« Si je n’ai pas la charité » : chronique hebdo #20 de Mgr de Sinety

« Un dimanche au bord du canal, vers la porte de La Villette… Presque le début d’une chanson… Mais il n’y a pas de ginguette ni de terrasse où brillent des lampions, il n’y a pas non plus de musiciens et de tables fraternelles. Il y a juste des tentes... » Mgr Benoist de Sinety est vicaire général du diocèse de Paris.

Belle journée ensoleillée, le soleil qui commence à rappeler le printemps qui s’annonce enfin, à nos pieds l’eau qui s’écoule doucement. Un dimanche au bord du canal, vers la porte de La Villette… Presque le début d’une chanson… Mais il n’y a pas de ginguette ni de terrasse où brillent des lampions, il n’y a pas non plus de musiciens et de tables fraternelles. Il y a juste des tentes : des centaines de tentes, peut-être bientôt des milliers… Des tentes pour une ou pour deux personnes collées les unes aux autres, regroupées sous les arches des ponts qui enjambent le canal.

Et dans ces tentes, il y a des hommes, des femmes, des enfants. Oui vous avez bien entendu des hommes, des femmes, des enfants. Ils viennent de dizaines de pays différents. Des sommets des montagnes asiatiques ou des plaines africaines, du Nord ou du Sud ou de l’Est : ils sont là. Comme seul secours, celui que des associations leur apportent : chrétienne, musulmane ou laïque. Chaque jour des bénévoles se succèdent pour distribuer des repas, pour donner des cours de français à des dizaines d’étudiants studieux qui s’assoient en cercle devant le Paper Board quelques heures.
Le soleil brille à la Villette...

Mais nous le savons bien, nous parisiens râleurs et impatients, qu’au cours des derniers mois, le soleil a souvent manqué à l’appel et que les rigueurs d’un hiver infini nous ont pesé jour comme nuit. Sans doute, il y a trois mois, il y a trois semaines, ou même trois jours, était-il beaucoup plus difficile de vivre sous ces tentes, au bord de ce canal. Mais cela qui le sait, hormis les hommes, les femmes et les enfants qui se sont installés et qui attendent que quelque chose se passe dans leur vie ?

Mission 2015-2018

Chroniques “Si je n’ai pas la charité” de Mgr Benoît de Sinety