Célébration diocésaine 2014 de la 22e Journée Mondiale des Malades 2014

Le mardi 11 février 2014, des soignants et des malades se sont réunis à la Basilique Notre-Dame des Victoires pour une conférence et une messe au cours de laquelle certains ont reçu le Sacrement des Malades.

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Conférence par le Dr Jean-Louis Bavoux, diacre
“Sur un chemin de confiance : « Qui s’est montré le prochain de cet homme ? » Lc 10,36.

Conférence par le Dr Jean-Louis Bavoux, diacre
“Sur un chemin de confiance : « Qui s’est montré le prochain de cet homme ? » Lc 10,36.

Depuis mon enfance, la parabole du bon samaritain m’a toujours habité, intrigué. Jésus nous dit ailleurs : « tu aimeras ton prochain comme toi-même », mais, dans la parabole, le prochain, ce n’est pas l’autre, c’est moi.

En nous demandant, en nous proposant d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, Jésus renverse les valeurs. Il ne nous demande pas de nous aimer nous-mêmes pour pouvoir aimer notre prochain. Ce n’est pas un préalable ! Et une mauvaise interprétation de cette parole peut nous faire plonger dans un narcissisme voilé, dans un égocentrisme déplacé, une introspection malsaine : il faudrait que je m’aime pour aimer l’autre ? Ce n’est pas la question ! Jésus nous propose d’agir comme lui : aimer l’autre comme je le sais aimer du Père, aimé autant que moi, par le Père, aimé autant que moi, je suis aimé par le Père. Et, enfant, j’ai osé une interprétation, une "traduction"… toute traduction est un peu une trahison... alors j’ai osé : « tu aimeras ton prochain comme toi-même tu es aimé". Jésus ne nous demande de nous aimer, il nous demande de découvrir que, par-delà nos faiblesses, notre péché, nous sommes dignes d’être aimés, et au même titre, tout homme est digne d’être aimé. Il nous invite à poser sur l’aurore le regard de Dieu, le regard du Père.

Et alors, on tombe sur la parabole du bon samaritain. Il va bien, il n’a besoin de rien, surtout pas de ces judéens qui le méprisent, et… c’est lui qui s’arrête, parce qu’il a pitié : il est pris de compassion ; Il s’approche, il soigne, prend soin de l’homme mourant, le loge et pourvoit à ses soins. Il a reçu cet étranger, ce presque ennemi, comme celui que Dieu a mis sur son chemin pour aimer. Il lui donne l’occasion, ce mourant, de manifester de l’amour, de la tendresse. Dieu lui permet, à travers cet homme, de déployer son humanité, d’accomplir sa vocation d’homme. Il lui a permis d’aimer son prochain comme lui-même, en se faisant le prochain de l’autre, lui, le bien portant, et, donc bénéficiaire des bénédictions du Très Haut, le bien aimé, donc, il se fait le prochain de l’autre. L’autre n’est pas un objet de valorisation, un objet de charité, son pauvre qu’il serait allé visiter. Non ! L’autre devient celui qui me permet d’être heureux ! L’autre devient celui qui me donne le salut ! Car qu’est-ce que sont les commandements, le commandement, sinon le chemin, le seul chemin de salut, autrement dit le seul chemin qui mène à Dieu ? L’homme blessé, le mourant est le chemin qui me mène vers le Père !

C’est une parabole très médicale ! Nous, les soignants, sommes confrontés à cette souffrance, une souffrance physique, une souffrance morale, toutes sortes de souffrances. Et nous pouvons nous protéger, nous pouvons éviter de rentrer dans la souffrance de l’autre, pour ne pas être contaminé, physiquement, moralement, pour rester efficaces, diront certains, mais ce n’est qu’un alibi, conscient ou inconscient, une peur de l’autre, une peur de soi. Ou bien, nous pouvons nous retourner sur nos propres limites, nos propres souffrances, et découvrir combien nous-mêmes nous aurions besoin d’être entendus, écoutés, aimés… et votre regard change, nous entrons en compassion, nous partageons quelque chose avec l’autre. Et nous découvrirons toujours que c’est un chemin de bonheur, un chemin de salut ; Bien au-delà du bien que l’on peut procurer à la personne malade, mous entrons dans une voie nouvelle, un chemin nouveau, la joie spirituelle, le bien être, le bonheur. C’est une exigence permanente, mais pour un bonheur permanent.

