Pourquoi béatifier le cardinal Newman ?

Le Vénérable John Henry Cardinal Newman (1801-1890), théologien anglais converti de l’anglicanisme, sera béatifié par le pape Benoît XVI, lors de son prochain voyage en Grande-Bretagne, ce dimanche 19 septembre, près de Birmingham. Qui est-il ? Que nous enseigne-t-il ?

Bienheureux John Henry Newman

L’aîné de six enfants d’une famille anglicane peu pratiquante, il est très tôt envoyé en pension. En 1816, il y vit une première conversion et découvre l’importance capitale du cœur à cœur avec le Seigneur – « Moi-même et mon Créateur », les « deux êtres » dont, pour lui, l’évidence est « absolue et lumineuse ».

Pendant ses études à Oxford, où il devient professeur de théologie en 1822, il découvre peu à peu le visage de son église anglicane. Ordonné pasteur en 1825, il devient curé de la paroisse universitaire en 1828. Dans le même temps, il cherche à retrouver les racines catholiques et apostoliques de l’église anglicane… par delà la rupture intervenue sous Henry VIII, en 1533. Dans une église décadente, où l’on ne célèbre presque plus l’eucharistie, il travaille à son ressourcement dans le Mouvement d’Oxford lancé en 1833. Il s’appuie sur les Pères de l’Eglise, qui, dira-t-il, « ont fait de lui un Catholique ». L’étude de leurs écrits lui fera, en effet, prendre conscience que l’Eglise catholique du XIXème siècle, quelques soient ses faiblesses, est bien celle du Christ et des Apôtres – moyennant un développement de la foi où la nouveauté n’est que le déploiement de ce qui était déjà en germe dans le dépôt de la foi apostolique. Sa conversion est ainsi, pour lui, l’entrée dans une plénitude… plutôt qu’une rupture.

Devenu catholique en 1845, il sera ordonné prêtre en 1847 à Rome puis fondera l’Oratoire (de st Philippe Néri) à Birmingham en 1848. Son zèle missionnaire lui fera dire : « l’Eglise doit être préparée pour les convertis aussi bien que les convertis pour l’Eglise ». Autrement dit, sans faire de concession aux modes de l’époque, il est crucial de rendre accessible au plus grand nombre les trésors de la foi. Par ses fondations d’écoles, de collèges, et d’une université, il fera beaucoup pour former les laïcs et les mettre en situation de témoigner de leur foi et de dialoguer avec les incroyants et les chrétiens d’autres confessions. Il affirmera l’importance de la conscience. Pour lui, « la conscience est le premier de tous les vicaires du Christ » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 1778). Il dira que « la conscience a des droits parce qu’elle a des devoirs » (phrase que Jean-Paul II citera dans la Splendeur de la Vérité, § 34) - notamment le devoir de rechercher la Vérité ! En tout cela, il fut le génial précurseur de Vatican II, dont Jean Guitton disait qu’il fut le « penseur invisible ».

Léon XIII le fit Cardinal en 1879. Jean-Paul II l’a déclaré « Vénérable » (en 1991). Benoît XVI, qui fera bientôt de lui un bienheureux, considère qu’il fait partie des « grands maîtres de l’Eglise ». Sa devise, qui servira de fil conducteur à la visite du Saint Père, résume bien son cheminement : « Cor ad cor loquitur », « le cœur parle au cœur » - c’est-à-dire, le cœur de Dieu parle au cœur de l’homme, le cœur de Dieu au cœur de l’Eglise et, par elle, au cœur de toute homme de bonne volonté.

P. Jean Rencki,
responsable du secteur pastoral de Massy-Verrières

Voir aussi
Site officiel de la Visite du Pape en Grande-Bretagne