Un parcours théologique et spirituel autour de la visite d’Auschwitz

Paris Notre-Dame du 25 février 2016

Paris Notre-Dame – Combien de personnes sont-elles parties en Pologne avec la Faculté Notre-Dame ?

P. Jacques de Longeaux, président de la Faculté Notre-Dame.
© Céline Marcon

P. Jacques de Longeaux – Nous étions 110, dont environ 100 étudiants, en Pologne, du dimanche 31 janvier au samedi 6 février. Parmi eux, des séminaristes, un groupe de jeunes religieux de Saint-Vincent de Paul, des laïcs consacrés ou non. C’est un voyage tout à fait exceptionnel : d’ordinaire, tous les ans, nous faisons une session d’études. Cette année, nous avons organisé ce voyage à la place.

P. N.-D. – Qu’est-ce qui a motivé ce voyage ?

P. J. D. L. – Tout est parti du désir du séminaire de se rendre à Auschwitz. Cette visite est donc le cœur de notre voyage qui s’est ensuite organisé comme un parcours théologique et spirituel. La journée à Auschwitz fut très silencieuse. Le passage du virtuel au réel nous a spirituellement marqués. Nous sommes aussi allés sur le lieu où la mère du cardinal Lustiger est décédée. Il s’agissait de garder la mémoire de ce qui s’était passé. Le regard de l’Église sur le judaïsme a beaucoup changé après guerre, en raison de la Shoah qui l’a incitée à redécouvrir ses racines juives. Sur un plan théologique, en effet, un régime athée a eu la volonté de détruire le peuple de l’Alliance, comme si son existence faisait obstacle au projet totalitaire. Il a voulu arracher toute la mémoire de ce peuple d’Israël, précisément construit sur la mémoire. C’est pourquoi, faire mémoire est à ce point nécessaire.

P. N.-D. – Pouvez-vous nous retracer le parcours que vous avez vécu lors de ce voyage ?

P. J. D. L. – Nous sommes d’abord allés à la rencontre d’Édith Stein à Wroclaw, sa ville, où nous avons visité sa maison et l’université où elle a étudié et enseigné. Puis, nous l’avons accompagnée jusqu’à Auschwitz où elle est morte, en 1942. Cette femme juive, qui a rencontré le Christ et est entrée au Carmel à la suite de sainte Thérèse d’Avila, a eu un parcours philosophique exceptionnel. Par sa vie et par son œuvre, c’est une figure importante. Elle a vécu dans sa chair les drames de la guerre. Elle est exemplaire dans sa quête de la vérité et la fidélité à son peuple. C’est même sa découverte du Christ qui lui a fait redécouvrir son appartenance au peuple d’Israël ! Édith Stein est si importante que Jean-Paul II, après l’avoir canonisée en 1998, l’a faite co-patronne de l’Europe l’année suivante. Ensuite, après notre visite des camps de concentration, nous nous sommes rendus à Cracovie où nous avons « rencontré » Jean-Paul II. C’est là qu’il fut archevêque, là aussi où il étudia. Nous y avons approfondi comment l’insistance de Jean-Paul II sur la dignité humaine était motivée par les atrocités de la Seconde Guerre mondiale. Nous avons redécouvert comment sa pensée, non pas donne du sens à Auschwitz (il n’y en a pas), mais du moins, nous aide à vivre après Auschwitz. Ainsi, cette semaine en Pologne fut pour nous l’occasion de vivre une session d’étude cohérente autour du drame de la Shoah.• Propos recueillis par Pauline Quillon

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