Nous entendons souvent que les hôpitaux sont inhumains, que les médecins, les soignants, sont souvent des techniciens sans cœur. Et cela nous blesse…mais c’est si souvent vrai !

Bien sûr, cela est dû aux grosses structures, aux emplois du temps délirants, au manque de personnel, à la consultation à vingt-trois euro, aux exigences toujours grandissantes des patients, qui savent mieux que nous-mêmes, grâce à internet, quel est leur mal, et quel traitement il faut leur administrer… bien sûr, bien sûr. Mais cela ne nous dédouane pas de notre vocation. Notre vocation, c’est l’homme debout ! Et en entrant dans les professions médicales et paramédicales, nous accomplissons notre vocation, nous entrons en vocation. Le Cardinal, dans chacune de ses homélies, insiste toujours sur le fait que nous sommes tous appelés : chacun de nous a une place irremplaçable dans le cœur de Dieu. Chacun de nous a une place irremplaçable dans la société des hommes. Chacun de nous a une vocation : la nôtre, c’est de s’arrêter, de compatir, de panser les plaies du corps et de l’âme, de veiller au confort du malade et de sa famille. Nous somme dons bien sur un chemin, un chemin qui va vers l’inconnu (Jérusalem, c’est la ville sainte, Jéricho, c’est moins reluisant…) ; L’inconnu est notre quotidien : l’étranger, le nouveau malade, un homme, une femme, un enfant.

Pour vraiment aller à la rencontre de toutes ces personnes, pour vraiment nous arrêter, il faut qu’existe un facteur essentiel : la confiance.
Il nous entrer dans un chemin de confiance : La confiance !
Confiance en nous d’abord, et ce n’est pas si simple. Bien sûr nous avons notre formation, notre bagage, comme on dit. C’est important, c’est essentiel, mais c’est tellement insuffisant. Comment pouvons-nous croire que nos capacités intellectuelles, manuelles, seules nous suffisent pour être de bons soignants ? Comment pouvons-nous imaginer une minute que la personne malade n’a besoin que de notre technique, de notre savoir-faire ? Elle a besoin de tout autre chose ! Et j’ai envie de dire que c’est là que ça se complique. Sur quoi puis je compter pour pouvoir donner plus à la personne malade ? La confiance en moi doit signifier une conscience de mes limites, conscience de mon incapacité, de mon impuissance. Combien de fois sommes-nous entrés dans la chambre d’un malade en nous disant qu’on serait tellement mieux ailleurs, nous demandant que faire, que dire, comment le faire, comment le dire ? Et je dois dire, en ce qui me concerne, que ce n’est jamais ce que j’ai appris à l’école, dans les livres, ou les bons conseils, qui m’ont permis d’entrer en relation avec la personne malade ou sa famille. Je ne peux parler que d’abandon : après la peur de mal dire, la peur de mal faire, la peur de blesser, l’abandon. L’abandon, c’est remettre notre confiance en nous à la confiance en l’autre, le malade ou son entourage. L’abandon, c’est établir une relation de confiance, une relation de confiance où l’on se livre à l’autre, tel que l’on est, une relation de confiance où l’on abandonne son pouvoir, le pouvoir médical. On peut si souvent en abuser de ce pouvoir médical, devant des personnes vulnérables, affaiblies, dépendantes. Avoir confiance en nous, finalement, c’est tout doucement entrer dans une relation de confiance avec l’autre, c’est se déposséder et se faire pauvre avec le pauvre qui souffre, d’égal à égal, de créature à créature. Confiance, confidere, confier ou partager quelque chose : la même chose, la même humanité. Notre vocation nous entraine sur un chemin de confiance, de dépossession, de découverte que l’autre peut me donner quelque chose. Je ne suis pas là que pour apporter quelque chose à l’autre.si je reçois quelque chose de l’autre, alors je me suis fait son prochain !

