Synode sur la famille : les premiers enseignements

Paris Notre-Dame du 20 février 2014

P. N.-D. – Le sujet de la famille est au cœur du consistoire cette semaine. Quels enseignements tirez-vous des remontées des groupes de travail parisiens sur le questionnaire synodal ?

Mgr Éric deMoulins-Beaufort, évêque auxiliaire.
© Ariane Rollier

Mgr Éric de Moulins-Beaufort – Avant tout, que les contributions ont quasiment toutes un ton positif. L’initiative a touché : ceux qui ont répondu ont travaillé avec sérieux pour aider l’Église. Certaines formulations du questionnaire ont surpris. Par exemple, un point portait sur l’éducation des enfants issus « de mariages irréguliers » : si les mots avaient pour but de décrire une situation objective, ils ont pu susciter des réactions douloureuses. Il se confirme aussi que l’expression « loi naturelle » n’est pas comprise… Je pense qu’il y a donc un travail à faire, dans l’Église, sur le vocabulaire que nous employons. Il nous faut enrichir notre façon de parler, éviter des expressions trop rapides qui peuvent être blessantes. Un autre point important sur lequel nous pouvons travailler est celui de la pratique eucharistique. Sans perdre l’acquis de la communion fréquente, il faut nous souvenir tous que la participation à la messe n’a pas pour seul but la communion sacramentelle, que celle-ci représente en quelque sorte un pas de plus, qu’elle n’est ni un dû ni un droit mais que chacun doit s’examiner comme le dit saint Paul, avant de s’approcher. Participer à la messe sans communier sacramentellement est aussi un acte salvifique.

P. N.-D. – Dans les réponses, n’apparaît-il pas que les personnes de plus de 60 ans sont souvent plus critiques vis-à-vis de l’enseignement moral de l’Église que les plus jeunes ?

Mgr É. de M.-B. – C’est une nuance tout au plus. Il est vrai que les groupes composés de personnes de moins de 50 ans se réfèrent volontiers à l’enseignement de l’Église en y reconnaissant un idéal. Ils précisent que peu peuvent l’atteindre. Au siècle dernier, le développement des techniques autour de la conception a posé de nombreuses questions au magistère. L’Église a beaucoup précisé ce qui était bien et mal. Je pense notamment à la contraception ou aux manipulations génétiques. Nous sommes à un stade supplémentaire de réflexion : il s’agit de développer une véritable théologie de l’accompagnement. Le pape nous donne une bonne figure de cela. Il ne suffit pas de voir ce qui manque dans la situation des personnes pour être pleinement du Christ, reste à voir ce qui est déjà du Christ chez elles et qui mérite de grandir. L’objectif est de les aider à avancer avec patience et persévérance et à se laisser transformer. Il me semble ainsi essentiel de construire une vision de l’accompagnement qui ne soit pas faite de bons sentiments, mais de l’effort pour comprendre la manière dont Dieu nous conduit et dont nous devons lui répondre.

P. N.-D. – Qu’attendez-vous du Synode ?

Mgr É. de M.-B. – J’espère que le Synode parlera non seulement du statut conjugal et de la conception des enfants mais aussi de la vie familiale : de l’éducation des enfants, de la durée de vie des couples, de la façon d’aborder la maladie, le travail ou encore la vieillesse… N’oublions pas que le Synode se fera en deux temps : une assemblée extraordinaire pour déblayer le terrain en octobre avec les présidents des Conférences épiscopales, et une assemblée ordinaire en octobre 2015, où chaque Conférence épiscopale enverra une délégation. • Propos recueillis par Ariane Rollier

Synodes sur la famille