 avril, une étude sur les inégalités (économiques, sanitaires et éducatives) qui fracturent l’Île-de-France [1]. Le plus frappant, à Paris, est que ces dernières années, les arrondissements les plus riches deviennent plus riches et que les plus pauvres deviennent plus pauvres. C’est inadmissible.

P. N.-D. – Comment agissez-vous concrètement contre ces inégalités ?

P. B. – Notre délégation est organisée en cinq secteurs. Chacun est constitué d’une « maison », un lieu pour accueillir les personnes en difficulté. Environ mille bénévoles et trente-cinq salariés sont investis. C’est une preuve de grande solidarité que des personnes se lèvent et décident de donner de leur temps. Nous œuvrons dans deux directions. D’une part, nous agissons pour faire connaître les inégalités. Nous dénonçons par des plaidoyers les situations insupportables auprès des institutions et du grand public. D’autre part, notre mot d’ordre, c’est l’accompagnement global de la personne. Nous ne voulons pas être dans le distributif mais écouter les personnes accueillies, essayer de comprendre ce qu’elles vivent. Nous sommes persuadés qu’elles possèdent elles-mêmes la solution pour s’en sortir. Notre rôle est de les aider à reprendre confiance en elles. Ainsi, nous les faisons participer à nos instances de décision. Par ailleurs, nous mettons notre savoir-faire à disposition des paroisses, par exemple par le biais de nos centres de formation. C’est une collaboration que nous souhaitons renforcer. • Propos recueillis par Céline Marcon

À l’occasion des 70 ans du Secours catholique, plus d’une vingtaine de manifestations sont prévues dans une dizaine d’arrondissements parisiens, du lundi 23 au samedi 28 mai : exposition de photos, café de rue, tournoi de foot, etc. Une messe d’action de grâce sera célébrée par le cardinal André Vingt-Trois à St-Séverin (5e), le mercredi 25 mai, à 10h30.

Plus d’infos : 01 48 07 58 21 ;
paris.secours-catholique.org

[1Retrouvez l’étude sur secours-catholique.org

Les églises de Paris au service des gens de la rue

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