Tous frères

Paris Notre-Dame du 29 octobre 2020

L’équipe de pilotage a finalement tranché. Malgré les contraintes sanitaires et les difficultés d’organisation qu’elles entraînent, St-Jacques-du-Haut-Pas accueillera pour la 4e année l’opération Hiver solidaire en janvier prochain. Son curé, le P. François Delpit nous explique pourquoi.

P. François Delpit, curé de St-Jacques- du-Haut-Pas (5e).
© Agnès de Gélis

Paris Notre-Dame – Pourquoi avoir souhaité reconduire l’opération Hiver solidaire malgré les contraintes liées à la Covid-19 ?

P. François Delpit – Hiver solidaire, c’est un comité de pilotage de six à huit personnes et une centaine de bénévoles qui se relaient chaque jour durant la période hivernale, afin d’accueillir des personnes de la rue. Parmi ces bénévoles, certains ne viennent qu’une fois au cours de la campagne, certains ne viennent qu’une semaine et d’autres une fois tous les quinze jours. Cette mobilisation touche nos paroissiens mais aussi les « non paroissiens ». Et c’est cela qui est important. Nous ne demandons pas un acte de baptême ou un certificat de fréquentation de la messe pour participer. Nous demandons une disponibilité et l’envie de consacrer du temps à ces personnes. La première année, nous avons lancé un appel durant les messes, puis nos paroissiens sont partis tracter boulevard de Port-Royal, pour présenter l’initiative. Un certain nombre de personnes ne connaissant pas l’Église ou ne la fréquentant pas se sont laissés convaincre de prendre leur part dans cet accueil des personnes de la rue. L’opération Hiver solidaire offre le visage d’une Église ouverte sur le monde et ses périphéries, comme aime dire le pape François. Mais pour moi, c’est d’abord un signe de la charité du Christ, un signe de la présence de l’Église dans le monde et en particulier dans ce quartier de Paris.

P. N.-D. – Comment accueillir les gens de la rue et les bénévoles qui les entourent en garantissant le respect des gestes barrières ?

F. D. – Dans un premier temps, nous nous sommes dit que nous ne pourrions pas assurer l’opération cette année à cause de notre salle, mal adaptée car sans grande ouverture pour aérer. À cause aussi de l’âge de nos bénévoles et notamment de ceux qui préparent le dîner et y participent. Mais nous avons finalement décidé de lancer l’opération, en réduisant le nombre de personnes accueillies, peut-être trois personnes au lieu de cinq… Je ne mets aucune barrière d’âge pour les bénévoles, mais ce que je leur demande, c’est d’être vraiment bénévole. Je n’oblige personne à venir. C’est eux qui doivent exercer leur liberté en quelque sorte. Bien sûr, je leur demande aussi de respecter les gestes barrières… Et pour les personnes qui se savent fragiles, d’être très vigilantes.

P. N.-D. – Comme tous les curés, vous êtes confrontés à une difficulté majeure : conserver à votre paroisse sa capacité à accueillir l’autre. Et dans le même temps, vous sentez bien la peur légitime de vos paroissiens. Comment concilier les deux ?

F. D. – Je crois, même si nous ne sommes plus en période de confinement, qu’il est important que l’Église soit présente à Paris comme elle l’est aujourd’hui, dans l’épreuve que vit le monde. Tout en respectant les consignes données, que l’archevêque a rappelées dans une lettre adressée aux prêtres et aux diacres : communion dans la main, respect des distances, port du masque... Il me semble essentiel que les prêtres, mais aussi tous les chrétiens soient exemplaires. Le chrétien est à la fois dans le monde, sans être du monde. Mais quand il est dans le monde, pour le bien de tous, il doit respecter ces règles. J’encourage aussi les chrétiens, et les catholiques en particulier, à ne pas se défausser et à être présents dans la société d’aujourd’hui. Plus encore avec les événements récents [l’assassinat de Samuel Paty, NDLR]. Je crois que l’éducation des plus jeunes est un enjeu majeur. Dans ce domaine, le peuple de Dieu a un rôle important à jouer : partager à la fois une espérance tout en transmettant des valeurs aux jeunes, notamment celles liées à la fraternité, que le pape François vient de nous rappeler dans son encyclique Fratelli tutti, Tous frères.

Propos recueillis par Priscilia de Selve @Sarran39

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