Élisabeth de France, un modèle de foi et de féminité

Paris Notre-Dame du 25 avril 2024

Reconnue comme Servante de Dieu, la sœur de Louis XVI est une figure inspirante et moderne. Explications du P. Xavier Snoëk, curé de la paroisse N.-D.-de-Lourdes (20e), co-auteur de Prier avec Madame Élisabeth (éd. Salvator) et postulateur de sa cause en béatification [1] depuis 2016.

Élisabeth de France, Adélaïde Labille-Guiard, vers 1787, pastel, The Metropolitan museum of art, New York (États-Unis).
© Adélaïde Labille-Guiard, Public domain, via Wikimedia Commons

Paris Notre-Dame – Pourquoi existe-t-il une demande de béatification ?

P. Xavier Snoëk – Déjà de son vivant, Madame Élisabeth (1764-1794) jouissait d’une renommée de sainteté. Madame Élisabeth est une jeune femme pleine de ver¬tus, sportive, fidèle en amitié, intellectuelle, tournée vers les pauvres et qui a assumé son célibat. Elle s’était posée la question de la vie religieuse mais il lui est apparu très clairement qu’elle n’était pas appelée dans cette voie. La sœur de Louis XVI a essayé de vivre sa vocation baptismale au cœur du monde, d’abord à Versailles, aux Tuileries puis en prison au Temple. À 15 ans, le roi lui offre un domaine à Montreuil où elle mène une vie tournée vers les plus démunis et les malades. Lorsque les événements se compliquent, très librement, elle refuse l’exil au péril de sa vie et reste auprès de la famille royale qu’elle va soutenir jusqu’à son dernier souffle. À partir de sa mort, une véritable vénération pour elle se diffuse. Pour des raisons politiques, particulièrement au XIXe siècle, aucun procès en béatification n’est possible. Il est ouvert officiellement en 1953 et entre en sommeil dans les années 1970, comme bon nombre à l’époque. Avec l’avis favorable du cardinal André Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris, la cause en béatification est relancée.

P. N.-D. – Que peut apporter Madame Élisabeth à notre époque ?

X. S. – Le célibat assumé, l’accompagnement spirituel, l’éducation, la prière et le service sont des vertus de Madame Élisabeth qui pourraient inspirer des femmes aujourd’hui. Cette année, les femmes du pèlerinage « Cœur de femme », qui aura lieu le 27 avril, ont choisi Madame Élisabeth comme figure féminine à méditer. Chez les catholiques, nous avons de nombreux prêtres, religieuses, couples et jeunes béatifiés ou canonisés mais très peu de célibataires. Dans mon entourage, amis et paroissiens, je constate que beaucoup de femmes célibataires cherchent leur place dans la société et dans l’Église. Madame Élisabeth incarne un modèle nouveau qui peut les inspirer. Elle répond à l’appel du Seigneur de manière remarquable et équilibrée. La sœur du roi a une vie de prière bien construite et une grande dévotion au Cœur de Jésus et au Cœur Immaculée de Marie. Durant sa captivité et jusqu’au seuil de sa mort tragique – elle est décapitée le 10 mai 1794 à l’âge de 30 ans –, Élisabeth de France a tenu ferme dans sa foi en la vie éternelle. Sur le chemin de l’échafaud, la jeune femme va encourager les autres condamnés. L’éducation est une dimension importante de sa vie. Emprisonnée à la Révolution, en août 1792, avec sa nièce, Madame Royale, Élisabeth la forme pour affronter la situation.

P. N.-D. – Où en est la cause en béatification ?

X. S. – Le 2 mai prochain aura lieu la séance inaugurale. Les officiers de la cause – les personnes qui travaillent pour la cause – vont prêter serment publiquement. Les censeurs théologiens et les membres de la commission historique vont remettre leur rapport à la commission d’enquête. Elle examinera leur travail, convoquera les témoins de renommée – historiens, descendants des dames de la sœur du roi – d’après une liste dressée par mes soins. La commission va ensuite donner un avis sur l’héroïcité de ses vertus et la concordance du dossier pour aboutir à la séance conclusive. De là sera décidé l’envoi d’une synthèse des travaux à la congrégation pour la cause des saints à Rome. Nous sommes toujours dans la phase diocésaine, qui durera encore un ou deux ans maximum. Un miracle conditionne l’évolution. Il existe tout une liste importante de grâces obtenues par l’intercession de Madame Élisabeth entre 1929 et 1960. Dans les archives, on trouve la trace de deux miracles mais aucun n’a été étudié par une commission diocésaine.

Marie-Charlotte Noulens

[1Plusieurs messes seront célébrées en France à partir du 10 mai pour la béatification de Madame Élisabeth. À Paris, une messe sera présidée par Mgr Jean-Yves Riocreux, évêque émérite de Basse-Terre (Guadeloupe), le 23 mai à 19h à St-Roch (1er).

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