Et l’autre, et la personne malade ? Si elle m’a donné quelque chose, c’est qu’elle avait confiance en moi… Il faut gagner la confiance ! Une personne malade, en situation d’infériorité, vulnérable, ne demande pas mieux que de faire confiance à celui ou à celle qui peut le soulager…. Mais ce n’est pas si simple ! Surtout à notre époque ! Je parlais d’internet tout à l’heure…tous les malades ont accès aux diagnostics, aux descriptions des maladies, aux différents traitements, aux épouvantables effets secondaires des médicaments (chacun sait qu’un médicament doit être inoffensif… on oublie que le seul produit ingéré inoffensif est l’eau claire, et encore si elle est potable… si un médicament agit, est efficace, il peut y avoir une contrepartie, cela fait partie du contrat). Dans notre monde, où la loi et l’indemnisation ont remplacé les relations humaines, il est difficile de trouver un chemin de confiance. Et je ne parle pas de Dr House…même les chefs de service en ont besoin pour faire des diagnostics, comme nous l’ont montré de récentes informations… Nous constatons tous que les personnes malades arrivent très souvent aujourd’hui avec un diagnostic, avec des questions et une exigence d’explications parfois excessives, que l’on ne peut évidemment pas toujours satisfaire, avec une demande de résultat parfois hasardeux… exigence… suspicion,…Tout cela traduit à l’évidence une angoisse sous-jacent, une réelle détresse. Il ne faut donc pas céder trop facilement à l’agacement et contourner ces nouvelles "procédures" en les balayant d’un mépris souverain… c’est souvent tentant. Et puis toutes les personnes malades ne réagissent pas comme cela, mais toutes sont inquiètes, angoissées, fragiles et seules devant leur maladie, comme l’homme blessa au bord du chemin, et nous voulons être sur un chemin de confiance, tout en découvrant l’un comme l’autre que la médecine n’est pas toute puissante.

Comment restituer, comment donner, ou redonner la confiance à la personne malade ?… En se faisant le prochain, en se mettant en position de recevoir, et non en surplombant la situation du haut de notre pouvoir, nous entrons en relation humaine.

La personne sur le bord du chemin va se trouver alors face à un être qui, non seulement va s’intéresser à elle, mais semble avoir besoin d’elle…La confiance est à ce prix. Combien de fois me suis-je dit que j’avais expédié une consultation, un entretien, toujours pour de bonnes raisons. Bien sûr, j’avais prescrit le bon traitement, j’avais fait la bonne ordonnance, mais j’étais passé à côté de la personne qui venait bien souvent pour autre chose. Car la maladie, aussi bénigne soit elle, ou aussi grave soit elle, cache toujours autre chose, ou plutôt cache un être en état de dépendance, un être qui demande, qui attend…par-delà ses exigences, par-delà ses revendications, par-delà ses soupçons. C’est cela que nous devons dépasser, c’est cela dont nous avons à prendre conscience dans la relation soignant-malade. La confiance et le bien -être, le mieux-être du malade sont à ce prix.

