Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe et célébration de huit confirmations - 2e dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Dimanche 20 janvier 2013 - St André de l’Europe (Paris VIII)

Is 62, 1-5 ; Ps 95 ; I Cor 12, 4-11 ; Jn 2, 1-11

Frères et Sœurs, le passage de l’évangile que nous venons d’entendre nous dévoile le premier signe accompli par Jésus alors qu’il participe à un repas de noces à Cana en Galilée, en présence de sa mère et de ses disciples. La mention et la description que fait l’évangéliste saint Jean des cuves de pierre destinées aux ablutions sont évidemment un rappel de la tradition biblique et du signe qui nous est donné : à partir de ces cuves et des gestes que les juifs faisaient pour les utiliser, le Christ ouvre un temps nouveau. L’eau qu’Il a fait disposer dans ces cuves va être transformée en vin. Les cuves de la purification vont devenir les cuves d’un vin nouveau, qui est le signe d’une nouvelle étape dans l’histoire du salut.

Cette étape nous était annoncée par le prophète Isaïe : Jérusalem allait devenir l’épouse préférée de son Dieu, non plus celle qui était délaissée, mais celle qui devait être son épouse par des noces nouvelles. Cette étape est en train de s’accomplir devant les apôtres qui comprennent eux, que le signe donné par Jésus, c’est le signe du monde nouveau pour lequel Il est venu sur notre terre. Ainsi, l’Évangile nous dit qu’ils ont vu sa gloire et ils ont cru. Qu’est-ce que cela veut dire que de croire en ce monde nouveau ? Qu’est-ce que cela veut dire que de croire que Jésus n’est pas simplement un invité parmi les autres, mais qu’Il est celui qui va donner un sens nouveau aux noces auxquelles Il participe, noces qui vont devenir l’image des noces entre Dieu et son peuple, l’image des noces entre Dieu et l’humanité.

Nous le savons, le Christ dit dans l’Évangile que son heure n’est pas encore venue. Tout cela n’est pas encore réalisé. C’est seulement un signe prophétique qui annonce ce qui va se passer. Quand l’heure sera venue, à la fin de l’Évangile, il réalisera les noces de Dieu avec l’humanité en donnant sa vie sur la croix et le vin qui servira ne sera plus simplement le vin des noces, mais ce sera son sang livré pour célébrer cette nouvelle alliance. Nous découvrons ainsi que par le baptême dans la mort et la résurrection du Christ, nous sommes invités à entrer dans cette nouvelle alliance. Nous sommes invités à entrer dans ce monde nouveau. Ce monde nouveau, pour nous, c’est une nouvelle manière de vivre !

En célébrant aujourd’hui la confirmation de huit d’entre vous, je vais poser un signe : le don de l’Esprit Saint qui achève et qui accomplit la nouveauté commencée au baptême. Chacune et chacun de ceux qui vont être confirmés, ont été baptisés dans le Christ, ils sont entrés dans une nouvelle étape de leur vie : un monde nouveau, qui est toujours mêlé et immergé dans le monde ancien, celui du vieux monde. Mais par le don de la vie du Christ, nous vivons dans ce monde ancien en sachant qu’il ne durera pas toujours et qu’il sera remplacé par le monde nouveau que le Christ est venu inaugurer. Ce baptême qu’ils ont déjà reçu les a fait commencer à entrer dans ce monde nouveau, mais il n’a pas achevé toutes ses possibilités, tant qu’ils n’ont pas reçu la plénitude de l’Esprit Saint que je vais leur donner par l’onction. Cet Esprit qui est l’Esprit du Christ lui-même, achève le monde de la vie qu’ils ont reçue par le baptême, comme la Pentecôte achève le cycle du Mystère Pascal après la mort et la résurrection de Jésus.

En recevant cet Esprit Saint, ils deviennent pleinement membres du Corps du Christ ressuscité, l’Église. Ils y reçoivent leur place et leur mission, ils deviennent avec les Apôtres qui ont reçu cet Esprit à la Pentecôte, témoins de Jésus en ce monde. Cet Esprit construit, développe et fait fructifier le Corps de l’Église tout entier, comme nous le rappelait l’épître de saint Paul aux Corinthiens. Chacune et chacun d’entre nous a des missions différentes dans l’Église. Chacune et chacun d’entre nous a des obligations différentes dans sa vie. Chacune et chacun d’entre nous est appelé à rendre témoignage au Christ dans des situations qui ne sont pas toujours comparables. Et ce que saint Paul veut nous faire découvrir, c’est que si nos conditions de vie, notre travail, notre vie familiale, nos relations, nos loisirs, tout ce qui fait le tissu ordinaire de notre vie, si tout cela est différent pour chacun d’entre nous, c’est le même Esprit qui habite nos cœurs et qui nous pousse à devenir témoins du Christ dans toutes ces situations. Ainsi, par toutes sortes de moyens différents selon notre état de vie, selon ce que nous sommes, selon les dons que Dieu nous a fait, selon les appels que nous percevons à travers toutes sortes de relations que nous vivons, l’Esprit construit le monde nouveau dont nous sommes comme la promesse et les avant-gardes. Tout le monde ne croit pas en Jésus-Christ. Tout le monde n’appartient pas à l’Église. Tout le monde ne met pas en œuvre le commandement du Christ tel qu’il nous est transmis par l’Évangile. Mais nous, nous avons été remplis de l’Esprit Saint pour témoigner de cet appel de Dieu et pour le mettre en pratique.

Frères et Sœurs, pendant quelques instants de silence, je vous invite à prier pour celles et ceux qui vont être confirmés et aussi à demander au Seigneur qu’il renouvelle en chacun d’entre nous la puissance de son Esprit. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris

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