Des lieux chrétiens d’éducation en milieu populaire

Paris Notre-Dame du 23 avril 2015

À l’approche du colloque « Évangélisation en quartier populaire », Paris Notre-Dame s’est intéressé au monde populaire, pour le troisième épisode de sa série sur l’éducation. Comment aider les enfants à ne pas simplement recevoir mais aussi à donner ? Reportage dans le patronage de Ste-Claire (19e).

Le patronage de Ste-Claire (19e) représente à la fois un lieu de détente et d’éducation pour les enfants.
© Céline Marcon

Au pied de la grande croix d’une église résonnent les claquements cadencés des cordes à sauter, les rebondissements d’un ballon de basket et des rires. Dans la chaleur de ce mercredi après-midi, Chloé, Rophanda, Abel, Noémie et les autres enfants du patronage de Ste-Claire (19e)* se dégourdissent les jambes lors d’un temps libre. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils aiment dans ce lieu, ils mentionnent « les copains », « les jeux », « la prière » et aussi « les animateurs qui sont gentils ». Les adultes qui les encadrent, comme Julien et Tiphaine, ne sont pas de simples surveillants. Dans la cour, ils participent aux jeux. Une manière de créer des liens de confiance et d’asseoir aussi leur autorité. Durant les activités, les animateurs veillent au respect « des règles de vie en communauté, par exemple apprendre à partager et à ne pas critiquer les autres », comme l’explique Tiphaine, 19 ans, qui apporte son aide à l’animation en échange d’un logement dans un appartement paroissial. Le patronage accueille du lundi au samedi une vingtaine de jeunes âgés de 6 à 12 ans. Un nombre restreint qui favorise l’ambiance familiale. « Nous devons nous occuper de moins d’enfants que dans les écoles. Cela nous permet d’être plus à l’écoute de chacun d’entre d’eux », se réjouit Julien, 20 ans, actuellement en stage de formation BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur).

Éduquer par la douceur

Ouvert depuis trois ans, ce patronage propose des activités diverses comme l’aide aux devoirs, des ateliers (cuisine, jardinage ou bricolage), des jeux à thème (sur la mythologie grecque, les saints chrétiens, etc.) et des temps de prière (pour remercier Jésus et lui demander pardon). « Notre objectif est d’aider les enfants à devenir des adultes épanouis et capables de porter des responsabilités, explique la directrice de l’équipe, Cécile Trivalle. Dans notre quartier, notre soutien éducatif est d’autant plus important qu’ils vivent dans des contextes difficiles à la fois au niveau familial, scolaire et social. » Avec l’aide de l’aumônier, le P. Gilles de Raucourt, curé de Ste-Claire, la directrice développe une pédagogie inspirée du prêtre italien Don Bosco (1815-1888) : « Il cherchait à éduquer par la douceur. Il aimait les jeunes pour ce qu’ils étaient réellement, avec leurs qualités et leurs défauts, et faisait grandir leur estime de soi. » Cécile essaie aussi de créer des relations avec les parents, premiers éducateurs de leurs enfants.

Responsabiliser

Comment responsabiliser une personne dès son plus jeune âge ? Dans ce patronage, cela passe par l’engagement à tenir une résolution concrète sur une journée : le mercredi, les animateurs choisissent une valeur à suivre pour les enfants, comme la générosité ou la politesse, en l’illustrant avec une histoire, souvent tirée de la Bible, de la vie d’un saint ou d’un dessin animé. La responsabilisation s’enseigne aussi à travers le service. Ainsi, à l’occasion des repas, chaque enfant doit assumer une mission, comme mettre la table ou faire la vaisselle. « Il est important de leur apprendre à bien faire les choses, par exemple à positionner correctement une fourchette », précise Cécile. Ce sont les plus âgés du groupe qui sont désignés chefs d’un service, par exemple de la vaisselle : ils sont chargés de rassembler leur équipe et de répartir les différentes tâches. Toutes ces actions éducatives sont simples mais efficaces. Elles peuvent amener progressivement à franchir le pas de l’engagement citoyen. Deux anciens du patronage passent régulièrement donner un coup de main le samedi après-midi. Aujourd’hui lycéens, ils reviennent avec plaisir dans ce lieu parce qu’il leur rappelle « de bons souvenirs ». Ces exemples motivent grandement Cécile : « Nous encourageons les enfants à devenir animateurs lorsqu’ils grandissent. Ils doivent apprendre à donner ce qu’ils ont reçu. » • Céline Marcon

Un colloque sur le monde populaire

« 8 - 30 ans en quartier populaire, une traversée accompagnée par l’Église. » Voilà le thème de la troisième édition du colloque « Évangélisation en quartier populaire » qui aura lieu le samedi 30 mai, de 14h à 19h30, au Collège des Bernardins (5e). Cet événement, organisé tous les deux ans à l’initiative de l’ensemble des évêques d’Île-de-France réunit des acteurs catholiques de la région parisienne engagés dans les quartiers populaires : un milieu où la mission chrétienne connaît des enjeux spécifiques. Après une intervention de François Le Clère, directeur du Valdocco à Argenteuil (Val d’Oise), l’après-midi se poursuivra par des tables rondes sur cinq problématiques : « Catéchèse et transmission », « Jeunes chrétiens confrontés à l’islam », « Interculturalisme », « Accompagner vers l’engagement social » et « L’Église qui construit des personnes ». La journée se terminera par des interventions de Mgr Renauld de Dinechin, évêque auxiliaire de Paris, Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry et Mgr Michel Santier, évêque de Créteil. Ce colloque est ouvert à toutes les personnes intéressées par ce sujet, en particulier à celles qui sont engagées dans une mission en quartier populaire.

20 rue de Poissy (5e). Entrée gratuite.
Plus d’infos et inscriptions :
mondepopulaire2015@gmail.com
http://quartierpopulaire.idf.catholique.fr

Le point de vue de...

Laurent Ruyssen, diacre à N.-D. de la Croix (20e) et animateur de la table ronde « Accompagner vers l’engagement social », lors du colloque « Évangélisation en quartier populaire ».

« L’engagement social, ou autrement dit citoyen, est un véritable enjeu pour notre société. Ne pourrait- on pas construire un monde meilleur si chaque homme se mettait au service de la collectivité ? L’engagement social requiert avant tout le don de soi, c’est-à-dire la capacité à s’investir dans des projets qui n’ont pas pour seul objectif son propre intérêt personnel. À la suite du Christ, l’Église catholique peut jouer un rôle pour la transmettre, en particulier dans le cadre de ses activités proposées aux jeunes. On peut le faire dès le plus jeune âge. Si une personne goûte dès l’enfance au don de soi, elle aura plus de chances en tant qu’adulte de basculer de la réception à l’engagement. Un des points clés est d’apprendre à responsabiliser les enfants, de leur faire prendre conscience qu’ils peuvent tirer de la joie d’être au service d’un groupe pour une mission donnée, par exemple en prenant en main la conduite d’un jeu au profit de leurs camarades. Autre élément important : le passage au stade de l’engagement nécessite au préalable pour un jeune de se construire en tant que personne, de gagner de la confiance en soi et de comprendre la société dans laquelle il vit. Les jeunes dans les quartiers populaires disposent malheureusement de moins de moyens pour réussir dans ces trois dimensions que dans d’autres milieux. L’Église doit d’abord aider sur ce plan-là les familles. »

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