J’ai encore vu, la semaine dernière, un patient atteint d’une maladie grave, me demander de venir le voir à domicile. Ce n’était que pour me parler, pour que je lui parle surtout. Il avait fait le parcours du combattant, allant de la douleur, à l’annonce brutale du diagnostic, en passant par la valse-hésitation du corps médical, chirurgie ? chimiothérapie, radiothérapie ?, pour finir par une chimiothérapie avec retour à domicile, seul avec sa femme, angoissés tous les deux, téléphonant en cas de fièvre, de saignements,… balloté de cure en cure, accueilli de façon glacialement administrative… Le doute s’installe, la confiance flanche, il change de service, d’hôpital, un espoir renait, et la galère reprend, la même, en d’autres lieux. Il ne sait plus où il est, il ne sait plus que penser, il est perdu. Et le temps passé avec lui, avec eux, n’a été consacré qu’à une conversation simple, d’abord médicale, technique, puis humaine. Il avait besoin de s’épancher, de parler, d’être entendu, écouté. Il avait besoin qu’on réponde… un peu… à ses questions. Il avait besoin d’humanité, de tendresse…, comme nous, nous avons besoin d’humanité, et de tendresse, ne l’oublions pas. Il fallait lui redonner confiance, le relancer dans la course, dans le combat contre la maladie. Les protocoles de la cancérologie et l’insuffisance de structures pour accueillir les malades ne sont pas des arguments justifiant la négation de l’humanité. Ce ne sont que des alibis. Et ne rejetons pas la responsabilité sur les autres. Nous les soignants sommes responsables. La famille, les bénévoles qui visitent les malades ne sont pas des pansements suffisants qui feraient passer la pilule !! Les personnes malades ont besoin de nous, elles ont besoin d’avoir confiance en nous.

J’ai longtemps travaillé dans les urgences d’un hôpital parisien. Je les ai expérimentées pour moi-même, pour mes enfants et bien sûr pour mes patients. C’est une catastrophe ! On n’a jamais autant travaillé sur la communication, la relation humaine. On n’a jamais fait autant d’audit pour mettre le doigt sur les anomalies de fonctionnement ! On a toujours trouvées boucs émissaires : le temps, le monde, le manque de médecins, de crédits, les généralistes qui envoient beaucoup trop vite aux urgences, mais il n’y a plus de généralistes, ils boivent la tasse, ils croulent sous les consultations. Et on n’a jamais vu autant de chariots alignés, de personnes qui attendent, inquiètes, résignées, ou pas, pendant des heures, sans un sourire, sans un : "on va venir", sans une nouvelle du membre de leur famille qu’ils ont accompagné et qui est parti depuis des heures…Il est facile de critiquer, il est aussi facile de se trouver des excuses, et nous nous en trouvons tous ! Mais il y a une urgence : si nos concitoyens sont désabusés de la politique, ils le sont souvent aussi de la médecine ! Et, de toute façon, pour nous chrétiens, l’urgence, c’est l’homme ! L’humanité ne peut s’accomplir que dans l’amour, dans la confiance. Donc c’est à nous personnellement que ces personnes malades sont confiées : elles sont sur notre chemin, sur notre chemin d’humanité. Elles sont notre chemin de confiance, notre chemin d’humanité. Ne nous réfugions pas derrière les citadelles et les blindages qui nous protègent, comme le prêtre et le lévite de la parabole ! Notre bonheur dépend du bonheur de celui qui est au bord du chemin, et qui a besoin de nous comme nous avons besoin de lui.

Mon prochain a besoin que je me fasse son prochain : nous avons besoin l’un de l’autre. La confiance est un chemin d’humanité où le partage et la fraternité font grandir les deux protagonistes de la relation. Il ne faut pas oublier que la science et, en particulier la science médicale n’est pas toute puissante. Il est évident qu’un soignant épanoui, heureux, content de voir ses patients, sera beaucoup plus efficace qu’un technicien froid et consciencieux. Il est évident qu’une personne malade, qui se sent en sécurité, entourée, comprise se battra beaucoup mieux contre le mal qui l’assaille. Il y a donc deux exigences pour emprunter un chemin de confiance : la compétence te le don de soi.

