« Vivre dans ce monde, avec audace »

Paris Notre-Dame du 11 avril 2019

Élu nouveau président de la Conférence des évêques de France à Lourdes le 3 avril, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims (Marne), prendra ses fonctions le 1er juillet. Il livre à Paris Notre-Dame quelques directions de l’épiscopat dans un contexte de crise.

Mgr Éric de Moulins- Beaufort, archevêque de Reims (Marne) depuis août 2018, est ancien évêque auxiliaire de Paris et nouveau président de la Conférence des évêques de France.
© Diocèse de Reims

Paris Notre-Dame – À la sortie de votre assemblée plénière, quelle est la priorité des évêques de France ?

Mgr Éric de Moulins-Beaufort – Nous voulons aller jusqu’au bout du travail déjà entrepris sur la question des abus sexuels commis dans l’Église : être capables de proposer un geste financier aux victimes et de garder la mémoire de ce qu’il s’est passé. Concernant la prévention, il faut enrichir le travail ; sur le suivi des prêtres coupables, il reste beaucoup à créer. Tout cela, nous souhaitons le construire avec les personnes victimes, pour présenter un dispositif opérationnel lors de l’assemblée de novembre 2019. Nous sommes très déterminés. Liée en partie à ce sujet, la formation des prêtres est une autre priorité. Elle est abordée dans la version française de la Ratio nationalis que nous rédigeons actuellement, qui concerne aussi la pastorale des vocations. Notre objectif est de former des prêtres missionnaires en tenant compte de leur petit nombre dans les années à venir. Il ne s’agit plus exclusivement de former des futurs curés, mais des pasteurs qui aillent au-devant des gens, qui sortent de leurs salles paroissiales ; qui soient toujours plus capables de travailler ensemble et avec les autres baptisés. Nous devons inventer une nouvelle façon d’être prêtre et d’être chrétien dans notre monde. Notre société troublée, complexe, multiculturelle, a plus que jamais besoin de l’Évangile du Christ. Pour cela, je pense qu’il faut que tous les baptisés acceptent de vivre là où ils sont avec audace et liberté intérieure ; sans peur du jugement des autres mais sans arrogance, avec générosité.

P. N.-D. – « Beaucoup d’évêques n’attendent plus rien de la Conférence des évêques de France », a estimé le politologue Jacques Palard dans La Croix. Il souligne le manque de « collégialité effective ». Qu’en pensez-vous ?

É. M.-B. – D’expérience, l’assemblée bisannuelle des évêques à Lourdes est véritablement fraternelle. Nous nous parlons en vérité. Mais il est vrai qu’il n’est pas toujours simple d’organiser un débat qui aille au bout des choses, sauf lorsque nous sommes obligés de produire un projet ou un texte immédiat. Cette question rejoint aussi celle de la synodalité que nous voulons travailler. Comment l’assemblée des évêques bénéficie-t-elle des paroles et des réflexions des autres baptisés ? Il pourrait sûrement y avoir plus de laïcs représentés. Mais les modalités ne sont pas encore discutées. En tout cas, il faudrait opérer un changement assez vite, en faisant des essais : nous ne trouverons pas tout de suite la bonne formule. Restons toutefois pragmatiques, l’objectif est le travail efficace de l’assemblée des évêques.

P. N.-D. – Aujourd’hui, beaucoup de chrétiens sont troublés par les révélations de scandales sexuels dans l’Église. Quelle doit être leur espérance ?

É. M.-B. – Notre espérance se trouve dans la vie éternelle et dans le jugement de Dieu qui lui, ne camoufle pas le mal commis. Notre espoir, en France, est que l’Église avance résolument sur le chemin de vérité qu’elle s’est tracé. Notre mission ne change pas : annoncer l’Évangile, en orientant toujours plus notre propre liberté, chère à notre société, vers le plus grand bien, dans la charité.

Propos recueillis par Laurence Faure.

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