Un appel à la conversion et au choix

Paris Notre-Dame du 30 avril 2020

La pandémie qui frappe le monde et la France remet en question nos modes de vie et nos relations aux autres. Pour le P. Nicolas Troussel, vicaire à N.-D. des Champs (6e), la « tempête » actuelle a amorcé une certaine prise de conscience qui résonne, dit le pape, comme un appel à la conversion et au choix.

P. Nicolas Troussel, vicaire à N.-D. des Champs (6e).
© D.R.

À l’intérieur même des épreuves et des souffrances, il y a pu avoir une prise de conscience de la nécessité de rendez-vous de prière comme l’a fait une maîtrise scoute, en visioconférence, chaque jour du Triduum pour faire un partage d’évangile pendant plus d’une heure. Il y eut aussi une prise de conscience qu’il faut cultiver des relations fraternelles où l’on prend le temps de s’écouter vraiment, ou encore où l’on prend soin des plus fragiles comme lors de la distribution des repas dans nos paroisses. Il y eut aussi la joie renouvelée de la famille réunie, avec ses repas ensemble, ses efforts de service, ses rituels réinventés permettant à chacun de trouver sa place. Enfin, certains ont redécouvert la contemplation avec la lecture, la peinture ou le dessin, le jardinage comme ces paroissiens ayant décidé de faire un jardin potager sur leur balcon… Autant de prises de conscience sur l’essentiel dans ma vie, la communion avec Dieu et entre nous.
Mais, aurais-je suffisamment goûté à la joie de cet essentiel pour décider de ne pas me disperser ?
Et quand bien même serais-je décidé à privilégier cet essentiel désormais, vais-je accepter de reconnaître les obstacles en moi et autour de moi pour essayer de m’en débarrasser ? Vais-je reconnaître mes fausses sécurités, mes illusions de bien-être, cette agitation qui sature l’agenda sans donner le temps de vivre, qui multiplie les rendez-vous sans jamais vraiment rencontrer personne, cette frénésie de consommation qui prétend combler tous nos manques ? Vais-je accepter de reconnaître ma soif de pouvoir qui cherche à assurer son avenir plus qu’à participer au bien commun ? Sans compter qu’il serait illusoire de ne pas interroger nos pratiques d’entrepreneur ou d’employeur, de propriétaire ou de loueur, d’élu ou d’électeur…
Sur ce chemin, comme toujours, nous sommes appelés à être lumière du monde, capables de reconnaître dans ces prises de conscience des appels du Seigneur qui fixent un cap, proposent une aventure à risquer, sans bien connaître les pas à faire, toujours tendus vers le but mais acceptant les compromis d’étapes nécessaires, consentant à l’inconfort et à la tension de savoir le chemin encore long mais avançant avec assurance (parresia Ac 4, 31s).
J’exprimerais ainsi les appels de Dieu que je discerne ces jours-ci : comment continuer à aider les familles à développer des rituels familiaux pour permettre à chacun de s’approprier la liturgie de l’Église et ne pas rater le rendez-vous quotidien de la prière, pour goûter toujours mieux la convivialité familiale ? Comment créer de nouveaux « lieux partagés » comme la distribution des repas sur le parvis qui permettent un accueil rassurant et visible où les plus fragiles puissent se risquer ? Comment enfin poursuivre la prise de conscience écologique amorcée sur la paroisse, la sobriété heureuse… comme chemin de conversion nécessaire… Va-t-on se lancer dans un jardin partagé ?
Ces appels rejoignent, il me semble, une quête de notre époque, la recherche d’intériorité, le déploiement de « tiers lieux » participatifs et bien sûr la prise de conscience écologique. Nous avons la grâce de reconnaître que ces enjeux relèvent d’abord d’un chemin de conversion personnel, retrouver la joie du don, goûter la beauté de l’accueil gratuit, redécouvrir le poids d’éternité qui se cache derrière des gestes simples comme cuisiner, cultiver, prendre soin…

P. Nicolas Troussel

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