Beaucoup exercent ces dons de façon extraordinaire dans les maisons de retraite ou dans les centres de soins palliatifs, pour les personnes en fin de vie, dans les deux cas de figure. Mais oserais-je dire que l’existence même de ces nobles institutions traduit peut-être un manque de confiance de notre société ! Manque de confiance en soi pour aller au-devant de la souffrance de nos proches, manque de confiance en la vie, manque de confiance… en Dieu, pour éloigner et cacher ainsi la vieillesse et la mort de notre cadre de vie ? Manque de confiance en l’autre pour oublier ce qu’il m’a apporté, et surtout ce qu’il peut encore me donner dans son dénuement, sa vulnérabilité et son désir d’amour. Bien sûr le contexte actuel social et sociétal rend de plus en plus difficile la réalisation du maintien à domicile, mais n’est-ce pas précisément un problème de société, le choix de notre société occidentale ? Quelle personne âgée ou malade ne peut se dire que si elle se dégrade, c’est le départ obligée la maison…pour toujours ? Quelle relation de confiance ? Sans parler des lois à venir sur la fin de vie, et de la liberté de choisir le moment de sa mort. Quelle sera la qualité de la confiance du malade lorsqu’il saura que celui qui le traite et la soulage est le même que celui qui peut lui donner la mort ?

Nous le voyons bien, la confiance est au centre, au cœur de la relation médecin-malade, au cœur du mystère chrétien. Et nous vivons, dans nos sociétés occidentales une crise de la confiance, en l’avenir, tout simplement…parce qu’un monde sans Dieu n’a plus d’avenir.

Je dinai hier avec un ami prêtre, et, pour le bénédicité, il nous a invité à rendre grâce pour tous les proches dont nous venions de parler, pour la présence du Christ à leurs côtés dans leurs souffrances, et…il nous a invité à demander au Seigneur de nous permettre de ne pas oublier que le Christ est aussi à nos côtés, lorsque nous allons à la rencontre des souffrants, et à rendre grâce pour la force qu’Il nous donne, alors que nous sommes faibles et désarmés. La confiance !! Avec le Christ, nous sommes forts et confiants. Pas de découragement, c’est dans nos petits actes de tous les jours que nous pouvons relever le monde.

Notre mission, notre vocation est de s’arrêter sur le chemin, de compatir, de panser les plaies, de consoler, et de pourvoir au bien être des malades : plein de petites choses simples, qui font grandir celui qui les reçoit et celui qui les accomplit. Comme saint Pierre sur la mer de Galilée, si la confiance ne nous habite plus, nous pouvons couler ; mais, quand bien même nous coulerions, le Christ est là pour tendre la main et nous relever, et, à notre tour, nous pouvons tendre la main, pour relever. L’absence de confiance est basée sur la peur : n’ayons pas peur de nous, n’ayons pas peur des autres. Le monde peut changer si nous le voulons, en désirant changer nos vies et croire à la Bonne Nouvelle ! L’amour est plus fort que toutes les maladies et que toutes les morts.

Aimer son prochain comme soi-même, c’est aimer son prochain comme j’aimerais être aimé ; j’aurais toujours le temps de découvrir combien je suis aimé !

Homélie Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris
11 février 2014

Homélie Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris

Pastorale de la santé

Nos services de la pastorale de la santé constituent un carrefour existentiel fort
 Carrefour entre les bien portant et les souffrants, entre les professionnels de santé et les bénévoles,
 Carrefour entre la vie paroissiale, les aumôneries d’hôpitaux et de multiples associations catholiques au service des souffrants
 Carrefour de questions éthiques très vives dans notre société.

Voici 4 leviers d’action des catholiques sur les questions de santé : (nous avons fait un travail afin de présenter aux collaborateurs du Pape à Rome, le monde de la santé vu du côté de la France. Je vous épargne les gros dossiers, mais un écho).

A. Les hôpitaux et les institutions de santé (cliniques, maisons de retraite)

L’hôpital est en France l’une des rares institutions civile où l’Eglise est en mission d’une manière encadrée par la loi : c’est l’aumônerie catholique.

