Journal d’un curé noir parisien

Paris Notre-Dame du 10 janvier 2013

Le P. Arnaud Goma est le premier curé africain parisien. Originaire du
Congo Brazzaville et membre de la communauté du Chemin Neuf, il a été nommé vicaire à St-Denys de la Chapelle (18e) en 2009, puis curé
deux ans plus tard. Dans son livre Arnaud, premier curé noir de Paris
qui paraîtra en février, il témoigne de la joie du sacerdoce. Rencontre.

Le P. Arnaud Goma à la rencontre des personnes du quartier, en face de son église.
© Régine Janvier

P.N.-D. : Quel est le message de votre livre ?

P. Arnaud Goma – Ce livre retrace mon expérience de ces dernières années et, notamment, mon arrivée à Paris. Ordonné prêtre en 2004 après mon séminaire au Congo puis en Belgique, j’ai été vicaire pendant cinq ans dans le sud de la France. Quand on m’a demandé, en 2009, de quitter les Alpes maritimes, son soleil et tous mes amis du Sud pour être vicaire à St-Denys de la Chapelle, dans le 18e arrondissement de Paris, je me suis d’abord demandé ce que j’avais fait pour mériter un tel sort ! Il a fallu que je convertisse mon cœur pour comprendre le sens de ma venue à Paris. J’ai découvert que, malgré ses contraintes, la capitale est un lieu d’ouverture, de croissance sociale et spirituelle. Cette ville me permet aussi d’être plus
proche des membres de ma famille. Finalement, ce livre témoigne d’une
conversion intérieure que je souhaite partager avec les Parisiens, avec
ceux du sud de la France et avec les futurs prêtres étrangers qui viendront à Paris. Et puis, à travers le récit de mon apostolat , je
souhaite faire comprendre à quel point le sacerdoce est un travail humain et divin. Dieu voit grand avec nous et si nous acceptons
de nous laisser conduire par Lui, notre vie sera comblée et notre joie totale.

P. N.-D. : Quel regard portez-vous sur votre présence parisienne ?

P. Arnaud Goma – Pour moi, au delà de mon ministère de prêtre, le sens de ma venue ici est surtout symbolique. D’une part, il est signe
que l’intégration est possible. Pour certains jeunes prêtres africains
étudiants à Paris, j’ai le devoir de ne pas les décevoir ! D’autre part, je
sais que ma connaissance des coutumes africaines peut éclairer mes
confrères prêtres non africains. Il m’arrive d’être sollicité par des
curés qui ont du mal à comprendre la manière qu’ont leurs fidèles africains de vivre leur foi. Je leur explique par exemple leur attachement aux prières charismatiques. Je les aiguille aussi sur la façon dont ils peuvent les aider à grandir dans leur foi et à se débarrasser de certaines croyances : occultisme, place faite aux ancêtres, etc.

P. N.-D. : Pour vous, quelles sont les richesses du diocèse de
Paris ?

P. Arnaud Goma – Je vois plusieurs points forts qui caractérisent
l’Église de Paris. Tout d’abord, je suis touché par l’unité qui règne entre les paroisses. La notion de diocèse est très intégrée, les informations circulent, les paroisses sont solidaires entre elles et les prêtres parisiens semblent vraiment faire partie d’une même communauté. Il existe une grande fraternité sacerdotale qui va
au-delà des fonctions et des statuts. Je croule d’ailleurs sous les invitations de mes confrères prêtres que je n’arrive pas toutes à honorer ! Enfin, cette Église est ouverte : sur les démunis, à travers de nombreuses actions en leur faveur, et sur le monde, à travers des missions d’évangélisation. Cette dimension, nouvelle pour moi, je la vois concrètement dans ma paroisse où même les enfants sont des missionnaires enthousiastes. Une Église qui n’évangélise pas est une
Église dans le coma : « Malheur à moi si je n’annonce pas la Bonne
Nouvelle. » (1 Co 9, 16) • Propos recueillis par Agnès de Rivière

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