Enfer, purgatoire, paradis : qu’en penser ?

Paris Notre-Dame du 24 octobre 2013

P. N.-D. - À quoi ressemble l’au-delà, selon la Bible et la tradition de l’Église catholique ?

Sœur Christiane Hourticq, religieuse auxiliatrice du purgatoire.
© Céline Marcon

Sr Christiane Hourticq – La Bible ne nous donne pas réellement de détails. Les passages qui parlent de l’au-delà sont contradictoires. Tantôt ils évoquent les « ténèbres extérieures » et tantôt ils affirment que « Dieu veut le salut de tous ». C’est que la Parole de Dieu n’a pas pour but de satisfaire notre curiosité. En utilisant des expressions radicales, elle nous place devant des choix décisifs et nous appelle à la conversion. Ce que je crois, c’est que le passage par la mort biologique conduit à rencontrer Dieu plus directement que sur terre. À qui est véritablement ajusté à Lui, Dieu fait partager sa propre vie : c’est le ciel. Concernant ceux qui ne sont pas prêts à entrer pleinement dans la relation d’amour avec Dieu, l’Église enseigne qu’après leur mort, le pardon de Dieu peut encore faire son œuvre en eux. Cette purification qu’évoque le mot purgatoire est à la fois source de souffrance, parce qu’on découvre qu’on est loin de Dieu, et source de joie, parce qu’on est travaillé par son amour. Quant à l’enfer, notre société a tendance à en occulter la réalité, comme elle occulte celle de la mort. C’est méconnaître la gravité des enjeux. Il y a dès ici-bas quelque chose d’infernal dans tout refus d’amour. Le spectacle de notre monde montre suffisamment à quels enfers bien réels on aboutit. Spontanément, nous considérons l’enfer comme ce qui nous menace. En réalité, Jésus Christ a sauvé l’humanité de l’enfer en portant l’amour de Dieu jusqu’au point extrême où le mal semble le plus fort. La croix atteste en même temps la réalité de l’enfer et la victoire sur l’enfer. Néanmoins, pour chaque être humain, l’enfer reste une possibilité réelle, parce que Dieu ne s’impose pas : son amour est à accueillir librement et l’homme peut se fermer au bonheur qui lui est proposé.

P. N.-D. - Comment a évolué l’Église sur la question de la vie après la mort ?

Sr C.H.– Pendant longtemps l’Église, à la suite de la Bible, a surtout parlé du jugement dernier, qui concerne l’ensemble de l’humanité. Dans le Credo, nous confessons que le Christ reviendra juger les vivants et les morts. Ce jugement sera une œuvre de salut, une nouvelle création : le Christ fera triompher la vérité et la justice en les séparant des ténèbres de notre histoire. À partir du XIIe siècle, la croissance de l’individualisme a amené l’Église à développer le thème du jugement particulier, qui place l’individu seul face à Dieu. Mais, même si Dieu entretient avec chacun de nous une relation unique, nous n’allons jamais à Dieu sans les autres.

P. N.-D. - Comment peut-on accéder au paradis ?

Sr C. H. – Le paradis c’est l’union à Dieu. Dans l’Évangile de saint Matthieu, au chapitre 25, l’évocation du jugement dernier nous donne de précieuses indications sur le chemin qui conduit vers Dieu. D’abord nous apprenons que tout ce que nous faisons sur terre, notamment dans la rencontre avec les autres, est lourd d’un poids d’éternité. Nous découvrons aussi que nous devons être particulièrement attentifs aux plus pauvres, auxquels le Christ s’identifie. Dans ce chemin vers l’union à Dieu, nous ne sommes pas seuls. C’est pourquoi nous devons nous entraider et tous, vivants et morts, prier les uns pour les autres, les uns avec les autres. Car l’union à Dieu est un don à demander et à accueillir. • Propos recueillis par Céline Marcon

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