Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe de Pentecôte à St Germain l’Auxerrois

Saint-Germain l’Auxerrois (1er) - Dimanche 23 mai 2021

– Pentecôte – Année B

- Ac 2,1-114 ; Ps 103,1.24.29-31.34 ; Ga 5,16-25 ; Jn 15,16-25 et 16,12-15

Je suis saisi en lisant cet épisode magnifique de la Pentecôte où les apôtres, jusque-là paralysés par la peur, sortent du Cénacle et proclament en toutes langues la Bonne Nouvelle de Jésus et de sa Résurrection. Du coup, je me dis pourquoi, moi qui ai reçu l’Esprit Saint au baptême et à la confirmation, j’ai autant de difficulté pour me faire comprendre à Rome où je dois aller si souvent ?

En réfléchissant à cela, je me suis mis à comparer ce qui s’est passé à la tour de Babel où Dieu a mélangé une langue unique avec laquelle tous se comprenaient et ce qui nous est dit aujourd’hui de la Pentecôte où la parole de Galiléens obscurs est accessible à tous.

Babel est le symbole de la pensée unique et de tous les totalitarismes qui ont jalonné l’histoire de l’humanité. Ceux-là veulent imposer l’uniformité contraignante d’une vérité créée artificiellement par l’homme. Babel, c’est l’unité contre Dieu, la prétention d’atteindre le Ciel par soi-même, l’éternel péché originel de ceux qui veulent se faire comme Dieu. Or, l’unité contre Dieu aboutit nécessairement à l’uniformité du « tous pareils » ou à la tentation généralisée de faire comme si nous étions tous pareils.

En revanche, la parole de la Pentecôte est accessible à tous : Parthes, Mèdes, Elamites, Mésopotamiens, bref à toutes les langues et les cultures possibles.

Cette parole est entendue par chacun dans sa propre langue, dans sa propre compréhension. Ce n’est pas la pensée unique, c’est une bonne nouvelle qui s’adresse à toutes les cultures, respecte les particularités et la langue de chaque personne.

Quel est donc ce langage ? C’est celui de l’amour !

Le Saint Esprit, l’amour de Dieu devient accessible à tous ceux qui l’accueillent.

Il n’est pas étonnant que la Bible et l’Évangile soient aujourd’hui traduits dans toutes les langues et dialectes existants sur la terre. Car ce ne sont pas d’abord des mots humains qu’ils signifient, c’est l’amour de Dieu qui s’adresse à tous. L’amour n’a pas besoin de mots. Il se lit sur un visage, il se comprend par les gestes bienveillants, il touche les cœurs les plus endurcis, c’est un langage universel.

La Pentecôte, c’est l’amour de Dieu qui ne peut que se donner. C’est exactement ce que nous explique saint Paul quand il compare la chair et l’esprit. Dans sa pensée, la chair, c’est la concupiscence qui ramène à soi, c’est le désir égocentrique. L’Esprit, c’est l’amour qui se donne.

Comment discerner pour savoir si nous avons bien ce langage de l’amour qui vient de Dieu ?

Il suffit de regarder les fruits dont l’apôtre nous parle : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi » (Ga 5,22-23).

Chers frères et sœurs, ce sont ces fruits qui nous permettent de savoir si nous sommes vraiment dans l’Esprit de la Pentecôte.

+Michel Aupetit, archevêque de Paris.

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