« Apprendre des personnes que je rencontrerai »

Paris Notre-Dame du 1er juin 2023

Le 11 mai dernier, Mgr Thibault Verny, évêque auxiliaire de Paris, a été nommé archevêque de Chambéry et évêque de Tarentaise et Maurienne. Rencontre et action de grâce.

© Trung Hieu Do / Diocèse de Paris

Paris Notre-Dame – Près d’un mois après l’annonce de votre nomination, quel est votre état d’esprit ?

Mgr Thibault Verny – Je me sens profondément en paix. Je ressens cette même joie profonde qui ne m’a jamais quitté depuis mon appel au sacerdoce. J’ai appris ma nomination le Mercredi saint, juste avant la messe chrismale, un moment important de communion diocésaine durant lequel nous renouvelons nos promesses d’ordination ; cela m’a permis d’accueillir cette nouvelle étape personnelle et ecclésiale avec beaucoup d’émotion et d’en rendre grâce. Je suis très heureux d’arriver en Savoie, dans ces diocèses riches de beauté, d’histoire et d’identités fortes, pour cheminer non seulement avec son Église – à la suite des évêques qui m’ont précédé – mais aussi avec tout un territoire et ses habitants, une réalité qui prend là tout son sens puisque je serai installé trois fois : à Chambéry, à St-Jean-de-Maurienne et à Moûtiers.

P. N.-D. – Connaissez-vous déjà cet endroit ?

T. V. – Comme j’aime beaucoup la montagne, j’ai eu la joie de m’y rendre plusieurs fois, été comme hiver, dans le cadre de vacances… Mais je tiens absolument à arriver avec un regard neuf, sans idée préconçue, afin de pouvoir apprendre des personnes que je rencontrerai. C’est très important pour moi ! La mission de l’évêque, c’est de cheminer au milieu de son peuple ; comme le dit le pape François, le pasteur n’est pas seulement celui qui donne le cap, mais bien celui qui prend l’odeur des brebis en marchant avec elles, et celui, aussi, qui marche derrière pour prendre soin des plus fragiles.

P. N.-D. – Vous êtes particulièrement engagé à Paris, mais aussi pour la Conférence des évêques de France et pour le Saint-Siège, dans la lutte contre la pédophilie et la gestion des affaires d’abus. Vous qui êtes confronté à ce visage douloureux de l’Église, où se loge votre espérance ?

T. V. – Ces missions, je les ai reçues et vécues comme un service pour le bien de tous et donc comme un service pastoral. On est au service de la Bonne Nouvelle quand on rend compte de la vérité, quand on accompagne les personnes victimes, quand, à travers la prévention, on prend soin des plus jeunes qui nous sont confiés... Comme pasteur, je sais bien que j’ai été formé non seulement par les laïcs côtoyés dans mes différents ministères, mais aussi par les personnes victimes rencontrées. Regarder le Christ, s’efforcer d’adopter le regard du Seigneur, manifester à toute personne qu’elle est aimée du Seigneur, voilà ce qui nourrit mon espérance. Et chaque jour, je rends grâce pour le don du sacerdoce, qui me rend témoin de très belles choses, à commencer par l’oeuvre du Seigneur dans les coeurs. Ma devise épiscopale, « Si tu savais le don de Dieu », porte en elle cette promesse d’espérance.

P. N.-D. – Vous fêtez cette année vos vingt-cinq ans de sacerdoce, comme prêtre puis évêque auxiliaire à Paris. Comment vivez-vous ce départ ?

T. V. – Je tiens à associer les Parisiens à mon action de grâce pour tout ce que j’ai reçu durant ces années ; j’ai une pensée particulière pour les quatre archevêques que j’ai connus, ainsi que tous les vicaires généraux avec qui j’ai travaillé. Comme aumônier de lycée, j’ai découvert et apprécié travailler en équipe et avec des laïcs. À N.-D.-de-Lorette (9e), j’ai eu la joie, comme curé, de cheminer pendant onze belles années au cœur d’une communauté paroissiale – et plus largement d’un quartier –, d’en partager les joies et les peines… et réciproquement. Je n’oublie pas la délicatesse et l’accompagnement des paroissiens lors du décès de mes parents. C’est d’ailleurs à N.-D.-de-Lorette que je célèbrerai ma messe d’action de grâce le 18 juin, à 11h. Cette mission m’a aussi marqué pour la qualité de vie fraternelle entre prêtres. Tous les dimanches, nous déjeunions ensemble, non seulement pour vivre un moment convivial mais aussi pour qu’aucun de nous ne soit seul ; c’est l’occasion de rappeler que le dimanche midi est l’un des lieux de grande disparité entre prêtres, entre ceux souvent sollicités et ceux laissés pour compte. Vicaire général, puis évêque auxiliaire, j’ai été au service des communautés paroissiales et tout particulièrement des prêtres. Désormais évêque nommé des diocèses de Savoie, je songe à mes frères prêtres et diacres savoyards, premiers coopérateurs de l’évêque dans la mission, aux religieux et religieuses et à tous les laïcs engagés dans la mission que je me réjouis de connaître, d’aimer et d’accompagner. Propos recueillis par Charlotte Reynaud

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