St-Eustache accueille la reine Élisabeth II

Paris Notre-Dame du 15 avril 2004

En voyage officiel en France, du 5 au 7 avril [2004], la reine Élisabeth II s’est arrêtée quelques minutes à St-Eustache, pour écouter les orgues exceptionnelles de l’église. Reportage-photos Jacques Le Goff.

© Jacques Le Goff

Mardi 6 avril, 11h55. « Ma montre retarde ou il n’y a plus de protocole ? » Plus royaliste que la Reine, ce Parisien ! En tout cas, impatient de voir Élisabeth II, attendue pour écouter les orgues de St-Eustache, dans le cadre de son voyage officiel en France, du 5 au 7 avril. Massés derrière des barrières métalliques, sur le Forum des Halles, des centaines de badauds, tenus à distance par un nombre presque égal d’uniformes, guettent l’arrivée de la Souveraine. À l’intérieur de l’église, quelques privilégiés – élèves de la classe d’orgue du Conservatoire National de Région (CNR) sur leur trente-et-un, prêtres en aube, “invités”, et journalistes en tenue... plus que décontractée – écoutent religieusement les consignes des responsables du protocole. « La première fois que vous vous adressez à la Reine, dites : “Votre Majesté”. La seconde fois, dites simplement : “Madame”. Bon à savoir, au cas où l’un ou l’autre aurait le privilège d’une salutation royale...

Les invités auront peu l’occasion de s’essayer au protocole ; la Reine ne restera guère plus de dix minutes dans l’église. Il est déjà près de midi lorsque les roulements des motos de la sécurité annoncent l’arrivée de la Bentley du couple royal. Roulements suivis, aux orgues, du Trumpet Tune de Purcell, interprété par Jean Guillou, organiste titulaire depuis plus de 40 ans que la Reine vient écouter. En tailleur et chapeau bleu ciel, la Reine, accompagnée du Prince Philip, son époux, est d’abord accueillie par le cardinal Lustiger, puis par Mgr Patrick Chauvet, vicaire général, Mgr Antoine de Vial, directeur du Service Pastoral d’Études Politiques (SPEP), et Mgr François Fleischmann, chancelier. C’est ensuite au tour des élèves du Conservatoire et des “invités” de saluer, rapidement, la souveraine. Last but not least, Élisabeth II se voit présenter Jean Guillou. Dans les quelques minutes qui lui sont imparties, celui-ci lui décrit l’instrument, puis évoque ces Britanniques qui se sont intéressés à St-Eustache : les organistes Dame Gillian Weir, Jane Parker-Smith, Nicolas Kynaston, le facteur d’orgue Henry Willis, qui avait fait don d’un jeu d’orgue à St-Eustache dans les années 1920 ; mais aussi le sculpteur, Raymond Mason, dont l’une des œuvres se trouve à St-Eustache. Enfin, le Maître s’installe à l’instrument, pour une courte improvisation montrant l’éventail sonore de l’instrument.

12h10. Escorté d’un long cortège de personnalités ainsi que par le P. Luc Forestier, curé, le couple royal quitte St-Eustache, et laisse la place aux élèves du Conservatoire, pour une leçon non moins royale, avec Jean Guillou. • Bénédicte Hériard

Côté orgue et côté chœur

Des orgues depuis 1559

Connaissez-vous la forêt des tuyaux de St-Eustache ? Le mot n’est pas de trop, car ils sont 8 000 tuyaux, de 1 cm à 10 m de haut, pour la plupart dérobés à la vue. L’air qui passe dans cette forêt métallique compose une palette sonore incomparable, et fait de cet instrument l’un des plus exceptionnels de France. Entièrement restauré en 1989, l’orgue permet d’aborder les répertoires de toutes les époques. « Grâce à cette restauration, les orgues bénéficient de toutes les nouveautés techniques et sonores du 20e siècle », explique leur maître Jean Guillou, organiste titulaire depuis 40 ans. L’instrument est d’ailleurs unique en France, pour sa console située dans la nef, et qui permet au musicien de jouer sans monter à la tribune, grâce à une transmission électronique. « Pour la première fois, l’organiste entend ce qu’il joue, poursuit Jean Guillou. La console de la nef lui permet également de jouer avec un orchestre autour de lui. » Et permet notamment aux auditeurs de voir celui qui actionne cet instrument si mystérieux au service de la liturgie. • C.F.

Les voix de St-Eustache

La première communion de Louis XIV, le mariage de Lulli, le baptême de Molière : ces solennités, célébrées à St-Eustache, ont dû s’accompagner de musique sacrée. Car la tradition et le rayonnement musical de l’église sont immenses depuis sa construction au XVIe siècle. Ce riche passé est perpétué par les Chanteurs de St-Eustache. Depuis 1944, ce chœur de 60 amateurs s’est spécialisé dans l’interprétation des pièces sacrées du répertoire ancien. « Nous puisons dans ce patrimoine musical et spirituel de St-Eustache pour nous mettre au service de la liturgie, explique Lionel Cloarec, chef de chœur. La messe dominicale de 11h que nous chantons n’est pas un concert. L’assemblée y a également sa place. » Le chœur offre également ses talents et son plaisir musical aux actions de solidarité de St Eustache : concerts en faveur des malades du Sida, de la soupe St-Eustache... • C.F.

Article de Paris Notre-Dame – 15 avril 2004

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