« Nous venons tous de cet Orient chrétien »

Paris Notre-Dame du 18 avril 2024

Du 9 au 13 avril [2024], une délégation de la Conférence des évêques de France et de l’Œuvre d’Orient s’est rendue en Égypte à la rencontre des communautés chrétiennes du pays. Retour sur ce déplacement auquel a pris part Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris mais également ordinaire des catholiques orientaux en France.

Dans le cadre de son déplacement en Égypte, la délégation de la Conférence des évêques de France (CEF) a rencontré le pape copte Tawadros II (au centre) le vendredi 12 avril. À sa droite, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris et ordinaire des catholiques orientaux en France, Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre (Hauts-de-Seine), Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient et le P. Hugues de Woillemont, secrétaire général et porte-parole de la CEF.
© D.R.

Paris Notre-Dame – Après l’Irak en 2023, pour quelles raisons était-il important pour vous de prendre part à ce déplacement en Égypte ?

Mgr Laurent Ulrich – Il s’agit, en premier lieu, de la continuité de ma responsabilité d’ordinaire des catholiques orientaux en France. De nombreux coptes catholiques – ainsi qu’orthodoxes – vivent en France, notamment à Paris et dans le diocèse voisin de Nanterre (Hauts-de-Seine) qui compte des paroisses de rite oriental – et dont l’évêque, Mgr Matthieu Rougé, participait aussi à ce voyage. Je me sens profondément attaché à cette responsabilité qui m’incombe vis-à-vis d’eux. C’est aussi au titre de membre du conseil permanent de la Conférence des évêques de France (CEF) que j’ai pris part à cette délégation. Comme je me suis rendu dans la paroisse catholique de rite byzantin de Cargèse en Corse le Lundi de Pâques, c’est une manière de me rendre proche et à l’écoute des chrétiens d’Orient. La communauté chrétienne copte orthodoxe, avec ses dix millions de fidèles, est la plus nombreuse – plus nombreuse à elle seule que l’ensemble des communautés chrétiennes du Proche-Orient réunies. Après plusieurs décennies difficiles pour les chrétiens égyptiens, ils vivent ces dernières années un moment béni où les relations avec les musulmans, le pouvoir politique et la société en général sont plus apaisées.

P. N.-D. – Votre déplacement revêt également une dimension œcuménique avec notamment la rencontre avec le pape copte Tawadros II. Que vous êtes-vous dit ?

L. U. – Si les chrétiens d’Égypte représentent 10 % de la population locale, les catholiques n’en constituent que 0,3 %. Nous rendre en Égypte sans rencontrer le pape copte n’était pas envisageable et ne nous aurait permis qu’une compréhension incomplète du monde chrétien de ce pays. Nos échanges ont principalement porté sur l’unité des chrétiens. Le pape Tawadros II est très préoccupé du témoignage que les chrétiens peuvent donner lorsqu’ils sont unis… et au contraire du mauvais témoignage rendu lorsqu’ils sont séparés. Nous avons notamment évoqué la date de Pâques, célébration centrale de notre foi commune. Il nous a confié beaucoup prier pour que toutes les Églises chrétiennes s’entendent et célèbrent Pâques à la même date. Et il compte beaucoup que le calendrier de l’an prochain, qui nous permettra de célébrer Pâques à la même date, marque l’espérance ferme d’une pratique nouvelle.

P. N.-D. – Quel message souhaitez-vous partager aux fidèles du diocèse de Paris ?

L. U. – N’oublions jamais que l’Église ne peut être réduite à notre seule expérience locale. Elle n’est pas seulement l’Église de ma paroisse parisienne ou celle que je fréquente en vacances. Notre Église est celle qui se trouve répandue partout dans le monde. Nous venons tous de cet Orient chrétien, de ces Églises apostoliques – c’est-à-dire fondées directement par des apôtres (pour l’Égypte, saint Marc l’évangéliste). Nous ne pouvons faire abstraction de ce point central. Nos Églises sont nées dans les générations suivantes grâce à la transmission de ces Églises apostoliques. Il y a à Paris et dans sa région des paroisses coptes, chaldéennes, gréco-catholiques, melkites, syriaques, etc. avec qui nous tissons et entretenons des liens de fraternité et de communion dans la même Église catholique.

Propos recueillis par Mathilde Rambaud

Les chrétiens d’Orient

Moyen-Orient