L’énorme réorganisation des hôpitaux pèse fortement sur le personnel hospitalier dont les conditions de vie sont tendues. C’est une nouvelle culture de rendement qui souvent se met en place à l’hôpital. Cela rend plus fragile la mission des chrétiens qui n’a d’autre finalité que l’humain (l’humain habité du divin), mais ça la rend plus nécessaire. Le défi est majeur : former les chrétiens pour exercer leur métier au sein d’un monde sécularisé.

Les réductions budgétaires se traduisent aussi par une réduction du personnel hospitalier. Les soignants sont souvent en souffrance.

B. La visite aux malades

Un certain nombre de paroisses s’organisent pour aller à la rencontre des malades isolés. En effet l’hospitalisation à domicile (HAD) est un phénomène en forte croissance. C’est le curé qui appelle des chrétiens à devenir visiteurs à domicile. Il s’agit d’une visite au nom de l’Eglise. Ainsi les visiteurs accomplissent la parole de Jésus : « J’étais malade et vous m’avez visité ». Quel beau visage de l’Eglise !
Il est intéressant de souligner une plus grande visibilité des personnes malades et handicapées dans les communautés paroissiales à travers des rites liturgiques : célébration communautaire du sacrement des malades, mise en valeur de l’eucharistie confiée aux visiteurs qui vont porter la communion.

C. Le monde associatif

Nombre d’associations œuvrent auprès des personnes en souffrance physique, psychique ou mentale. Une liste impressionnante d’associations catholiques. Vous êtes venus nombreux aujourd’hui à Notre Dame des Victoires. C’est un extraordinaire réseau d’amitié autour des personnes en souffrance.
Disons que la place de la personne handicapée est très présente dans l’attention des catholiques ; c’est un lieu d’initiative, de solidarités… le témoignage et l’enseignement de Jean Vanier y ont un rayonnement important.

D. Des comités d’éthique

Il faut mentionner la vigueur du questionnement éthique chez les catholiques. Des lieux de réflexion éthique se multiplient. Dans certains diocèses une commission diocésaine d’éthique a été créée composée de professionnels de santé, juriste, philosophe, prêtre, théologien, psychologue (ici vous êtes invités à des rencontres organisées par le service diocésain ou par les Bernardins). Certains membres des aumôneries d’hôpitaux participent au comité d’éthique médicale de l’hôpital. Quatre sujets brulants :

1. Le diagnostic prénatal est de plus en plus souvent proposé par les médecins : on constate une dérive eugénique avec l’élimination de fœtus atteints de trisomie 21 ou de malformations moins graves.
2. Les soins palliatifs : les catholiques sont actifs dans cette recherche. Malgré la Loi Léonetti qui promulgue des soins palliatifs dans tous les établissements, un courant d’opinion est favorable à une démarche d’euthanasie.
La question de la souffrance et de la mort demeure une question sérieuse adressée aux croyants par nos contemporains.
3. Comment accompagner le vieillissement, la dépendance ? Comment prendre en charge les malades Alzheimer ? Et leurs aidants qui s’épuisent ?
4. La souffrance psychique est en augmentation. Cela se constate dans les accueils paroissiaux, les aumôneries d’hôpital, au secours catholique, et chez les jeunes, les « points-écoute » aux Frat. Nous multiplions des formations qualifiées à l’écoute en vue d’un accueil plus adapté des personnes en souffrance psychiatrique. Les services médicaux en santé mentale augmentent. Les nouvelles dépendances : drogue, internet, pornographie…

Pape François

C’est la question de la souffrance qu’aborde le Pape François : « L’Eglise reconnait en vous chers malades une présence spéciale du Christ souffrant ».

