Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Vigile Pascale à Saint-Germain l’Auxerrois

Samedi 30 mars 2024 - Saint-Germain l’Auxerrois (1er)

« Quelle est la source de notre joie ? »

– Messe de la Résurrection – Année B
Deux adultes, paroissiennes de Saint-Philippe du Roule (8e), reçoivent les sacrements de l’initiation chrétienne.

- Gn 1,1-2,2 ; Gn 22,1 – 13,15-18 ; Ex 14,15 – 15,1a ; Is 54,5-14 ; Is 55,1-11 ; Ba 3,9 – 15.32 – 4,4 ; Ez 36,16-28 ; Rm 6,3b-11 ; Ps 117 ; Mc 16,1-8

Quelle est la source de notre joie ce soir, en cette nuit de Pâques ? C’est la joie accumulée de toutes les générations de croyants dont nous venons d’entendre parler à travers ces lectures. La joie des croyants de la première Alliance, l’Ancien Testament, nous avons eu sept lectures consécutives qui nous l’ont dite. La joie d’abord de recevoir la vie de Dieu, Dieu qui donne sans cesse la vie, et qui le fait de bon cœur. C’est le récit du premier chapitre de la Genèse que nous avons entendu tout au début : Dieu ne cesse de donner la vie et c’est pour nous une source de joie et de reconnaissance immense. La joie de savoir aussi que cette vie doit être protégée, c’était la deuxième lecture : il ne s’agit pas d’offrir à Dieu des sacrifices humains, il faut faire vivre au contraire.

La joie de savoir aussi que Dieu protège l’homme de tout esclavage, de toute forme d’esclavage dans lequel nous pouvons être tenus, dans lequel les hommes ont été, et sont encore, tenus. Mais parfois aussi des esclavages qui viennent de nous-mêmes, dans lesquels nous nous enfermons. Dieu vient cependant à notre secours, toujours, et c’est la source de notre joie, pour que nous sortions de ces esclavages, pour que nous ne restions pas tenus de quelque façon que ce soit, par quelque chose qui puisse nous empêcher d’être joyeux à cause de lui.

La joie aussi de savoir qu’il est sans cesse présent et qu’il fait sans cesse avec nous alliance, qu’il vient nous chercher. Nous l’avons aussi entendu dans les deux textes d’Isaïe. Il vient toujours cultiver en nous la bonne terre, lui permettre de donner du fruit. Il est sans cesse attentif à nous donner cela par une alliance permanente de son amour avec les humains que nous sommes, avec les croyants que nous sommes, et il veut sans cesse que nous portions du fruit.

Il ne cesse aussi de nous donner sa sagesse, c’était dans le Livre de Baruc : si tu vivais dans la sagesse, si tu gardais la sagesse de ma parole, alors tu vivrais pour toujours dans la paix. Voilà ce qu’il nous donne dans cette alliance qu’il manifeste en permanence par l’eau qui nous fait souvenir du baptême, par l’eau qui préfigure le baptême de Jésus au Jourdain et notre propre baptême.

Alors cette terre qu’il nous faut protéger, cette vie qu’il faut entretenir, cette alliance avec Dieu qui mérite d’être tenue en grand respect, cette eau du baptême qui nous fait grandir en son amour et nous renouvelle en permanence, c’est cela que les croyants de la première Alliance ont expérimenté et rapporté sans cesse, invitant le peuple à être toujours conscient de cela. Et nous, qui sommes les croyants de la seconde, de la nouvelle Alliance faite par le Seigneur avec nous, nous savons que la raison profonde de notre joie c’est le Christ lui-même. Le Christ dont nous avons rapporté le récit de la résurrection, mais dont nous avons aussi entendu dans la lecture de saint Paul qu’il est celui qui est fidèle. Celui qui est fidèle depuis le début de sa venue sur la terre jusqu’à sa mort, qui nous entraine avec lui dans la vie ressuscitée. Le Christ fidèle rassemble toutes ces choses que j’ai dites d’abord, et qui étaient dans la première Alliance : il est comme le résumé de tout cela, comme la synthèse la plus parfaite qui nous est offerte. C’est la raison la plus profonde de notre joie.

En ce soir, cette raison, qui est donc la plus profonde de notre joie, trouve une application concrète dans les deux catéchumènes qui sont au milieu de nous, qui vont être baptisées dans quelques instants, qui le désirent depuis longtemps, qui ont fait ce chemin avec le Christ. Et nous sommes extrêmement joyeux parce que, comme 7000 autres personnes en France en cette nuit de Pâques, comme 5000 adolescents dans les jours qui vont venir, elles ont entendu - au milieu des agitations du monde, au milieu des événements parfois difficiles de leur vie aussi - la musique toute discrète de Dieu, qui leur a parlé au milieu de contrariétés diverses de l’existence, au milieu de tant de bruit qui pourrait cacher sa voix. Tous ces catéchumènes l’ont entendu non pas d’une façon violente, mais d’une façon qui s’est imposée à eux, comme le signe d’une lumière dans les obscurités du monde et de la vie. Ce n’est pas par hasard que c’est au milieu de la nuit que nous évoquons la lumière ; ce n’est pas par hasard que c’est dans la nuit que nous célébrons la Résurrection et la vie du Seigneur Jésus, que nous célébrons la puissance discrète de Dieu, qui, de siècle en siècle, se manifeste, se montre, se rend disponible, fait sans cesse alliance, n’hésite pas à dire et à donner sa Parole : parole de vie et de sagesse.

Ce qui nous réjouit, ce soir, c’est le Christ. Ce qui nous réjouit, ce soir, c’est la force qu’il met dans le cœur de tant d’hommes et de femmes, depuis toujours, chaque jour et pour l’avenir. De cela nous ne doutons pas. Les catéchumènes qui s’avancent et qui demandent le baptême, la confirmation et l’eucharistie n’en doutent pas.

Nous sommes tout renouvelés par cette annonce de la Résurrection du Seigneur. Nous sommes tout renouvelés par la présence des catéchumènes qui transforment la vie de notre Église et donnent espérance pour aujourd’hui et pour demain.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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