« Vivre avec un cœur apaisé »

Paris Notre-Dame du 7 janvier 2021

Depuis 1968, chaque année, dans le monde, l’Église invite ses fidèles, le 1er janvier, à prier pour la paix. Et si cette journée nous invitait à faire la paix avant tout au fond de nous-mêmes ? L’éclairage de Mgr Hubert Herbreteau, évêque d’Agen et président de Pax Christi.

Mgr Hubert Herbreteau est évêque d’Agen (Lot-et-Garonne) et président du mouvement Pax Christi.
© Catho 47

Paris Notre-Dame – Pourquoi débuter l’année en priant pour la paix ?

Mgr Hubert Herbreteau – Début janvier signe le moment où chacun adresse ses vœux à son entourage. On se souhaite une bonne année, une bonne santé. Dans la situation du monde actuelle, l’un des premiers vœux à formuler serait de vivre en paix. Et la prière est plus qu’un vœu. La prière engage. Prier pour la paix autour de nous, c’est, aussi, une manière de nous engager pour vivre cette paix avec notre entourage.

P. N.-D. – « Si la paix devait s’installer un jour, elle ne pourra être authentique que si chaque individu fait d’abord la paix en soi-même », disait la mystique Etty Hillesum. Comment faire ?

H. H. – La violence est au fond de notre cœur. Il y a toujours en nous cette envie de dominer sur l’autre, d’être le plus fort. Faire la paix en soi-même signifie vivre avec un cœur apaisé. C’est vivre en considérant les autres comme des frères et des sœurs, tous, même s’ils sont différents de nous, sous le regard du Créateur qui est père de miséricorde. C’est aussi inscrire dans notre vie des gestes et des paroles de non-violence. Tout cela rejoint la dimension de l’intériorité. Est-ce que je prends le temps chaque jour de réfléchir à ma propre vie ? De faire une relecture de mes relations ? Ne suis-je pas dans la toute-puissance ? En train de vouloir écraser les autres ?

P. N.-D. – Dans son message pour cette journée, le pape François parle de « culture du soin ». Que cela signifie-t-il ?

H. H. – C’est soigner la Terre, mais aussi les autres. C’est cela, l’écologie : le respect de la nature et des hommes. Prendre soin commence par l’écoute de l’autre. Prendre le temps de se parler. Poser des gestes, aussi. L’amitié, la solidarité, passent par des actes concrets. C’est aussi soigner toutes nos relations, y compris celles avec nos commerçants du coin, nos voisins de palier. Nous avons des sympathies et des antipathies. Mais il nous faut prendre conscience que nous sommes de la même humanité. Il y a une solidarité, une communauté de destin à vivre. La paix est déjà là. Elle est donnée par le Christ. Nous avons à l’accueillir. Si tout le monde s’y met, nous nous dirigerons vers un monde enfin réconcilié.

P. N.-D. – Le contexte actuel ne nous aide pas. Nous sommes tous fatigués par cette année qui vient de s’achever…

H. H. – La première chose à faire serait peut-être de prendre conscience que nous sommes tous marqués par des idéologies et que nos convictions l’emportent quelque fois sur le réalisme. C’est cela même qui provoque de la violence. Je suis assez étonné d’observer que nous critiquons sans cesse nos gouvernants, dans le pays, mais aussi dans l’Église. Aujourd’hui, la rencontre de l’altérité se transforme bien souvent en altercation. Nous sommes forcément altérés, interpellés, par la rencontre de l’autre, mais pas nécessairement pour autant en conflit. Laissons nos idéologies et notre émotion pour entrer dans l’argumentation. Acceptons aussi parfois de changer de point de vue. Cela n’exclut pas de garder un esprit critique. Mais faisons-nous l’effort de comprendre ce que nous disent les autres ? Les experts ? Nos gouvernants ? De comprendre les enjeux ?

Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab

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