Le grand mystère c’est de contempler Jésus en croix. Il est cloué. Il est agonisant. Il semble purement passif. Mais non. Les évangélistes ont vu autre chose. Il l’ont vu en train de se donner. Il accomplit ce qu’il a dit le soir du jeudi saint : ceci est mon corps livré pour vous. Il se donne. « Quand le Fils de Dieu est monté sur la croix, il a anéanti la solitude de la souffrance et en a éclairé l’obscurité. Ainsi nous nous trouvons devant le mystère de l’amour de Dieu pour nous, qui nous donne espérance et courage : espérance, parce que dans le plan d’amour de Dieu, la nuit de la douleur s’ouvre aussi à la lumière pascale ; et courage, pour affronter toute adversité en sa compagnie, unis à lui » [1].

A l’adresse des malades, des paroles paternelles très chaleureuse qui fortifient dans la foi : « L’Eglise reconnait en vous chers malades, une présence spéciale du Christ souffrant. C’est ainsi : à coté de notre souffrance, ou mieux encore, dans notre souffrance, il y a celle de Jésus qui en supporte le fardeau avec nous et en révèle le sens [2] » [3].

L’oblation

« L’oblation du Christ le livre aux volontés divines et spécialement au sacrifice du Calvaire. Identifiée au Christ […] l’âme, par l’oblation renouvelée, lui devient une véritable humanité de surcroit en qui il peut étendre la réalisation de ses mystères. Elle est prise […] comme matière de sacrifice à l’autel et comme instrument de rédemption pour les âmes [4] ».

Acte de foi

 Que Jésus vient rejoindre le malade dans la souffrance.
 Qu’un être humain est présent dans l’embryon dès sa conception.
 Que Dieu est miséricorde et qu’il pardonne le pécheur. C’est pour chacun de nous la réalité la plus concrète de notre quotidien.

Prière pour ceux qui s’occupent des malades

 Médecins, infirmières, personnel soignant.
 Tout le personnel hospitalier.
 Les membres des associations au service des malades.
 Les visiteurs des malades – en paroisse ceux qui portent la communion aux malades, en hôpital les membres des aumôneries.
 Et les priants. Ceux qui offrent leur souffrance. « coopérateurs souffrants de Mère Térésa ».

Sacrement des malades

La visite du Seigneur dans la maladie. Il vient la visiter dans son corps et dans sa souffrance.
Témoignage de Mme Aerts : « je souffre tellement. Mais dans le sacrement des malades, je me suis offerte totalement. Et le Christ m’a consacrée. Désormais je suis consacrée. C’est le sens de ma vie ! ».

La Journée mondiale des malades a été instituée par le bienheureux Pape Jean-Paul II en 1992. En 2007, Benoît XVI a décrété qu’une célébration solennelle aurait lieu tous les trois ans, sur différents continents, sur le modèle des autres Journées mondiales, comme celle de la jeunesse et de la famille.

 Message du Pape François pour la XXIIe journée des Malades.

[1Message du pape François, 22ème Journée mondiale du malade.

[2Message du Pape François pour 22ème la journée mondiale du malade.

[3Il y a une étroite liaison entre la mission du Christ auprès des personnes en souffrance et la mission de l’Église auprès du monde la souffrance. « J’étais malade et vous m’avez visité ». C’est au visité que le Christ s’identifie ici, non au visiteur. Aller à la rencontre de l’autre, le visiter, se faire proche de lui, prendre le temps de l’écouter et rompre sa solitude, c’est passer de la seule intervention du ministre du culte à un « ministère de la présence », mission portée par toute une équipe qu’elle soit paroissiale ou d’aumônerie. Dans le respect des convictions de la personne rencontrée, sans prosélytisme et sur le seuil de ses questionnements. Visiter, c’est s’offrir une hospitalité réciproque. La visite au malade est comme le « sacrement du frère ». Depuis la visite de Marie à Elisabeth jusqu’au lavement des pieds en passant par le Bon Samaritain, la rencontre et le soin de l’autre sont devenus un geste sacré.

[4Père Marie Eugène de l’Enfant Jésus, Je veux vois Dieu, p. 328.

Comptes-rendus