Un an de guerre en Ukraine, quelle espérance ?

Paris Notre-Dame du 16 février 2023

À l’occasion du premier anniversaire du début de la guerre en Ukraine, l’Œuvre d’Orient a organisé le 7 février une rencontre avec Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur de Kiev, la capitale. Malgré les souffrances de son peuple, le primat de l’Église gréco-catholique ukrainienne a rappelé la foi et l’espérance qui l’animent.

Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk, primat de l’Église gréco-catholique ukrainienne en prière.
© Église greco catholique

Une année de grande épreuve. » C’est par cette formulation sobre et douloureuse que Sa Béatitude Sviatoslav Shevchuk, archevêque majeur gréco-catholique de Kiev en Ukraine, a décrit aux journalistes, ce 7 février, la situation dramatique que connaît son pays depuis le 24 février 2022, date de l’envahissement d’une partie de l’Ukraine par la Russie. « Il y a un agresseur et un agressé, donc un peuple qui souffre », souligne Mgr Pascal Gollnisch, directeur de l’Œuvre d’Orient à l’origine de cette conférence de presse. Loin des problématiques géopolitiques, c’est en effet cette population ukrainienne épuisée qui est au centre des préoccupations. Les chiffres donnés par le prélat ukrainien sont éloquents : 7 millions de personnes ont été contraintes de quitter le pays. Et quand elles n’ont pu fuir, elles en ont parfois payé le prix fort : « Je me suis rendu dans des territoires libérés, relate, la voix grave, le primat de l’Église gréco-catholique ukrainienne, et j’ai été personnellement témoin de scènes apocalyptiques : des corps dans les rues, des fosses communes recelant les corps de jeunes les mains liées et portant des traces de balles dans la nuque. »

Coopération unique entre les religions

« Depuis le début de la guerre, poursuit Mgr Shevchuk, nous avons voulu soutenir notre clergé pour qu’il puisse rester auprès de son peuple. Tous, prêtres comme évêques, sont restés fidèles à leurs paroisses et lieux de mission quand bien même les Russes avaient envahi leurs territoires. Et nos églises – certaines cathédrales même ! – sont alors devenues des lieux d’aide humanitaire : on ne s’en rendait pas compte, mais grâce à sa hauteur sous plafond, une cathédrale peut contenir suffisamment de colis humanitaires pour nourrir quotidiennement deux à trois mille personnes ! » Même si l’armée russe a détruit une grande partie des infrastructures, « nous ne courons aujourd’hui plus de risque de voir nos compatriotes mourir de faim ou de froid grâce à l’aide internationale parvenue jusque dans les régions les plus reculées du pays », se réjouit le responsable religieux avant d’ajouter : « Nous savons que le Seigneur nous aidera à tenir. Nous avons la foi que Celui qui nous a donné cette force nous aidera de continuer à exister. »
Malgré les souffrances réelles, Mgr Shevchuk tient aussi à partager les fruits inattendus de ce tableau bien sombre de prime abord. « Il règne actuellement en Ukraine une grande unité entre toutes les religions, basée sur une réelle volonté de vouloir travailler ensemble pour la victoire, souligne-t-il. Nous coopérons ensemble pour nous sauver les uns les autres et nous entraider. Nous formons un même peuple et nous défendons ensemble notre patrie contre l’agresseur. Dans les fosses communes, on retrouve des victimes de toutes les religions et même des fidèles russophones du patriarcat orthodoxe de Moscou. Face à la souffrance et la mort, nous sommes tous égaux. » Et de conclure en rappelant : « “N’ayez pas peur”, nous dit le Seigneur. Il a déjà vaincu le mal. Cette phrase résume notre espérance. »

Mathilde Rambaud

Les chrétiens d’Orient

Ukraine