Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe pour les responsables politiques en la Basilique Sainte-Clotilde

– Année A
Présentation de la Vierge Marie

- Pr 8, 22-31 ; Ps 44 ; Lc 19, 1-10

C’est une joie toute particulière ce soir de célébrer en l’honneur de la Vierge Marie. Ce n’est peut-être pas tout à fait attendu en ce rendez-vous annuel où il est plus souvent question de la responsabilité politique qui est la vôtre. Mais je trouve que c’est une bonne occasion qui nous est donnée de nous reposer dans le cœur de la Vierge Marie, ce soir, au milieu de l’actualité internationale troublante, bien sûr, et douloureuse et difficile, avec quelque espoir de voir la fin de la douleur des familles des otages, peut-être cette fin - ou en tout cas partiellement, une attente, une ouverture - et nous nous en réjouissons.

Mais la situation reste, comme chacun sait, tendue aussi bien en Israël, Palestine qu’en Ukraine, au Caucase, en Afrique, dans un certain nombre d’endroits au Sahel. Et nous avons des inquiétudes qui ne nous quittent pas et qui font la matière de notre prière. Souvent, et tout particulièrement ces jours-ci, je pense à l’activité législative qui est la vôtre, qui est prenante, qui suscite ici ou là des inquiétudes, qui suscite des attentes, au milieu de toutes sortes d’activités qui sont les nôtres et d’une population qui attend d’être certainement encouragée, rassurée et qui se demande toujours avec force quel avenir l’attend. Car nous ne pouvons pas passer à côté de cette inquiétude profonde d’un peuple, des peuples et des sociétés, que nous percevons fortement.

Et voilà que nous est donné, ce soir, d’entendre parler de la Vierge Marie et de nous reposer sur elle. Nous l’avons entendu dans le livre des Proverbes, dans un texte qui est plus souvent appliqué à la Sagesse de Dieu, au Verbe de Dieu, le Verbe qui a créé le monde, ou à l’Esprit Saint. Ce texte a été choisi dans les liturgies qui concernent la Vierge Marie comme celui qui permet de comprendre comment elle était désignée par le Seigneur Lui-même de toute éternité pour être celle par qui l’humanité de l’homme serait sauvée puisqu’elle accepterait d’être la joie de Dieu, celle qui engendrerait Dieu au milieu des hommes.

Nous sommes à un mois de Noël, à un mois de la célébration de la Nativité du Seigneur, et nous entendons parler de cette façon de la Vierge Marie comme celle qui s’engage auprès de Dieu. La présentation de la Vierge Marie au Temple signifie cela. Dans le début de son âge conscient, de son âge presque adulte, elle décide – et c’est la tradition de la faire monter au Temple pour manifester cette décision qui est dans son cœur - d’avoir une vie tout entière tournée vers le Seigneur. Mais non pas comme une personne retirée du monde, non pas comme une personne qui se met à l’écart du monde, mais une personne qui se met au service du Seigneur dans l’humanité la plus commune. Elle deviendra mère, elle deviendra porteuse du Seigneur Lui-même, porteuse de son fils, le Fils de Dieu.

Elle décide donc d’être au service de Dieu tout en étant au service des hommes. Voilà qui est extrêmement beau et important pour nous. Voilà qui est même magnifique et qui est une occasion d’action de grâce, au milieu de la vie que nous menons, de nous savoir épaulés par elle, soutenus par son engagement, un engagement tout entier tourné vers Dieu et tout entier tourné vers nous. C’est ce que nous retenons de la Présentation de la Vierge. Elle peut accueillir le fils que Dieu lui donne parce qu’elle a choisi d’être au service de ce que Dieu veut. Et c’est pour nous, je crois, une belle attente, une belle consolation. On la reconnaît, en cette fête de la Présentation, comme la mère de ceux qui s’engagent, comme la Mère de ceux qui décident de mettre leur vie au service des autres et au service de Dieu. Et voilà pourquoi cela peut résonner dans votre cœur, aujourd’hui, comme un signe profond. Se confier à elle, c’est trouver, grâce à elle, le chemin qui mène à Dieu à travers le service des autres.

Traditionnellement, en ce jour où l’on fait mémoire de la présentation de la Vierge Marie au Temple, les personnes consacrées à Dieu, tous ceux qui vivent un engagement, peuvent se confier à elle. Ce sont évidemment les prêtres qui, en ce jour, se savent tout à fait concernés par cette fête, ce sont les consacrés, mais je crois que ce sont tous ceux qui veulent que leur vie soit au service des hommes en même temps qu’au service de Dieu. Et c’est cela que je voulais vous laisser ce soir comme un message, un message de confiance : le Seigneur est capable de nous envoyer cette femme comme un signe de l’amour qu’il nous porte. Mais aussi un signe de ce que nous faisons en nous engageant à son service et au service de nos frères et sœurs, sans cesse portés par la Vierge Marie, puisqu’elle sait très bien ce que c’est que de se tourner vers Dieu et de se tourner vers les hommes, ses frères et sœurs ou plus exactement les frères et sœurs de son Fils Jésus-Christ.

En ce moment traversé par des difficultés que nous connaissons dans la vie humaine ; songeant à des inquiétudes que nous avons, des problèmes qui sont à résoudre, des décisions qui sont à prendre pour la vie en société, nous savons avant tout combien la prière pour la paix et la concorde à l’intérieur des nations comme entre elles, a besoin d’être confiée au Seigneur. Nous savons que nous pouvons nous reposer en elle et lui confier par elle nos soucis et nos peines, nos désirs et nos recherches les plus profondes. Chacun de nous essaie d’être au service de ce que les hommes et les femmes de notre temps désirent et attendent. Et chacun sait aussi qu’il peut se confier à la Vierge Marie. Il vous arrive, avec d’autres élus, d’aller en pèlerinage à Lourdes, pour porter auprès de la Vierge Marie ces attentions que vous avez tout au long de vos journées et dans l’exercice de vos responsabilités. Il n’est pas à côté de votre vie, de la nôtre, d’insister pour que la Vierge Marie soit pour nous la paix, le calme, le sourire de Dieu et la bonté qu’il nous offre en ce jour. La douceur de la Vierge Marie accueille toutes les prières avec bonté et les conduit au Seigneur. Et les transforme en œuvre salutaire. Que le Seigneur, à travers la Vierge Marie, nous guide aujourd’hui et nous permette de croire que nous avons raison de lui faire confiance, que nous avons raison de faire confiance à la Vierge Marie lorsque nous l’implorons jour après jour pour conduire notre vie de la meilleure façon qui soit et pour le meilleur service de nos frères et sœurs.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris